mardi 4 novembre 2008

*EXCLUSIF* Elections US : le résultat en avant-première



Comme je suis un gars sympa, et que je sais que ce sujet vous passionne, je suis d'accord pour vous livrer en avant-première les résultats de l'élection présidentielle aux Etats-Unis.




Conformément à la prophétie médiatique, c'est Mr Barohn McObamacain qui est triomphalement élu avec près de 95% des suffrages exprimés.





Mr Barohn McObamacain, 44ème Président des Etats-Unis d'Amérique
(image tirée de la couverture de l’hebdomadaire politique russe Профиль)






La douzaine d'autres candidats totalisent un score cumulé d'environ 5% des suffrages exprimés. Etant donné le tapage médiatique au bénéfice exclusif de Barohn McObamacain, il est peu probable qu'une telle proportion des électeurs aient eu connaissance de l'existence des autres candidats avant de pénétrer dans l'isoloir. L'hypothèse la plus crédible est donc qu'une part importante des marginaux qui n'ont pas voté McObamacain se sont mélangés les pinceaux au dernier moment et ont involontairement voté pour un inconnu.





La grande force de McObamacain est d'avoir parfaitement su faire la synthèse des programmes de John McCain et de Barack Obama. Il faut bien dire qu'au delà des désaccords de façade (par exemple l'un préconise de maintenir les troupes en Irak ad vitam eternam, tandis que l'autre propose de les retirer à la Saint Glinglin), cette synthèse était particulièrement simple à réaliser tant les positions des deux candidats étaient similaires sur tous les sujets importants (modèle social, modèle économique, politique énergétique, politique internationale, etc...) (cf billet précédent).



Saluons au passage la clairvoyance des joyeux lurons de TheOnion qui avaient parfaitement prédit, il y a de cela plusieurs mois, que l'élément déterminant de cette élection serait : la connerie ("bullshit") (voir la vidéo)







Alors pour celles et ceux qui commencent un peu à se lasser de lire les bisounours-eries habituelles au sujet de cette "élection présidentielle historique dans la plus grande démocratie du monde", et qui souhaitent avoir un autre point de vue, l'article suivant est très intéressant. C'est un poil plus cynique, mais sans doute un brin plus réaliste aussi :




Un bon show ne fait pas une démocratie

Les médias des États membres de l’OTAN accordent une très large couverture de l’élection présidentielle US. Ce faisant, ils transmettent un double message : l’avenir des peuples alliés se joue à Washington, et les États-Unis sont un modèle démocratique. Or, il est admis que l’élection présidentielle US est faussée par l’argent. L’édition 2008 a déjà coûté plus 1,5 milliards de dollars. Cependant cette critique est superficielle en ce qu’elle laisse croire que les moyens financiers font le vainqueur, alors que c’est peut-être l’inverse : l’argent va au vainqueur préalablement désigné. En réalité, remarque Thierry Meyssan, la classe dirigeante US manipule chaque étape du processus électoral, des primaires aux conventions, des listes électorales aux machines à voter. Aux États-Unis, la démocratie est une pure fiction.

[...]

Si ce show régénère la société tous les quatre ans, il sert aussi à nettoyer l’image des États-Unis dans le monde. L’opinion publique internationale est invitée à suivre un spectacle qui fasse oublier les crimes précédents et lui redonne espoir. Cette année le casting est particulièrement réussi : un sémillant jeune noir assisté d’un vieux briscard de la politique contre un ancien combattant épaulé par une femme sans complexes. Déjà, la presse mondiale titre sur l’après-Bush comme si les guerres en Afghanistan et en Irak étaient des erreurs passagères imputables à la seule Administration sortante.

Lire l'article complet





mercredi 1 octobre 2008

Sondage exclusif : 76% des Français sont des cons !




Incroyable. Je viens de lire un sondage édifiant.

Selon un sondage publié dans le Nouvel Obs, 76% des Français voteraient pour Barack Obama, et 10% pour McCain.


Je n'ai rien contre les 10% qui voteraient pour McCain. Je pense qu'il y a peu de sujets sur lesquels je serai d'accord avec eux, mais c'est à peu près tout ce que je leur reproche.

En revanche, si 76% des Français pensent qu'il y a une différence entre voter Mc Cain et voter Obama, alors c'est triste à dire (et d'ailleurs ça me fait de la peine pour eux), mais ce sont des cons. Bon, c'est sûr, c'est pas avec des prises de positions comme celle-là que je vais améliorer le taux de fréquentation de ce blog, mais après tout qu'est ce que ça peut faire ?


Pour ceux d'entre-vous qui, abreuvés d'articles débilisants chantant les louanges d'Obama (pour Le Figaro : Obama, candidat historique, pour Le Monde : Barack Obama, un destin américain, etc...), ont réellement fini par se convaincre que Barack Obama avait un petit quelque chose de Martin Luther King en lui, apprêtez-vous à recevoir un violent coup de pied aux fesses :


voir la video
(merci à ce blog pour le sous-titrage)






Ralph Nader par exemple ? Posez la question autour de vous, on vous demandera sans doute : "Nader, qui c'est celui-là ?"

Vous avez également Cynthia McKinney à la tête du Parti Vert. J'ai posté une vidéo à son sujet dans un billet en janvier dernier.


Pendant des mois, on nous a rabattu les oreilles avec le "duel" Hillary Clinton vs Barack Obama, sans jamais nous parler des autres candidats à l'investiture du Parti Démocrate, comme Mike Gravel (voir la vidéo) par exemple.
Le duel Clinton/Obama a d'ailleurs si bien accaparé l'attention qu'il a même totalement éludé la question de la course à l'investiture du Parti Républicain. On nous a présenté John McCain comme l'unique candidat, sans s'attarder sur Ron Paul (voir la vidéo, là encore merci à ce blog pour la vidéo et les sous-titres).



Et maintenant, dans le sprint final de ce qui n'est finalement qu'une vaste fumisterie, on nous inflige des tartines d'articles sur le duel McCain/Obama, sans jamais parler des autres (comme Ralph Nader par exemple).

D'ailleurs, la question posée dans le sondage du Nouvel Obs est éloquante :

L’élection présidentielle américaine aura lieu aux Etats-Unis le 4 novembre prochain. Si vous aviez la possibilité de prendre part à cette élection, pour lequel des deux candidats suivants y aurait-il le plus de chances que vous votiez ?
Barack Obama (Parti Démocrate) : 76%
John Mc Cain (Parti Républicain) : 10%
. (Aucun des deux) : 3%
. (Ne se prononce pas) : 11%




Une fois de plus, on retrouve l'idée de "borner le débat", qui fonctionne à merveille.


Allez, je repose la question : et vous, si vous aviez la possibilité de participer à l'élection présidentielle américaine le 04 novembre prochain, pour qui voteriez-vous ?






mercredi 10 septembre 2008

Mais au fait, qu'est ce qu'on fout en Afghanistan ?



Au printemps 2007, pendant la campagne électorale qui a précédé l'élection présidentielle, le candidat Nicolas Sarkozy promettait retrait des troupes françaises d'Afghanistan (voir la vidéo). Sans surprise, il s'agissait d'un mensonge, un de plus.

Des renforts de troupes ont été envoyés depuis, et d'autres les rejoindront bientôt. La France est en guerre. Oui, la France est en guerre contre "le monde musulman". C'est ce qu'a affirmé le Premier Ministre François Fillon lundi 03 septembre au micro d'Europe1 (voir la vidéo, info reprise sur mondialisation.ca ) :


Intervenant sur Europe 1, Fillon a déclaré : « le conflit va durer, parce que les causes de ce conflit sont très profondes (…) C’est l’opposition entre le monde musulman et une grande partie du reste de la planète, c’est le conflit israélo-palestinien, c’est les déséquilibres économiques et sociaux qui règnent dans le monde ».

De l’aveu même du chef du gouvernement, l’armée française est donc en croisade contre le monde musulman auxquels appartiennent aussi, faut-il le rappeler, plusieurs millions de citoyens français. Et pour que cette provocation soit complète, Fillon a choisi le premier jour du mois de ramadan pour se lâcher.






C'est dans ce contexte que, samedi 06 septembre, a eu lieu la première manifestation anti-guerre à Paris pour réclamer le retrait des troupes françaises d'Afghanistan. Une manifestation à l'initiative des organisations : CAPJPO-EuroPalestine, Americains Contre la Guerre, Droits Devant !, Réseau Solidaire Citoyens, GUPS, Théâtre du Tiroir, Association Solidarité Mayenne Algérie, Enfants de Palestine, Comité Poitevin France Palestine, "5 minutes pour rêver", ASTR (Association de Solidarité Tourcoing Rafah), Niort pour la Palestine, Odile Tobner (auteur du livre « Le racisme français »), Jean Baumgarten (auteur de « Pâle Palestine »), CANT (Comité Anthony pour une Paix Juste et Durable au Proche-Orient), SOS Sexisme, ISM (International Solidarity Movement), MIR (Mouvement des Indigènes de la République), Collectif Bellaciao (lire le texte de l'appel).


Certaines pancartes posaient la question : "Que vont faire les troupes françaises en Afghanistan ?" (voir photo). Voilà une bonne question, qui mérite qu'on essaie d'y répondre.


La réponse qu'on entend le plus souvent de la part des hommes politiques est la suivante : "il faut envoyer nos militaires là-bas pour éviter qu'on ait des attentats ici".
Cette explication est tellement débile que je doute que quiconque puisse y croire sincèrement. Il semble au contraire évident que les militaires de l'OTAN sont considérés comme une armée d'occupation, et que par conséquent leur présence là-bas accroît considérablement le risque de représailles. D'ailleurs, si la notion de "démocratie" avait un sens pour ceux qui prétendent l'inculquer à coups de bombes dans la gueule, ils proposeraient un référendum aux Afghans afin que ces derniers puissent décider si oui ou non ils souhaitent une présence militaire étrangère sur leur sol.


