mercredi 25 juillet 2007

A propos de "l'inévitable conflit des civilisations"

Il y a une idée qui me tape sur les nerfs. Une idée qu'on nous ressert à volonté, de manière plus ou moins subtile : celle de "l'inévitable conflit des civilisations".

Moi qui suis à la fois Français et Algérien en Algérie, qui suis à la fois Algérien et Français en France, qui suis athée tout en ayant été bercé au sein de cultures à la fois chrétiennes et musulmanes ; je conchie cette idée de "l'inévitable conflit des civilisations".
Par frustration, j'en suis réduit à balancer de grands coups de pieds dans cette connerie de télé, à défaut de pouvoir réellement botter les fesses des missionnaires qui colportent cette idée sur les ondes. Et Dieu sait qu'ils sont nombreux (j'en ai discuté avec lui, il est au courant).


Ca c'est pas mal :




Changer les perceptions pour changer le monde. En voilà une idée qu'elle est bonne !




Je suis tombé sur un très bon article sur AgoraVox, j'aime bien l'idée du bonhomme :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=26318


Ce n’est pas un hasard si Yitzak Rabin en Israël et Ahmed Chah Massoud en Afghanistan ont été assassiné par des courants supposés partager la même religion : le principal ennemi d’un fondamentaliste c’est le modéré dans ses rangs, certainement pas le fondamentaliste d’en face. Car le fondamentaliste d’en face, c’est le miroir qui renvoie de lui aux yeux du monde une image encore plus grande et plus belle. [...] Le fondamentalisme se nourrit du fondamentalisme et pour imposer des idées radicales, il n’est de meilleur allié qu’une idéologie radicale rivale. Les modérés sont trop longtemps restés silencieux et il est temps de faire tomber les miroirs et les masques, d’exposer les manoeuvres destinées à miner la société dans son ensemble et dans toutes ses composantes, d’exiger des représentants du peuple un engagement formel sur leur respect des principes de la démocratie. Il ne s’agit surtout pas de s’engager dans une contre-croisade, une chasse aux sorcières, ou d’interdire la religion pour satisfaire les ayatollahs de l’ultra-laïcité mais au contraire d’ouvrir les bras aux autres, de faire triompher le respect, la tolérance et surtout la transparence.

mardi 24 juillet 2007

Chomsky : Comparaison du traitement médiatique des massacres

Nouvel extrait du documentaire Manufacturing Consent.


Pour la vidéo qui va suivre, il faut replacer un peu le contexte : Chomsky étudie deux événements historiques bien dégueux qui se sont déroulés simultanément, parallèlement, et dans la même région du monde au cours des années 70. D'une part les massacres au Cambodge perpétrés par Pol Pot et ses Khmers rouges avec la complicité de l'URSS. Et d'autre part les massacres au Timor oriental, suite à son invasion par l'Indonésie avec la complicité notamment des Etats Unis et du Canada.

Il analyse en particulier le traitement médiatique de ces deux questions aux Etats-Unis. Il montre de quelle manière les médias ont vigoureusement dénoncé les atrocités commises au Cambodge, tandis que dans le même temps ils se sont employés à étouffer totalement la question du Timor. Son travail est bien documenté, y'a plein de témoignages horribles, des images bien dégueux à souhaits, bref tout ce qu'il faut...

Je vous fais grâce de tous ces préliminaires ultra-glauques, et je saute directement à la conclusion :




Ce passage là me semble particulièrement intéressant :

"Nous, en tant que citoyens des sociétés démocratiques, sommes directement impliqués et directement responsables des politiques qui sont menées en notre nom. Ce que la presse fait, c'est s'assurer que nous n'assumions pas ces responsabilités".


mardi 17 juillet 2007

La dernière "blague" de Frêche à propos d'Israël

L'intervention de Georges Frêche du 24 juin dernier lors de la "Journée de Jérusalem", organisée par la mairie de l'agglomération de Montpellier, a fait beaucoup moins de bruit que "la salope" de Devedjian. C'est dommage, son discours est pourtant assez instructif. Il est en tout cas révélateur d'un certain état d'esprit, qui dépasse largement les clivages gauche/droite.



Extraits :

Sachez qu'en ce qui concerne la région, vous pouvez aussi compter sur nous.

[...]