Par ailleurs, pour couper court aux contre-vérités qu'on entend habituellement lorsqu'on aborde la question de l'Afghanistan, j'insiste sur le fait qu'il n'y a pas plus de preuves de l'implication des Talibans Afghans dans les attentats du 11 septembre qu'il n'y a de preuves de la présence d'armes de destructions massives en Irak (voir billet précédent). Je rappelle également que le 11 janvier dernier, Mr Yukihisa Fujita, député du Parti Démocrate du Japon, a remis en question la version officielle de l'administration Bush au sujet des attentats du 11 septembre lors d'une séance de questions d'une demi-heure au gouvernement Japonais (voir le billet précédent), pointant du doigt de nombreuses lacunes de la théorie officielle du complot islamiste. Il a ainsi demandé que toute participation militaire japonaise aux cotés des États-Unis en Afghanistan soit subordonnée à l'ouverture d'une enquête internationale. Cette prise de position semble tellement évidente, que dans tout pays démocratique digne de ce nom, n'importe quel député ayant un tout petit peu d'honneur devrait en faire autant.
Et enfin, rappelons également que même les membres de la Commission d'enquête mandatée par la Maison Blanche ne tentent même plus de défendre leur propre rapport d'enquête, tant les incohérences et les lacunes sont nombreuses (voir billet précédent) : 2 ans après avoir rendu leur rapport, les membres de la Commission d'enquête estiment qu'ils ont été trompés (article CBS). Le vice-président de la Commission d'enquête affirme même que l'enquête a été mise en place pour échouer ("set up to fail") (voir article CBC).
Pour plus d'informations au sujet des attentats du 11 septembre, on pourra consulter les quelques billets publiés sur ce blog, et le beaucoup plus complet Reopen911.info.



Si l'argument de la "guerre contre le terrorisme" n'est qu'un prétexte, un leurre, quelles sont donc les vraies raisons qui motivent l'envoi de troupes françaises en Afghanistan ? Je n'ai pas de réponse définitive à cette question. Mais en y réfléchissant un peu, j'entrevois quatre raisons. Deux sont à caractère général, et les deux autres sont plus spécifiques à l'Afghanistan.


1) Une opportunité de détourner de l'argent public

Je suis attendri par l'apparente naïveté de ceux qui, aux États-Unis ou ailleurs, parlent des budgets militaires alloués à la guerre en Irak en termes de "gaspillage".

Voici un graphique des 10 plus gros budgets militaires du monde en 2007 (cliquez sur l'image pour l'agrandir) :



C'est intéressant de mettre ce graphique en parallèle avec le discours d'adieu du Président Eiseihower en 1961, comme l'a fait l'auteur de ce billet de blog Le lobby militaire US a pris le pouvoir !.


Des budgets militaires colossaux, auxquels il faut rajouter des enveloppes conséquentes pour financer les opérations militaires en Irak et en Afghanistan, comme l'indique cet article Reuters :


War funding, which averaged about $93 billion a year from 2003 through 2005, rose to $120 billion in 2006 and $171 billion in 2007 and President George W. Bush has asked for $193 billion in 2008, the nonpartisan office wrote.

[...]

Since the September 11, 2001, attacks on the United States, Congress has written checks for $691 billion to pay for wars in Iraq and Afghanistan and such related activities as Iraq reconstruction, the CBO said.



Aux États-Unis, les guerres en Irak et en Afghanistan ont "coûté" 691 milliards de $ jusqu'à présent. Coûté à qui ? Au bénéfice de qui ?

L'une des fonctions de l'Etat est de collecter de l'argent public, et de le redistribuer. L'Etat, quel que soit sa couleur politique, effectue des transferts de richesse au sein de la société. Faire la guerre est l'un des moyens de transférer de l'argent public d'une catégorie de population vers une autre. A ce titre, aux États-Unis la situation est tout à fait caricaturale : un budget militaire équivalent à celui de l'ensemble des autres pays du monde réunis, et pourtant plus de 42 millions d’Américains ne disposent pas d’assurance maladie, soit 15 % de la population (cf document de la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques).



Il ne s'agit donc pas du tout de "gaspillage" : cet argent n'est pas perdu pour tout le monde. Il s'agit simplement d'un choix politique. Un choix qui consiste à détourner l'argent public qui pourrait être affecté à l'amélioration des conditions de vies, au profit de l'industrie de l'armement. Le choix de la stratégie de la guerre permanente, "une guerre qui pourrait durer plusieurs décennies" selon Dick Cheney (article BBC).



2) Une vitrine pour faire la promotion des technologies des marchands d'armes


Lorsqu'un marchand d'armes comme Serge Dassault exprime ses voeux à l'occasion de la nouvelle année, il déclare sans rire : "Quand les hommes arrêteront-ils de s’entre-tuer au lieu de vivre ensemble dans un monde de tolérance, de considération, de paix, alors que d’autres menaces bien plus graves nous guettent tous ?".
L'hypocrisie de ce bonhomme n'a décidément pas de limite.

Un conflit militaire, c'est une formidable vitrine offerte aux marchands d'armes. C'est le point de vue développé dans ce très bon article publié sur Agoravox. Au passage, l'auteur y relate un fait divers presque banal, une "bavure" tristement classique ayant entraîné la mort de 7 gamins qui se sont pris un missile à plusieurs millions de dollars sur la figure, alors qu'ils étaient à l'école. Comme le dit l'auteur de l'article : "Viser une école, en sachant que c’en est une, est un acte hautement militaire. Répercussions, dans le monde, du scandale et du massacre : rien."


Participer à une guerre donc, c'est offrir une opportunité marketing formidable pour les vendeurs d'armes, ces derniers bénéficiant ainsi d'un théâtre d'opérations grandeur nature qui leur permet de faire la promotion de l'extraordinaire efficacité de leurs engins de mort, ces petites merveilles technologiques vendues à prix d'or.




Voilà pour les généralités. Mais l'afghanistan, c'est aussi le pipeline et la drogue.



3) Diminuer l'influence de la Russie, et contrôler l'approvisionnement de la Chine en hydrocarbures

L'Afghanistan, c'est évidemment le Pipeline Trans-Afghan, qui relie les gisements de gaz naturel du Turkmenistan (en mer Caspienne) à l'océan Indien, en passant à travers l'Afghanistan et le Pakistan.

Le billet précédent publié sur ce blog qui montre une présentation de Michael Ruppert (citant le livre de Zbigniew Brzezinski), apporte un complément d'informations intéressant sur ce point.




4) Assurer la pérennité de l'approvisionnement du trafic mondial en opiacés (morphine et héroïne)

Peut-être est-ce là le point le plus scandaleux des quatre. Le plus méconnu aussi. Lorsqu'on parle d'Afghanistan, en général on ne parle pas de drogue. C'est une erreur. S'il est à peu près clair que parler d'Irak ou d'Iran sans parler d'hydrocarbures est une stupidité, il devrait être tout aussi clair que parler d'Afghanistan sans parler de drogue est un non-sens.

Le régime des Talibans Afghans a été critiqué à juste titre pour de multiples raisons. L'une d'entre elles, et non des moindres, est que ce régime a longtemps été un régime de narco-trafiquants (cf article de juin 2000). Pendant de nombreuses années, l'Afghanistan et la Birmanie ont ainsi été les principaux producteurs d'opium, dont sont dérivées la morphine et l'héroïne.


L'organisme international qui fait référence en terme de chiffres sur les questions de drogue est l'UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime), rattaché à l'ONU.
Leur rapport de 2007 (qui inclut de nombreuses données sur la culture de l'opium en Afghanistan) est disponible en ligne.


Les trois graphiques suivants sont issus de ce document (cliquez sur les images pour les agrandir) :








Lors de leur dernière année au pouvoir, les Talibans Afghans ont décidé d'enrayer le trafic de drogue. Cette opération a été un succès considérable, salué par l'ONU (article NY Times).
On passe ainsi de 82'000 hectares et 3'276 tonnes d'opium en l'an 2000, à 8'000 hectares et 185 tonnes l'année suivante. Soit une diminution de 90% de la superficie, et 94% de la production d'une année sur l'autre.
Ce succès montre qu'une réelle volonté politique de s'attaquer au problème permet d'obtenir des résultats très significatifs dans ce domaine.

Quelques mois plus tard, les Etats-Unis renversent le régime des Talibans Afghans et placent leur homme de main, Hamid Karzai, un consultant du groupe pétrolier Unocal (cf article CNN : "Karzai, a former lobbyist for the U.S. oil and gas company Unocal"), qui facilitera la construction du pipeline.
Et immédiatement, la production d'opium reprend son niveau historique. Dès 2002, la production reprend sur les mêmes bases qu'en 2000 (74'000 hectares et 3400 tonnes en 2002). Et la tendance est à l'emballement : la production, qui avait déjà battu les records en 2006, a fait un bond de +34% entre 2006 et 2007 (voir tableau page 9 du rapport de l'UNODC). Aujourd'hui, la superficie (193'000 ha) et la production (8'200 tonnes) sont plus de deux fois plus importantes que ce qu'elles étaient en l'an 2000.


Michel Chossudovsky est Professeur d'économie à l'Université d'Ottawa. En mai 2007, il a publié un article extrêmement intéressant dans lequel il accuse les forces de l'OTAN d'appuyer le trafic de drogue :


Les forces d’occupation en Afghanistan appuient le trafic de drogue, qui rapporte entre 120 et 194 milliards de dollars de revenus au crime organisé, aux agences de renseignement et aux institutions financières occidentales.

Les recettes de cette contrebande lucrative qui se montent à des milliards de dollars sont déposés dans des banques occidentales. La quasi-totalité de revenus reviennent aux grandes entreprises et aux syndicats criminels hors d’Afghanistan.

Lire l'article complet.



Aujourd'hui, l'Afghanistan représente à lui seul 92% de la production mondiale d'opium. La quasi-totalité de l'héroïne qui circule dans le monde provient donc des champs d'opium afghans. Les sommes en jeu sont considérables (en s'appuyant sur les chiffres de l'UNODC, Chossudovsky estime le montant global du trafic d'héroïne entre 120 et 194 milliards de dollars par an, dont 2.7 milliards vont aux producteurs locaux).
Ces sommes colossales sont blanchies, et d'une manière ou d'une autre sont réinjectées dans l'économie. Et c'est bien là le problème. Voilà qui soulève pas mal de questions.

Dans quelle mesure notre système économique précaire est-il dépendant de l'argent de la drogue ?

Dans quelle mesure les soldats français qui sont envoyés en Afghanistan (dont je ne doute pas que bon nombre d'entre eux sont convaincus d'agir pour la bonne cause) ont-ils in fine (et à leur insu) pour mission d'assurer la pérennité de l'approvisionnement mondial en héroïne ?

Le degré de cynisme et d'hypocrisie de ceux qui décident de les envoyer là-bas va-t-il jusque là ?


jeudi 26 juin 2008

T'en veux de la fatwa ?




Je vais revenir sur l'affaire du mariage annulé qui a défrayé la chronique il y a quelques semaines.

J'ai appris la nouvelle sur le blog du Desdichado. J'ai eu l'occasion de dire ce que j'en pensais dans plusieurs commentaires ici et .


Sur cette affaire, il y a un article que je trouve très intéressant (hormis le titre, que je trouve débile), c'est celui que Mme Jacqueline LEDUC NOVI (avocate au barreau de Lille) a publié sur Agoravox.



Dans un des commentaires, je disais :


[...] Mais ce "vif débat de société", je le trouve globalement de très mauvaise qualité. En faisant une petite revue de presse c'est très clair, le son de cloche est identique partout : le mari a demandé, et le juge lui a accordé, point final. C'est un rappel des faits partiel et partial. C'est très difficile de trouver le moindre article dans lequel on comprend clairement que dans cette affaire le mari et la femme demandent la même chose, et que justement le juge appuie sa décision sur le fait que tous deux ont demandé la même chose. Quand je pose la question autour de moi : "le mari voulait l'annulation du mariage, mais la femme qu'est ce qu'elle voulait ?", à peu près personne ne sait répondre.
On a droit à un matraquage à sens unique, avec des articles du genre de celui que j'ai cité : "Condamnation unanime de cette décision de justice".

Il aurait été souhaitable que dans les médias, on puisse avoir accès à des débats contradictoires entre juristes en langage compréhensible, afin qu'on ait une idée plus précise des différentes jurisprudences possibles qu'on peut déduire de cette décision. Là on aurait su si cette décision porte réellement en elle les graines d'un risque pour le statut des femmes, ou si au contraire le juge de Lille a pris suffisamment de précautions en appuyant sa décision sur le fait que les deux époux étaient favorables à l'annulation du mariage.
Au lieu de ça, on nous gave littéralement de conneries comme celles de Fadela Amara, qui parle sans rire de "fatwa contre l'émancipation des femmes". C'est vraiment stupide.


Donc on a un "vif débat de société", avec beaucoup d'émotion, beaucoup d'indignation, malgré une connaissance des faits très partielle, et une compréhension potentiellement erronée de la décision et de son impact en matière de jurisprudence. Les conditions d'un vrai débat de société serein ne sont donc clairement pas réunies.



Je vais insister un peu plus sur la phrase de Fadela Amara. En fait c'est comme s'il y a avait eu un genre de concours, à qui se répandrait dans la presse pour sortir la plus grosse connerie. Et je pense qu'au jeu de la plus grosse connerie, c'est bien madame Amara qui a gagné : sa phrase est délicieusement empoisonnée.


Depuis la fatwa proférée par l'ayatollah Khomeni à l'encontre de Salman Rushdie pour son livre "les versets sataniques", le mot "fatwa" est en quelque sorte devenu synonyme de "condamnation à mort". Il est tout à fait évident qu'une fatwa émise par un quelconque ayatollah (un espèce de vieux type barbu extrémiste), c'est forcément quelque chose de totalement rétrograde, voir franchement moyenâgeux. D'ailleurs, juste pour rire, imaginez un peu que l'ayatollah en question soit l'un des chefs spirituels du Hezbollah, et qu'en plus sa fatwa porte sur les femmes... On frémit d'avance à l'idée du tissus de conneries qu'on s'apprête à lire, pas vrai ?

Allez chiche : vas-y coco, balance la fatwa !!!

Le type s'appelle Mohammad Hussein Fadlallah, il est ayatollah, il est l'un des chefs spirituels du Hezbollah, et sa fatwa date du 27 novembre 2007 (voir le texte complet) :


[...]
Sixièmement : L’Islam n’autorise l’homme d’exercer aucune forme de violence contre la femme. Il n’a pas le droit d’attenter à ses droits légaux qu’il doit respecter conformément au contrat de mariage, ni de la chasser de la maison, ni de l’insulter, de l’injurier ou de lui adresser des paroles dures. Cela constitue un péché pour lequel l’homme sera châtié par Dieu et poursuivi par la loi islamique.

Septièmement : Si l’homme exerce la violence physique contre la femme et que celle-ci se voit incapable de se défendre par un moyen autre que de lui rendre la pareille, cela lui est licite en tant que juste défense. Si l’homme exerce la violence juridique contre la femme en la frustrant de certains de ses droits conjugaux comme les dépenses ou la vie sexuelle, il est en son pouvoir de renoncer à ses obligations envers lui qui sont fixées par le contrat de mariage.

Huitièmement : L’Islam affirme que nul n’a de l’autorité sur la femme du moment qu’elle est pubère, adulte et autonome pour ce qui est de la gestion de ses propres affaires. Nul n’a le droit de lui imposer un mari qu’elle ne désire pas. Tout contrat de mariage doit être consenti par la femme. Sinon il est illégal et sans effets.
[...]



Ah ben merde alors... C'est pas "ou tout blanc, ou tout noir" ? C'est pas "les gentils contre les méchants" ?

L'avantage d'une vision simpliste, c'est qu'elle est simple et donc facile à appréhender. Son problème, c'est qu'elle est fausse.

Finalement, on en revient à la vidéo que je mentionnais dans un billet précédent, où chacune des deux nanas posait la question : "Est-ce là votre vision de moi ?".


Le préjugé sur lequel repose la phrase de Fadela Amara est aussi stupide et aussi moisi qu'un préjugé qui supposerait par exemple qu'en chaque curé sommeille un pédophile en puissance.


Le problème, c'est que madame Amara est Secrétaire d'Etat. Aujourd'hui en France un Secrétaire d'Etat peut sortir des petites phrases pourries comme le coup de la fatwa sans aucun soucis, sans avoir besoin de se justifier. Comme si ce dérapage là n'en était même pas un.



samedi 21 juin 2008

Reprise !



Il y a au moins un point sur lequel je suis d'accord avec John McCain. En janvier dernier, a dit (source : CNN) :

we now have a pro-American president of France which shows if you live long enough, anything can happen in this world.


Traduction :
Le président Français est pro-américain, ce qui prouve que si vous vivez suffisamment longtemps, tout peut arriver.


Une citation reprise et commentée par Littlehorn sur son blog.


Mais je suis au moins d'accord avec McCain sur ce point là : si vous vivez suffisamment longtemps, tout peut arriver... même un tirage favorable aux dés pour terminer ce putain de jeu de l'oie du thésard.



Après un détour par la case 38, je suis finalement tombé sur la case 42.






ALLÉLUIA                     ça, c'est fait !








La présentation, c'est exactement ça, en 15 fois plus long :





Mais la vraie bonne nouvelle, c'est que maintenant ce blog va enfin pouvoir reprendre du service ;)


mardi 27 mai 2008

The Grand Chessboard : La Géopolitique pour les Nuls



Dans un billet précédent, je mentionnais le livre The Grand Chessboard: American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (1997) de Zbigniew Brzezinski. Je disais :


[...] un livre très instructif, qui mériterait de s'appeler La Géopolitique pour les Nuls (voir la collection "pour les Nuls"). Brzezinski y dévoile sa vision impérialiste clairement assumée.




J'insiste sur le mot "impérialisme". Ce n'est pas une notion abstraite, une sorte d'accusation un peu floue dont on ne sait pas trop ce qu'elle signifie. L'impérialisme, c'est du concret. C'est une logique, une idéologie, avec ses penseurs et ses théoriciens. C'est également une politique, avec des moyens et des objectifs précis.

Le bouquin de Brzezinski, écrit en 1997, nous aide à y voir un peu plus clair. Michael Ruppert nous fait la lecture (cette présentation date de novembre 2001) :






lundi 28 avril 2008

Pour la suppression des machines à voter





Commençons par un brin d'humour : une vidéo poilante de TheOnion, sous-titrée par Littlehorn.