Et moi je me souviens être à Tibériade lors de la guerre des six jours. Et c'est là que je me suis fait un ami. Je vais vous dire qui c'est : Nicolas Sarkozy. Hé oui, parce qu'on est pas du même bord, mais pour Israël, on est du même bord. Et je suis ravi que pour la premiere fois, la France ait élu au suffrage universel direct, ce sera mon bonheur dans mon malheur, ait élu un juif Président de la République. On avait eu Léon Blum et Mendès France Premier Ministre, mais on avait jamais eu un juif élu au suffrage universel. C'est un beau succès. Et en plus avec Kouchner ministre des affaires étrangères, qu'est ce que vous voulez de plus.

[...]


[ A propos du mur (illégal) ] Ce que je vous souhaite un jour, la paix revenue, c'est que vous le détruisiez. Mais pour le moment, finissez le.


[...]

Israël c'est un petit état qui a quelques millions d'habitants, au milieu de plus de 200 millions d'arabes qui ont toutes les terres qu'il faut pour assurer le développement.

[...]

La position d'Israël en droit international est juste.

[...]

Les Iraniens sont de dangereux adversaires, ils sont entrain de se doter de la bombe atomique. Et c'est pour Israël un danger permanent et constant.




C'est un Georges Frêche totalement décomplexé, qui lève les derniers doutes qu'on aurait pu avoir quant au soutien inconditionnel du nouveau gouvernement Français à la politique de l'état d'Israël.

Une vision flippante du moyen orient, que Frêche a au moins le mérite d'exposer sans langue de bois devant un public conquis.


Bien peu de réactions là-dessus, si ce n'est par exemple celle conjointe de Jean Louis Bousquet (Président du groupe communiste du Conseil Régional) et de Jean Paul Boré (Vice-Président Délégué à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie) :
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=50452



lundi 16 juillet 2007

Zoellick, le PNAC et la Banque Mondiale



Il y a bientot 2 mois, j'écrivais un billet a propos de Wolfowitz, du PNAC et de la Banque Mondiale.

Depuis, Paul Wolfowitz a bel et bien dégagé de la présidence de la Banque Mondiale. Il a été remplacé par Robert Zoellick.

Zoellick fait également partie de la grande famille du PNAC, l'omniprésent think-tank néo-conservateur dont les membres occupent la plupart des postes clés de l'administration Bush.

Remplacer Wolfowitz par Zoellick, c'est donc un changement pour rien, puisque le nouveau président désigné a été choisi dans le but de servir les mêmes intérets que le précédent.

A ce détail près que Robert Zoellick a également fricotté avec Enron, dont il a été membre du conseil consultatif.


Et comme on peut difficilement parler de cette charmante clique sans aborder la question du 11 septembre, je terminerai là-dessus. Les attentats du 11 septembre sont un évènement aux multiples facettes et aux multiples implications. Il y a un lien direct entre les attentats du 11 septembre et l'affaire Enron (et autres malversations boursières) : l'effondrement providentiel du Batiment 7, qui a entrainé la destruction de nombreuses pièces à conviction (dossiers de la SEC, l'équivalent américain de notre Autorité des Marchés Financiers).

Le Batiment 7, ou WTC-7, ou encore Salomon Brothers Building, qui s'est effondré 8h après les twin-towers le 11 septembre 2001, mérite qu'on s'intéresse un peu à lui. On reviendra là dessus.



dimanche 15 juillet 2007

Win the YES !!!

Pour rire un peu, je vous propose le fameux "Win-ze-yès aguène-zeno" de Rafarin à propos du referendum sur la constitution européenne.



Peu importe ce qu'on raconte. Même si ça ne veut absolument rien dire. L'essentiel, c'est d'avoir l'air convaincu ! :)

samedi 7 juillet 2007

TVA sociale et écrans de fumée : retour sur le mythe du tsunami bleu

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Nos analystes politiques sont formels : il s’est passé "quelque chose" entre les deux tours des élections législatives, qui explique le fait que le "tsunami bleu" tant annoncé s’est révélé moins retentissant que prévu. Selon eux, il faut voir du côté de la TVA sociale, conjuguée à une "démobilisation" d’un coté et une "remobilisation" de l’autre. Une prise de position pour le moins curieuse, qui s’inscrit en faux contre le principe de simplicité (rasoir d’Occam). Principe de simplicité qui pourrait s’énoncer de la manière suivante : "les chiffres du premier tour contiennent souvent ceux du résultat du deuxième". Et comme je vais vous le montrer, c’est exactement ce qui s’est produit lors de ces élections législatives : les résultats du second tour ne sont ni plus ni moins que la confirmation de la tendance de ceux du premier.