Dans cette parodie de journal télé, la présentatrice explique qu'au cours d'un bug lors d'une démonstration, les machines à voter ont accidentellement révélé le nom du futur vainqueur de l'élection présidentielle aux Etats-Unis (qui s'avère être John McCain). "C'est en effet la première fois que le résultat d'une élection présidentielle est révélé plusieurs moins avant le scrutin". C'est trop bon de voir les micro-trottoirs bidonnés (y compris le type qui dit qu'il s'en fout, puisqu'il aurait voté McCain de toutes façons). On enchaîne sur le porte parole de Hillary Clinton qui affirme que la candidate ne se retirera pas de la course à l'élection pour autant : comme prévu, elle attendra que sa défaite lui soit communiquée le jour de l'élection et elle fera semblant d'être surprise. Puis on passe à l'interview du Directeur des relations publiques de la société qui commercialise les machines à voter, qui explique qu'il est désolé pour ce malheureux incident, et qui s'engage solennellement à ce que son entreprise mette tout en oeuvre pour éviter de se faire gauler à nouveau. "Nous continuerons à préserver l'illusion de la démocratie du mieux que nous pourrons", etc... C'est très bon, j'aime beaucoup.







Mais la réalité est-elle si différente ?





Les machines à voter ne sont pas fiables. Pour s'en convaincre, on peut par exemple se référer à l'étude menée par les chercheurs de l'université de Princeton : voir l'article (voir la vidéo en grand format).


A voir également, un reportage de quelques minutes sur i-télé :







En France, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur en 2003 (cf arrêté du 17 novembre 2003), nous sommes 1.5 millions dans 82 communes à utiliser le vote électronique (voir article).

Pour des articles intéressants sur la situation en France, on pourra consulter celui-ci, et plus récemment celui-là.
L'article wikipédia sur le vote électronique est également très bon (plein de sources).


Citons également l'incontournable http://www.ordinateurs-de-vote.org et sa pétition en ligne, que vous êtes priés d'aller signer illico.






Pour ceux qui veulent aller plus loin au le sujet des fraudes électorales aux machines à voter lors des élections de 2000 et de 2004 aux Etats-Unis, je ne saurai que trop vous conseiller le visionnage du documentaire Hacking-Democracy (voir la vidéo : La démocratie piratée - VO sous-titrée).
Ca dure 1h20 et ça traîne un peu en longueur. C'est dommage, le tout aurait probablement tenu en 30 à 45 minutes. Malgré tout, c'est un documentaire intéressant : après avoir vu ça, on comprend mieux comment Al Gore a pu récolter un total de suffrages négatif dans certains bureaux de vote en 2000. Le documentaire montre également l'extrême passivité de John Kerry dans le jeu de dupes qu'a été l'élection présidentielle de 2004.



vendredi 25 avril 2008

De la présomption d'innocence à la présomption de culpabilité



A compter d'aujourd'hui, ce blog reprend du service. Pour recommencer en douceur, je vous propose un très bon article de Paul Villach, publié sur Agoravox il y a quelques semaines. J'en reprends quelques extraits, le texte complet est disponible ici.




La présomption d’innocence maltraitée par les médias de masse

S’il est un principe qui distingue la démocratie de la tyrannie, c’est bien celui de la présomption d’innocence. En démocratie, tout citoyen est présumé innocent tant qu’un tribunal, statuant en dernier ressort, n’a pas conclu définitivement par jugement à sa culpabilité.

[...]


Et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 l’a réaffirmé dans son article 11 : « Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »

En tyrannie, au contraire, tout sujet est, avant tout examen, considéré comme coupable, sous réserve qu’il apporte la preuve de son innocence, si tant est que les tyranneaux s’en soucient !
La différence n’est pas mince : en démocratie, la charge de la preuve est à l’accusateur et, en tyrannie, elle incombe à l’accusé.

[...]


Rien ne semble donc plus difficile aujourd’hui que de s’en tenir à la présomption d’innocence. Et de ce travers tyrannique dangereux pour la démocratie, les médias en portent une part de responsabilité. Friands de crimes et de délits qui leur garantissent une audience par le réflexe inné de voyeurisme sollicité, ils n’y vont pas par quatre chemins pour condamner avant tout examen judiciaire les personnes mises en cause.

Il suffit pour s’en rendre compte de parcourir les pages des journaux de ces dernières semaines. Ici, « un présumé violeur en série » est arrêté ; là, on attend « l’extradition des tueurs présumés » ; un jour, « l’agresseur présumé a été mis en examen pour meurtre et écroué » ; un autre jour, c’est un « appel à témoins (qui est lancé) pour localiser les victimes d’un pédophile présumé ». Quant au procureur de Nice, É. De Montgolfier, il est « mis en examen pour un maintien en détention présumé abusif ». Même M. Robert Badinter succombe à cette mode : interrogé par Le Monde, le 25 février dernier, sur la rétention de sûreté des criminels dangereux après accomplissement de leur peine, il parle de la nécessité « dès le début de l’instruction (...) d’établir un diagnostic de l’auteur présumé du crime ». Et si l’on tape sous Google les expressions « agresseur présumé », « violeur présumé » ou « meurtrier présumé », les exemples abondent.

Serait-ce que les médias en général ignorent le sens de l’adjectif « présumé » : « que l’on croit tel par hypothèse », dit le dictionnaire Robert, c’est-à-dire que l’on tient pour tel avant tout examen.
« Un agresseur présumé » est donc bien une personne que l’on présente comme agresseur avant tout examen, quand en démocratie on ne peut être déclaré tel qu’après examen judiciaire. Certains médias en sont conscients puisqu’ils savent parfois parler du « portrait robot d’une femme soupçonnée d’avoir livré le colis au cabinet », d’une « plainte pour disparition et enlèvement supposé » ou encore du « suspect (qui) a dû remettre son passeport ».
Les mots existent bel et bien en français pour respecter l’innocence présumée d’une personne recherchée ou poursuivie.

Pourquoi donc cette obstination dans l’erreur ? Errare humanum est, perseverare diabolicum. De deux choses l’une, ou les journalistes ignorent ce rudiment de droit ou au contraire ils le connaissent. Mais dans les deux cas, ils inculquent à leur insu ou sciemment dans les esprits, sans en avoir l’air, une habitude de pensée qui ruine un principe différenciant démocratie et tyrannie.

[...]

Mais, la répétition étant le procédé indolore de l’inculcation, à force de répétitions dans les médias, les gens simples finissent par se constituer un corpus d’idées tyranniques à leur insu qui empoisonnent leur mode de pensée. Car, dit le proverbe, « il n’est pas d’erreur qui, inlassablement répétée, ne finisse par prendre des airs de vérité ».


[ Lire l'article complet ]


samedi 15 mars 2008

Dis Etienne, c'est quoi une Constitution ?




Avez-vous entendu parler d'Etienne Chouard ? Il est ce qu'on appelle un "citoyen ordinaire", agé d'une 50aine d'années, enseignant en BTS à Marseille. Il s'est découvert une conscience politique en 2005, au moment du débat sur le TCE, auquel il activement participé sur son site web.

Il a quelques réflexions intéressantes au sujet des institutions, de ce qu'est et de ce que devrait être une Constitution. Je vais essayer de résumer son point de vue en quelques phrases :


Une Constitution sert à établir les règles du pouvoir. Le rôle d'une Constitution est d'organiser les pouvoirs en les divisant pour les affaiblir et les contrôler, permettant ainsi de prévenir toute dérive absolutiste.
En tant que citoyens, nous devrions être extrêmement vigilants au moment de l'écriture des règles du pouvoir, et en particulier sur le choix des personnes à qui nous confions la responsabilité de définir les pouvoirs et leurs limites.
Son idée principale se résume par la formule : ce n'est pas aux hommes de pouvoir d'écrire les règles du pouvoir.
Ce n'est pas aux hommes de pouvoir d'écrire les règles du pouvoir, parce que ce serait les placer dans une situation dans laquelle ils sont à la fois juges et parties. Consciemment ou non, ils sont personnellement intéressés à assurer l'impuissance politique des citoyens entre deux élections.


Pour aller un peu plus loin, je vous propose un article dans lequel il développe ce point de vue.




Dans une chronique sur Radio Grenouille, Etienne Chouard propose également quelques éléments qui pourraient faire partie d'une Constitution d'origine citoyenne :





Il s'est lancé dans un projet de rédaction d'une proposition de Constitution sur un wiki (site internet collaboratif) avec tous ceux qui souhaitent y participer.




jeudi 6 mars 2008

Marion Cotillard et le 11 septembre : comment les médias écartent le débat



Le titre de ce billet rappelle celui publié en août dernier : Boutin et le 11 septembre : comment les médias étouffent le débat.


Lorsque l'actrice Marion Cotillard remet en cause la version de l'administration Bush à propos des attentats du 11 septembre, ses déclarations provoquent une tempête dans un verre d'eau. Et évidemment, nos vaillants journalistes se saisissent de cette question. Je n'en cite que quelques uns en vrac : France24, Yahoo Actualités, Libération, Programme TV, Télérama, Entrevue, Le Figaro, L'express, Actualités de Stars, LCI, 20 minutes, Le Point, JDD, Metro, Marianne, Le Monde, etc... Des plus futiles aux prétendument sérieux, de ceux qui se contentent de recopier les dépêches AFP à ceux qui prétendent faire de l'information, tout le monde s'y met.


En revanche, lorsque la semaine dernière, le 26 février, une projection du film Zéro (qui pointe les incohérences de la version officielle et les lacunes de la Commission d'enquête sur les attentats du 11 septembre) est organisée au Parlement Européen de Bruxelles, pas une ligne, pas une phrase, pas un mot.
Même chose quelques semaines plus tôt, le 11 janvier dernier, lorsque Mr Yukihisa Fujita (député du Parti Démocrate du Japon) remet en cause la version officielle, photos à l'appui, lors d'une séance parlementaire d'une demi-heure de questions au gouvernement retransmise en direct à la télé japonaise. Dans nos médias, pas une ligne, pas une phrase, pas un mot.



S'il fallait absolument donner quelques noms de personnalités qui remettent en cause la version de l'administration Bush concernant les attentats du 11 septembre, on irait plutôt jeter un coup d'oeil sur un site comme Patriots Question 9/11 (voir également cet article).


Alors pourquoi Marion Cotillard ? Pourquoi choisir de la mettre en avant ?
Parce que dans sa bouche, ces propos semblent tout droit sortis de nulle part. Dans sa bouche, ces propos semblent ne reposer sur rien de sérieux, rien de solide. C'est facilement assimilable à un pétage de plombs digne d'une Britney Spears ou d'une Paris Hilton.
En tant que créature médiatique, Marion Cotillard est facile à discréditer. Nos valeureux médias ne laisseraient pas passer une telle occasion de faire un peu d'intox à moindre frais.


Le débat qui découle de cette histoire est inévitablement : "une actrice célèbre peut-elle avoir des opinions controversées, même totalement saugrenues ?".

les contre : Non, Marion Cotillard est une personne célèbre, elle ne peut pas se permettre de raconter n'importe quoi. Il faut qu'elle fasse plus attention, sinon elle va ruiner sa carrière, et ce sera bien fait pour elle.
les pour : Oui, car sinon ce serait instaurer un délit d'opinion. Alors même si Marion Cotillard raconte n'importe quoi, les attaques contre elle vont trop loin.


Voilà. Ca, c'est ce que j'appelle un débat à la mords-moi-le-noeud. C'est un débat à la con parce qu'il fait passer au second plan le point essentiel : avant d'être une affaire d'opinion, cette histoire de 11 septembre est avant tout une question d'information.



La bonne question n'est pas : "qu'est ce que tu crois ?"

La vraie question est avant tout : "qu'est ce que tu sais ?"



On raisonne à partir de ce que l'on sait. Avant de se lancer dans des raisonnements, commençons par faire le bilan de ce que l'on sait. C'est le sens de la série de billets que j'ai faite sur le 11 septembre (il y en a d'autres à venir) : rappeler un certain nombre d'éléments qu'il me semble indispensable de connaître pour quiconque prétend avoir une opinion sur ce sujet.


Dans cette bulle médiatique Cotillard, cet aspect là du problème est totalement occulté.

D'une certaine manière, les médias nous encouragent à avoir des opinions lapidaires, tout en restant parfaitement ignorants.




Il me semble qu'il y a tout de même un aspect positif dans cette histoire.

A mon avis, il faut réagir en postant des commentaires à chaque fois qu'un journal raconte des salades. A chaque fois qu'ils mettent une interview truffée d'omissions, à chaque raccourci trompeur, il faut réagir et leur répondre de façon précise et concise en leur demandant de faire leur travail.
Il est important que les lecteurs puissent avoir un autre son de cloche en lisant les commentaires, et puissent ainsi trouver des infos et des liens qui leur permettent d'aller plus loin.


Pour la première fois, on a vu ce phénomène là sur le site de Marianne à la suite de l'article publié sur Marion Cotillard.

D'ailleurs les journalistes de Marianne ont réagit en postant un autre article. Je ne vais pas m'amuser à le commenter, ça risquerait de faire redondant avec ce qui précède.
Mais jugez plutôt par vous-même :


Marion Cotillard : Marianne2 cible des adeptes de Thierry Meyssan
Marianne2 a été littéralement pris d'assaut par des adeptes de Thierry Meyssan qui ont déversé leur haine et un flot de calomnies.


Lire la suite






lundi 25 février 2008

Qu'est ce qu'on attend pour exiger la destitution de Nicolas Sarkozy ?




L'impopularité ne change strictement rien

En mai dernier, au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, j'ai entendu une information à la radio : pour la n-ième fois, le présentateur annonçait une baisse de la popularité de G. W. Bush dans les sondages aux Etats-Unis.


Cette information m'a inspiré deux réflexions.

1) La première, c'est que tôt ou tard, cette situation se produirait également chez nous. Nicolas Sarkozy ayant été élu sur la base de promesses contradictoires et incompatibles (ce que montre très bien le sociologue Eric Fassin dans le film Réfutations), il était clair que le mythe de l'homme politique providentiel (rendu possible par l'extrême passivité des médias, très peu prompts à dénoncer ses mensonges, ses contradictions et son bilan en tant que Ministre de l'Intérieur) ne durerait pas. Il m'avait donc semblé clair que comme Bush aux Etats-Unis, Nicolas Sarkozy serait tôt ou tard un président très impopulaire. La seule inconnue était le temps qu'il faudrait pour qu'une bonne partie de ses électeurs se rendent compte qu'ils s'étaient laissés tromper.


2) Mais la deuxième réflexion, c'est que cette impopularité ne change strictement rien. Bush a beau être impopulaire, il a beau être qualifié de "pire président de l'histoire des Etats-Unis" (article Washington Post), cela ne fait aucune différence. Bush a "fait le boulot", et il continue à mener le travail de sape en profondeur qu'il a engagé. Pour s'en convaincre, il suffit de connaître l'attachement des citoyens américains à la question de leurs "libertés individuelles" (leur attachement à la Constitution des Etats-Unis, au IVe amendement, au Habeas Corpus, etc...), et de le comparer avec la situation telle qu'elle est aujourd'hui (le Patriot Act, le Military Commissions Act, le Violent Radicalization and Homegrown Terrorism Prevention Act, etc...) pour mesurer l'étendue du chemin parcouru, et l'ampleur des régressions, en seulement quelques années.



Il en va de même en France : même si Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, cette impopularité ne l'empêchera pas de réaliser le méticuleux travail de sape dans lequel il s'est engagé. Car là aussi, c'est bien d'un travail de sape qu'il s'agit.






Un comportement indigne d'un Président de la République


Nicolas Sarkozy utilise sa vie privée de façon ostentatoire comme technique de diversion permanente.
Cette attitude est incompatible avec celle d'un Président de la République.


Son attitude et ses déclarations à l'emporte pièce qui consistent à dire un jour une chose et le lendemain son contraire (avec les cheminots, avec les pêcheurs, sur le pouvoir d'achat, etc...) font de nous la risée des médias du monde (voir ici ou ).
Cette attitude est incompatible avec celle d'un Président de la République.


La politique de chasse à l'homme avec des objectifs chiffrés d'expulsions, est une politique coûteuse, qui provoque toutes sortes d'aberrations : bébé de 15 mois enfermé dans un centre de rétention ; expulsions de touristes, à leur arrivée ou alors qu'ils s'apprêtaient à repartir ; expulsion d'un avocat de 70 ans, qui réside en France depuis 45 ans, marié à une Française depuis 15 ans, père d'un garçon de 22 ans, inscrit au barreau d'Aix-en-Provence depuis 28 ans ; expulsion d'un homme adopté par une famille française ; rétention d'une mère, son enfant de 11 ans restant seul, etc... Une politique du chiffre pour le chiffre qui crée des situations humainement inacceptables qui déshonorent notre pays.


Nicolas Sarkozy revendique un héritage Gaulliste mais veut imposer sans le moindre débat la réintégration complète de la France dans l'OTAN. Il se fait le soutient inconditionnel des néo-conservateurs américains, viole la Charte de Nations-Unies en proférant des menaces militaires à l'encontre d'un pays qui ne présente pas une menace directe pour notre sécurité. Ce manque de retenue a des conséquences graves pour l'image et la crédibilité de notre pays.






Un Président de la République qui piétine notre Constitution


Mais il y a encore plus grave. Nicolas Sarkozy s'en prend directement, frontalement, à ce constitue les fondements de notre République : sa Constitution.


"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée". (Article 1er - Constitution de 1958).

Une Constitution qu'il est tenu de respecter et de défendre :
"Le Président de la République veille au respect de la Constitution" (Article 5 - Constitution de 1958).


Or Nicolas Sarkozy piétine délibérément notre constitution. Il s'attaque à plusieurs points de l'article 1er :




"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale."

Nicolas Sarkozy n'est pas laïque. Le concept de "laïcité positive" dont il revendique la paternité n'est pas de lui : ce sont les propos de Benoit XVI, prononcés le 11 octobre 2005. La position de Nicolas Sarkozy correspond exactement à la vision papale de la place de la religion dans la société. Nicolas Sarkozy va même jusqu'à affirmer sa volonté de réintroduire l'enseignement religieux à l'école publique.
Cette attitude est incompatible avec celle d'un Président de la République.





"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale."

Le traité de Lisbonne, présenté comme "nouveau" ("mini", "modifié", "simplifié") et dont Nicolas Sarkozy revendique la paternité, n'est ni plus ni moins que le traité rejeté lors du référendum de 2005, rendu volontairement illisible (dixit Valéry Giscard d'Estaing). Nicolas Sarkozy a menti lorsqu'il a demandé aux représentants du peuple de désavouer le peuple. Ces mensonges à répétition ont pour effet d'affaiblir notre démocratie.

Et que dire de son dernier coup tordu pour tenter de contourner la décision du Conseil Constitutionnel ? (Voir également l'article de Sébastien Fontenelle : "Nicolas Sarkozy défie la démocratie").
Cette attitude est incompatible avec celle d'un Président de la République.




"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale."

Le démantèlement systématique des progrès sociaux hérités du Programme du Conseil National de la Résistance constitue le coeur de sa politique économique et sociale. Nous avons déjà assisté à la réécriture du Code du Travail qui, contrairement à ce qui avait été annoncé, ne s'est pas faite à "droit constant". Et maintenant, il s'agit de liquider l'héritage du Programme du Conseil National de la Résistance ?
Cette attitude est incompatible avec celle d'un Président de la République.



Comme Georges W. Bush s'est appliqué à piétiner la Constitution américaine, Nicolas Sarkozy s'applique à piétiner notre Constitution française.







Four more years ?


"Four more years !" (4 ans de plus !). C'était le slogan des partisans de G. W. Bush lors des élections présidentielles de 2004 aux Etats-Unis.


Four more years !! Four more years !! Four more years !!



Four more years, c'est le temps qui nous sépare des prochaines élections présidentielles en France. En êtes-vous si sûrs ?

Sommes-nous condamnés à 4 ans de plus de magouilles, de mensonges, et d'attaques sans relâche contre les valeurs de notre République ?

Une fois de plus, les Etats-Unis fournissent un support de réflexion intéressant. Des initiatives populaires comme Impeach Bush, bien qu'elles soient à la fois timides et bien tardives, sont sources d'inspiration.

Sans un objectif clair, nous sommes condamnés à subir les effets de cette politique indigne de la France, et nous sommes condamnés à voir notre Constitution bafouée par celui qui a la responsabilité de la défendre. Les sondages défavorables n'auront aucun impact, ni sur le contenu de sa politique, ni sur sa manière de la mener. Si nous voulons défendre notre Constitution et les valeurs de notre République, nous devons faire en France ce que les citoyens Américains auraient du faire chez eux il y a bien longtemps. Nous devons exiger la destitution de Nicolas Sarkozy. Cette destitution peut s'obtenir de façon démocratique et pacifique.






Manquement à ses devoirs => Destitution


Dans une démocratie comme le Vénézuela, le Président de la République est soumis à un référendum révocatoire à mi-mandat. En France, nous n'avons pas un tel outil à notre disposition.

Mais dans notre démocratie, dont le principe est : "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple", (Article 2 - Constitution de 1958), rien ne nous empêche d'exiger la tenue d'un référendum révocatoire dans les plus brefs délais.
Dans une démocratie, on obtient ce qu'on veut, à condition d'être suffisamment nombreux à l'exiger.


En piétinant notre Constitution qu'il est censé défendre, Nicolas Sarkozy se rend coupable d'un manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec sa fonction de Président de la République. Or, comme l'indique l'article 68 de notre Constitution :
"Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat. La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour".

La procédure de destitution est détaillée dans cet article.

Il est à craindre que nos représentants, aveuglés par des luttes partisanes, n'aient pas spontanément le courage de défendre notre Constitution en s'élevant contre un Président de la République qui la menace. Mais nous pouvons les y contraindre. De façon démocratique et pacifique.








Sortir de la torpeur

Nous sommes sans doute nombreux à penser que nous en avons déjà assez vu, et que cette mascarade a assez duré. Il est temps d'y mettre un terme. De façon démocratique et pacifique.

Alors évidemment, ce ne sera pas simple, ça ne se fera pas tout seul, et ce ne sera pas de tout repos. Nous aurons à convaincre une classe politique trop lâche et trop frileuse qui dans un premier temps refusera de prendre ses responsabilités. Nous aurons probablement également à subir l'hostilité des médias dominants, qui défendront sans doute Nicolas Sarkozy bec et ongles. Profitons-en pour réaffirmer haut et fort le fait que l'indépendance et le pluralisme des médias doivent impérativement devenir des questions politiques prioritaires dans ce pays !



Ce ne sera pas simple, mais nous avons des moyens :
  • Tout d'abord, en discutant ! Avec vos proches, vos amis, vos collègues. L'idée de la destitution d'un Président incapable d'assumer ses fonctions et qui menace notre Constitution, doit sortir du tabou dans lequel elle est enfermée. Cette idée doit être reprise, commentée, discutée, agitée.
  • Il faudra signer et faire circuler toutes les pétitions qui iront dans ce sens.
  • Il faudra contacter nos représentants, et exiger d'eux qu'ils nous représentent.
  • Il faudra manifester pacifiquement, le week-end d'abord.
  • Et si ça ne suffit pas, il faudra sans doute également faire grève, jusqu'à ce que nous obtenions gain de cause.




A la question : "peut-on obtenir la destitution de Nicolas Sarkozy ?", la réponse ne dépend que de nous. Si nous sommes prêts à nous mobiliser, alors la réponse est "oui", sans aucun doute. En revanche, si nous ne sommes pas prêts à défendre les valeurs de la République, alors il faudra en tirer les conclusions qui s'imposent : cela signifierait que nous ne méritons pas mieux que Nicolas Sarkozy.


Dans les semaines et les mois à venir, les questions auxquelles nous aurons à répondre, collectivement et individuellement, sont donc :
  • A-t-on quatre ans de plus à perdre avec Nicolas Sarkozy ?
  • Va-t-on permettre qu'un Président de la République bafoue continuellement notre Constitution et les principes de notre République ?
  • Va-t-on oui ou non se mobiliser pour exiger sa destitution ?




vendredi 22 février 2008

Zigouiller l'héritage du Programme du CNR



Il y a quelques mois, j'ai publié un billet dans lequel je reprenais l'appel à commémorer les 60 ans du Programme du Conseil National de la Résistance.


A cette occasion, j'ai donné des liens vers les transcriptions de 4 émissions de radio Des Sous et Des Hommes sur AligreFM, au cours desquelles Pascale Fournier recevait successivement Raymond Aubrac (Grand Résistant), Philippe Dechartre (Grand Résistant, ancien ministre du Général De Gaulle et Doyen du Conseil Economique et Social), Maurice Kriegel-Valrimont (Grand Résistant, Commandant national des forces françaises de l’intérieur en 1944) et Stéphane Hessel (Ambassadeur de France, Résistant qui a rejoint le Général de Gaulle en 1941, déporté à Buchenwald et à Dora).


Quelques extraits de ces quatre interviews :


Raymond Aubrac : 1er mars 2005

Le programme du CNR a été un acte très important et finalement nous avons fait un appel pour essentiellement deux raisons : premièrement, le fait que le gouvernement ait complètement occulté la commémoration de la signature de ce programme et deuxièmement le fait qu' un certain nombre des actes et des décisions politiques que préconisait le Programme est petit à petit détruit, grignoté et détruit par la politique actuelle.


Alors le Programme du CNR est important parce que, d’abord, il symbolise l’unité de la Résistance. Si on avait laissé les choses aller sans un combat très sérieux pour l’unité de la Résistance, la France aurait pu se trouver à la Libération dans un état de guerre civile comme la Pologne, la Yougoslavie ou la Grèce. En réalité, l’unité de la Résistance a été, dans l’ensemble, indiquée et demandée par le Général de Gaulle et réalisé par Jean Moulin qui est arrivé, non sans peine, après beaucoup de négociations très difficiles, à obtenir la réunion du Conseil National de la Résistance, réunissant une majorité de gens d’inspiration de gauche mais aussi des représentants de tous les milieux de la Résistance, y compris des milieux modérés et des milieux de droite. Et après plusieurs mois de négociations difficiles dans les conditions de la clandestinité, l’ensemble de ces représentants, de toute la France qui résistait, est arrivé à formuler un programme.

[...]

Le programme du CNR, comme vous le dites à juste titre, voulait en gros établir une démocratie plus tolérante, plus efficace, plus juste. C’est un programme basé surtout sur la justice. Il préconise, il demande la nationalisation des grands moyens de productions, des banques, des compagnies d’assurances. Il demande l’établissement d’une sécurité sociale qui garantisse à tout le monde un niveau de vie suffisant. Il demande la liberté de la presse surtout vis-à-vis des puissances d’argent. Et en effet dans les premières années après la Libération, un certain nombre de ces recommandations ont été suivies d'effets. Et puis avec le temps, avec les équilibres de forces politiques, on constate maintenant que petit a petit ce qui a été fait par une France exsangue, détruite, malheureuse, pleine des blessures de la guerre est petit a petit détruit, défait par une France qui est maintenant dix fois, vingt fois plus riche qui aurait pu continuer dans cette voie de progrès et qui ne le fait pas !

[...]

J’ai l’impression que l’ensemble des médias est entre les mains d’un nombre très limité de gens. Et que le hasard fait, le hasard j’insiste la-dessus ! , fait que ces gens sont en même temps des grands financiers, des grands capitalistes. Quand je dis le hasard, naturellement, c’est par dérision... Il est clair que c’est à cause de leur puissance économique, de leur puissance financière, de leur poids politique aussi qui va avec, qu’ils ont pu mettre la main sur les médias, et la puissance publique a été impuissante à les en empêcher, pour autant qu’elle ait essayé de le faire, ce que je ne crois pas.





Philippe Dechartre : 8 mars 2005

Parce que bien sûr les conditions ne sont pas les mêmes, on n’est pas en 44, le monde a changé, il va vers ailleurs et il ne faut pas constamment avoir un regard en arrière, il faut avoir un regard en avant. Mais il se trouve qu’il y a des situations qui aujourd’hui rappellent les situations que nous avons vécues, dans un autre contexte, bien sûr, -ce n’est pas identique, mais c’est semblable.

Qu’est-ce qui s’est passé, qu’est ce que se passait en 44 ? Les résistants avaient une idée en tête: premièrement, c’était de chasser l’occupant du pays - quelle utopie ! Mais qui a réussi...- , c’était battre l’armée allemande, faire quelle sorte de France, libérer le territoire! C’était aussi tuer le nazisme, qu’on ne connaisse plus cet enfer cette horreur. Il fallait éradiquer ce monstre. C’était quand même les deux grands piliers de notre comportement. Mais un tel effort, un tel risque, une telle volonté, et j’allais dire soutenu par un immense espoir, c’était pour quoi en définitive ? C’était pour que les lendemains soient meilleurs que ceux que nous avions connus. C’était pour que les forces que nous avions mises dans le combat, on les mette à construire l’avenir. Non seulement pour reconstruire la France qui avait été mutilée, mais pour reconstruire l’Homme et pour lui donner sa vraie place dans la société. C’était ça, c’était un combat qui marquait, bien que nous n’étions pas simplement des existentialistes du moment, mais des hommes qui agissaient pour construire l’avenir et pour construire un avenir où l’Homme serait plus libre et serait plus heureux. Pour construire un monde nouveau.

[...]

Il y avait cette idée, cette idée importante qui était d’ailleurs une idée de De Gaulle et je le cite presque dans les termes où au cours d’une conversation il me l’a dit lui même : « Le progrès économique, bien sûr c’est nécessaire à la vie d’une nation, c’est essentiel, mais il ne faut jamais oublier que la seule finalité du progrès économique, c’est le progrès social ».

Et bien aujourd’hui, dans des conditions moins dramatiques d’aspect, d’apparence, enfin différentes dans tous les cas fondamentalement, les mêmes problèmes se posent. Il s’agit bien sûr de construire un autre monde, mais dans lequel l’individu sera libre mais en même temps l ‘Etat sera présent. De construire un monde où l’économie sera prospère mais où le social ne sera jamais négligé. Où le marché jouera son rôle et l’industrie sera libre, mais où ce qui importe à l’Etat, au contrôle de l’Etat, restera sous le contrôle de l’Etat.

Et c’est pourquoi un certain nombre d’hommes qui se sont engagés dans la résistance pour des raisons militaires d’abord, des raisons patriotiques ensuite, et pour des raisons de construction de l’avenir, retrouvent, retrouvent leur élan, retrouvent leur espoir pour dire : « Attention! Aujourd’hui les dangers sont les mêmes dans un contexte tout-à-fait différent, mais cela appelle aussi notre vigilance, notre action et notre prise de parole ». C’est le sens de ce papier que nous avons signé.

[...]

Le citoyen est en danger, - c’est Anatole France qui disait ça - , le citoyen est en danger quand l’Etat est faible. Bien entendu si on laisse la jungle prospérer, on risque de mauvaises rencontres... Il faut que l’Etat soit là pour à la fois animer, donner de l’élan et contrôler, contrôler les appétits. L’organisation est absolument nécessaire. Par exemple tout bêtement au niveau du territoire, le rôle du préfet reste un rôle essentiel parce que il est l’argument de la cohésion, de la cohésion de la nation. Il faut cela, à la fois sur le plan économique, sur le plan social, et puis sur le plan de la vie politique. Alors cela ne veut pas dire qu' il faut le « tout-Etat »! Pourquoi on en parle aujourd’hui avec crainte, de l’Etat ? C’est parce que il y a eu des idéologies millénaristes qui étaient entièrement construites sur l’absolu de l’Etat et donc qui ne faisaient pas la part de la vie, la part de l’improvisation, la part de l’espoir individuel, de la conquête individuelle du monde, qui compte aussi pour un homme, pour une société. C’est la chute du nazisme, c’est la chute du fascisme, c’est la chute du communisme, la chute des idéologies millénaristes construites uniquement sur la dictature de l’Etat qui a fait qu' aujourd’hui un certain nombre d’hommes et de femmes ont pensé que il fallait laisser aller les choses.
Et bien, laisser aller les choses ou tout concentrer dans l’Etat, c’est la même erreur. Il faut un équilibre des deux. Il faut la spontanéité, et il faut en même temps le contrôle et l’organisation.



Maurice Kriegel-Valrimont : 15 mars 2005

Le programme du Conseil National de la Résistance, en 44, 45 et même 46, a reçu dans un certain nombre de domaines, et en particulier en matière de sécurité sociale, de retraites, de législation scolaire, d’organisation des grands services publics nationalisés et sur un certain nombre d’autres points très importants, des mesures d’application réelle. Ce programme n’est pas resté un programme. Il est devenu un élément de la vie nationale. Et sur ce plan, cet aspect des choses reste dans la vie sociale de la France. La sécurité sociale est un élément constitutif des rapports sociaux français. Or de la façon la plus évidente la Sécurité Sociale est fille de la Résistance. Toute contestation sur ce point est une sottise.

Alors cela est d’autant plus important à l’heure actuelle qu’un certain nombre de ce qui a été réalisé dans les années de l’immédiate après-guerre est actuellement en voie de suppression. Toute une série des mesures qui ont été acquises à ce moment sont mises en question. Il est donc d’une actualité évidente pour les gens qui ont été dans une certaine mesure les artisans de cette transformation de la vie française, qu'ils sont évidemment concernés par la mise en cause de ce à quoi ils ont participé à l’époque.

[...]

Pascale Fourier : Mais certains pourraient vous dire : « Oui, mais il n’y a plus de sous dans les caisses de l’Etat. C’est une nécessité de sabrer la sécurité sociale, les retraites etc! » .

C’est effectivement ce que l’on dit. Seulement ce que l’on dit est d’une inexactitude hurlante si j’ose dire. Pour une raison qui tombe sous le sens et on est surpris que les gens osent le formuler de cette façon. Pour qui a connu 1944, la situation de 1944, qu’est- ce- que c’est? La plupart des ponts en France sont cassés. Les communications sont très difficiles. Les chemins de fer sont dans une situation extrêmement difficile, compliquée et à refaire. Du charbon il n’y en a guère. De l’énergie il n’y en a presque pas. Prenons ce dernier exemple: si vous comparez l’énergie disponible en 1944 et en 2005, non seulement c’est infiniment plus, c’est un énorme multiple, il n’y a littéralement pas de comparaison possible! L’énergie disponible aujourd’hui par rapport à ce qui est le lendemain de la guerre, c’est des dizaines de fois de plus d’énergie disponible! Ca veut dire que les moyens dont le pays dispose sont infiniment plus importants!

Or ce qui est vrai, c’est que, quand nous avons institué la Sécurité Sociale et toute une série d’autres mesures, il y en a qui nous ont dit : « Vous êtes fous! Le pays est dans une situation lamentable! Tout est à refaire, et pour commencer vous imposez là-dessus un élément supplémentaire de charge!ù! ». Heureusement que nous étions des très jeunes gens et nous avons bousculé ce genre d’objections!

[...]


Or quelle est la caractéristique de tout ce qu’on peut appeler des progrès dans les rapports des hommes et des femmes, - et les femmes sont concernées puisque depuis des siècles elles sont en situation maintenue d’infériorité. Qu’est-ce qui permet d’obtenir des résultats ? Qu’est-ce qui assure la réalisation de perspectives, d’espoir qui ne sont pas déçus ? Eh bien, la chose est d’une parfaite évidence! Quand les problèmes sont soustraits au débat et à l’examen, quand ils deviennent des techniques de gouvernement et qu' on oppose ce qu’on appelle « la rue » à des décisions soi-disant majoritaires, mais camouflés dans des endroits qui ne sont pas accessibles à la volonté générale, eh bien, on fait ce que l’on veut, mais ce qui n’est pas conforme à l’intérêt commun.
Or la seule correction efficace à ce phénomène, c’est le fonctionnement démocratique, c’est la participation réelle des gens concernés aux problèmes qui les concernent.

[...]

Donc l’objectif immédiat doit être de rétablir le fonctionnement démocratique réel, que ce soit en matière d’élections politiques, que ce soit en matière de fonctionnement des organisations sociales, que ce soit dans le domaine associatif en général. C’est totalement décisif ! Et de ce point de vue-là, ben, on ne peut pas fixer de dates.... Dans l’Histoire sociale et dans l’Histoire politique, la prétention au prophétisme est toujours un peu puérile.... Donc les dates ne sont pas disponibles... Mais la réalité du phénomène, en ce qui me concerne, pour les avoir vécu un certain nombre de fois, ça ne fait aucun doute! Ce qui s’est produit comme conséquence d’un certain nombre de données se produira encore! Et dans le monde, il existe des signes nombreux qui montrent que les gens ne sont pas disposés à laisser faire indéfiniment ce qui va à l’encontre de leurs intérêts évidents.


[...]

Sur ce plan je passe le relais... Je vais avoir très rapidement 91 ans, ce n’est pas à moi de le dire... J’ai le droit d’avoir une opinion la dessus, mais cela dépend des gens qui vont faire la suite. En 1944, nous avions 30 ans, et nous avons fait ce qu’il y avait à faire. Y compris sur le plan que vous évoquez. Maintenant, c’est à ceux qui ont 30 ans de le faire. Et non seulement je ne prétends pas leur dicter ce qu’ils ont à faire, d’une certaine manière je me l’interdit parce que c’est à eux que ça appartient. En ce qui me concerne je n’ai pas de doutes au sujet du fait qu’ils trouveront les solutions adéquates. Il faut se rappeler que quelques semaines avant le déclenchement des événements de 68, celui qui était à l’époque le meilleur observateur de la politique française, Viasson-Ponté, disait explicitement : « Il se passe rien, il se passe rien, il peut rien se passer ». Et quelques semaines après, vous aviez l’énorme phénomène de 68. Donc il faut se méfier des prévisions un peu trop hâtives...




Stéphane Hessel : 22 mars 2005

[...] nous nous trouvons aujourd’hui à un moment important, dramatique presque, de la globalisation, de la mondialisation, de la victoire des formes et forces d’économie libérale. Et le souvenir que vous avions, c’est qu’en 1944, nous étions convaincus que la France qui surgirait, sortirait de la guerre et de la Libération, devait être exemplaire sur un certain nombres de points qui se situaient exactement à l’inverse, à l’opposé, de ce qu’avait été Vichy, et à plus forte raison ce qu’avait été l’Allemagne nazie ou l’Italie fasciste ou l’Espagne franciste. Il y avait des valeurs auxquelles nous tenions à l’époque. Et nous avions le sentiment que si ces valeurs n’étaient pas assez clairement affirmées, nous risquions d’avoir une France qui ressemblerait à la 3ème République, au mieux, et pis encore, qui aurait des traits hérités de Vichy.

[...]

Ces valeurs sont relativement simples à définir. Elles consistent à ce que le citoyen joue un rôle décisif dans la construction de l’Etat. C’est ce que nous avons appelé et ce que nous appelons la Démocratie. Mais la démocratie réelle ne peut l’être que si les citoyens sont attachés à leur liberté, à leur possibilité de défendre leurs intérêts de citoyen, à la dignité de la personne humaine et aux droits qui y sont attachés. Tout cela, il faut le défendre contre des risques. Ces risques existent. Nous les avons connus pendant la guerre. C’étaient les risques du fascisme et du nazisme. Ce sont aussi aujourd’hui les risques d’une civilisation, d’une société exagérément dépendante des forces économiques, de ce nous avons appelé à l’époque « les féodalités économiques ». C’est contre cela que la Démocratie doit défendre ces propres valeurs : les valeurs sociales, les valeurs culturelles.

[...]

Nous avons voulu alerter nos concitoyens en leur disant : « Il y a 60 ans, c’est ça que nous voulions, et c’est ça que vous avez essayé d’obtenir. Et aujourd’hui c’est en danger. Tout cela est en danger ». La Sécurité sociale est en danger. Les retraites sont en danger. L’Education nationale pour tous, la Recherche, sont en danger. La presse … Prenons la presse… C’est scandaleux la façon dont la presse et les médias, en France, retombent constamment entre les mains des puissances d’argent, ou de ce que nous avons appelé à l’époque des « féodalités économiques ». C’est contre cela qu’il faut essayer de réagir. C’est naturellement le programme des partis de gauche en France de réagir. Mais il faut les soutenir, et il faut leur donner l’ambition de devenir aujourd’hui aussi persuasifs dans leur programme que l’ont été nos camarades du temps du Conseil National. Et n’oublions pas qu’à l’époque, ils vivaient dans la clandestinité. Ils couraient des risques. Aujourd’hui on ne court aucun risque. On peut affirmer ces valeurs. Et il faut les affirmer. Et il faut lutter pour qu’elles se transforment dans une action concrète.

[...]

Et nous n’avons pas le droit de dire que c’est difficile à défendre aujourd’hui, alors que ça aurait été plus facile jadis. Nous avons noté, dans cet appel, qu’à l’époque où nous proclamions ces valeurs, l’Europe était par terre, l’Europe était défaite, elle était pauvre. Aujourd’hui elle est riche. Elle est donc tout à fait capable de défendre ces valeurs. Il suffit de le vouloir, et il suffit de s’organiser entre européens.

[...]

Je pense que c’est la force de cet appel dont nous parlons de précisément rappeler ces valeurs qui restent aujourd’hui aussi importantes à défendre qu’à l’époque. N’oublions pas d’ailleurs qu’à l’époque que vous évoquez, 40 et la suivante, une grande majorité des Français avaient accepté Pétain, Vichy, un régime qui était un régime réactionnaire qui faisait toute la place aux forces économiques et aucune place à la démocratie et aux forces sociales.

[...]

Moi qui circule beaucoup en Europe, je rencontre partout des jeunes et des associations qui veulent une Europe sociale, une Europe énergique, une Europe qui se défend contre les dangers de la mondialisation libérale. Ces dangers, ils existent, et ils faut les combattre avec la même énergie et la même confiance que nous avons jadis combattu les armées allemandes et l’occupation de notre pays.



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Pourquoi est-ce si important de rappeler tout ça aujourd'hui ?


Parce que rien n'est jamais définitivement acquis, et parce qu'il semble bien que nous soyons condamnés à perdre ce que nous ne sommes pas prêts à défendre. C'est vrai pour tout, y compris pour l'héritage du Programme du Conseil National de la Résistance.



La politique économique et sociale de Nicolas Sarkozy est axée vers la destruction méthodique de tous les progrès sociaux obtenus par le Programme du CNR, l'héritage de la Résistance. C'est bel et bien cet objectif qui constitue le fil conducteur de sa politique économique et sociale, et qui lui donne toute sa cohérence.

Ce n'est pas moi qui le dis : ce sont Denis Kessler et Charles Beigbeder qui s'en félicitent !

Un article du Canard Enchaîné du 06 février dernier, repris (entre autres) sur ContreInfo et sur lucky-blog, nous rappelle l'info :





Kessler et Beigbeder semblent donc totalement décomplexés. La prochaine édition du dictionnaire des synonymes de la Novlangue consacrera indubitablement le rapprochement entre les mots "réforme" et "régression". Le mot "progrès" quant à lui a été définitivement rayé de la langue.





Il y a tout de même un tout petit truc qu'il convient de rappeler : la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale (Article 1er - Constitution de 1958).


Décomplexés ou non, il y a une chose que Nicolas Sarkozy et ses sbires doivent comprendre : il est des ruptures qui sont des trahisons.


lundi 18 février 2008

La "néo-conservatisa-tion" de l'Europe passera-t-elle par l'OTAN ?



La "néo-conserva"-quoi ?



En mai dernier, j'ai posté un billet à propos de Wolfowitz et de la Banque Mondiale. La vidéo revient sur la "doctrine Wolfowitz", et pose les bases de l'idéologie néo-conservatrice telle que présentée par le PNAC et mise en pratique par l'administration Bush.
Entre autres joyeusetés, on retrouve : l'affaiblissement de l'ONU, l'augmentation des budgets militaires, la notion de "guerre préventive" (qui a entraîne la mort de plus de 1 million d'Irakiens depuis 2003), etc...




En octobre dernier, je revenais en détails sur le livre de Guy Millière (Le futur selon George W. Bush (2005) ). J'insistais en particulier sur la volonté des néoconservateurs Américains de voir leur idéologie s'étendre à l'Europe. Parmi toutes les raisons évidentes de rejeter la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, c'était selon moi la plus importante :


Mais c'est bien en terme de politique internationale que sa contribution pourrait être la plus désastreuse. C'est sans doute Guy Millière, un écrivain français favorable aux néoconservateurs américains qui nous éclaire le mieux sur les enjeux cachés de cette élection, dans son ouvrage : Le futur selon George W. Bush

Je cite (les extraits du livre sont en gras) :

"Les Européens devront comprendre ce qui est très précisément en jeu dans la révolution néoconservatrice américaine, d'une manière ou d'une autre, ou ils disparaîtront, et l'Europe avec eux. La disparition de l'Europe pourra être brutale ou douce, rapide ou lente. Elle pourra être une avancée progressive vers la vieillesse et la décrépitude qu'annoncent les courbes démographique actuelles, une progression vers l'islamisation qui ne sera islamisation modérée que si, et seulement si, la doctrine Bush concernant l'islam est couronnée de succès."

"Le néoconservatisme pourrait-il s'implanter en Europe et, ainsi, sauver l'Europe ?"

"Les Européens ne seront sauvés, s'ils doivent l'être, que par un sursaut immense", m'a dit David Horowitz à Malibu."


Le néoconservatisme. La guerre "préventive". "L'inévitable conflit des civilisations". La légalisation de la torture. Une idéologie qui doit s'implanter en Europe, faute de quoi nous ne serons pas "sauvés". Une idéologie sans laquelle nous "disparaîtrons", d'une manière ou d'une autre.

La France, qui est un grand pays, pourrait bien jouer un rôle majeur dans ce processus de transformation. Au-delà des politicailleries franco-françaises, voilà précisément ce qui constitue l'un des enjeux majeurs de cette élection.




Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, c'est effectivement dans cette direction que nous nous dirigeons.

A ce titre, on peut rappeler les propos de Nicolas Sarkozy devant la conférence des ambassadeurs de France le 27 octobre dernier.
On peut également mentionner l'escalade des menaces à l'encontre de l'Iran auxquelles Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner ont activement participé (des menaces qui sont autant de violations patentes de la Charte des Nations-Unies). Pouvaient-ils ignorer le contenu du rapport du NIE (National Intelligence Estimate) qui déclare : "Nous estimons qu'à l'automne 2003 Téhéran a arrêté son programme militaire nucléaire" ?




Parlons également de l'OTAN, puisque c'est l'objet de ce message. Nicolas Sarkozy a décidé que la France réintègrerait l'OTAN, une organisation qui est et qui restera sous commandement américain (voir cet article).

C'était dans le Traité Constitutionnel Européen rejeté par référendum, c'est donc également dans le traité de Lisbonne imposé par la voie parlementaire : Section 2 - Article 28A

La politique de l'Union au sens de la présente section n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres, elle respecte les obligations découlant du traité de l'Atlantique Nord pour certains Etats membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre.



La politique de défense commune de l'Union Européenne doit donc être compatible avec celle arrêtée dans le cadre de l'OTAN.

Dans ce contexte, il est tout à fait alarmant que l'idée du recours à des "frappes nucléaires à titre préventif" fasse son chemin au sein de l'OTAN. C'est une question à laquelle il faut s'intéresser au plus vite, faute de quoi nous risquons bien de nous réveiller un beau matin avec la responsabilité partagée d'un holocauste nucléaire perpétré en notre nom.


A lire également : Guerre nucléaire contre l'Iran, de Michel Chossudovsky.