Le contexte

Durant les semaines qui précédé les élections législatives, les médias nous ont abreuvé de prédictions sans équivoque : on aurait droit à un raz de marée UMP à l’assemblée. Se déplacer avec l’intention d’aller voter pour un candidat autre que celui de l’UMP serait en quelque sorte une perte de temps : c’est tout à fait vain vouloir ramer à contre courant, on n’empêche pas l’inévitable. Ce battage médiatique est sans doute à l’origine du fort taux d’abstention aux élections législatives, en net décalage avec le taux de participation aux élections présidentielles.

Les politologues, analystes, journalistes politiques autres experts autorisés se sont succédés pour donner leur avis éclairés : "vague bleue", "raz de marée bleu", "onde bleue", "tsunami bleu", "déferlante bleue", etc... On a tout eu.
Jusque dans les émissions de pseudo-débats qui tournent rapidement au bavardage politique :

- "Peut être pas un tsunami, mais au moins une grosse vague..."
- "Oui d’accord avec vous, très certainement une grosse vague bleue".

Les médias nous ont présenté cette suprématie de la droite comme inéluctable. D’où un très net décalage entre les aspiration des électeurs, et leur perception de la réalité : selon un sondage BVA, moins d’un français sur deux souhaitait que la droite soit majoritaire à l’assemblée, tandis que 75% des sondés estimaient que cette majorité serait inévitable.

Ces analyses ont perduré même après les résultats du 1er tour. Au soir du second tour, nos experts politologues ont donc du trouver une explication, dont l’origine ne pouvaient provenir que de l’entre-deux tours : d’où l’histoire de la TVA sociale montée en épingle.
Pourtant, les résultats du premier tour indiquaient clairement que l’emprise de l’UMP sur l’Assemblée serait nettement moins flagrante que ce que l’on avait bien voulu nous le seriner.

Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, il n’y avait pas besoin d’être un génie de la politique pour prévoir l’issue du second tour. Etant donné le rapport des forces en présence, et les reports de voix attendus, la victoire de Nicolas Sarkozy était tout à fait prévisible.

Le premier tour de ces élections législatives répond à deux questions qui déterminent l’issue du scrutin :

1) Les électeurs traditionnels du FN vont-ils continuer à voter pour un candidat dont ils estiment qu’il pourra incarner leurs idées ?
=> Réponse : OUI. Le faible pourcentage du FN le prouve.

2) François Bayrou parviendra-t-il à transformer l’essai de l’élection présidentielle avec la création du MoDem ?
=> Réponse : NON. Bayrou avait totalisé plus de 18% il y a deux mois, dont les suffrages s’étaient partagés à peu près équitablement entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal au second tour. Or son nouveau parti récolte seulement 7.5% des voix lors de cette élection législative. Là encore, pas besoin d’être un génie de la politique pour comprendre que la très grosse majorité des suffrages récoltés par Bayrou il y a 2 mois et qui s’étaient ralliés à Sarkozy au deuxième tour de la présidentielle ont boudé le MoDem au premier tour des législatives au profit de l’UMP ou du Nouveau Centre, afin de permettre à Nicolas Sarkozy de bénéficier d’une majorité forte à l’Assemblée. On peut donc raisonnablement penser que le faible score du MoDem est un indicateur que les suffrages du second tour seront hostiles aux candidats UMP, a fortiori lorsque François Bayrou appelle à voter pour "favoriser le pluralisme" entre les deux tours.


En fouillant dans les stats...

L’étude suivante est basée sur les résultats disponibles sur le site du Journal Du Dimanche. Elle est très simple, et pourtant elle semble refléter une image tout à fait fidèle de la réalité. En ventilant la répartition des suffrages des électeurs du MoDem entre candidats de droite et de gauche, cette étude montre l’impact des voix des électeurs MoDem sur l’issue du scrutin. Et même avec une répartition 50/ 50 entre droite et gauche, on voit très clairement que les estimations que l’on nous a communiquées au soir du 1er tour étaient totalement grotesques.


1 ) On considère uniquement le candidat en tête au premier tour
La première approximation consiste à prendre la couleur politique du candidat qui arrive en tête au premier tour, et d’estimer qu’il sera vainqueur au second tour. C’est en quelque sorte une approximation de degré zéro, extrêmement naïve, puisqu’elle ne nous renseigne en rien sur l’état des forces politiques en présence.

Et pourtant, il semblerait que ce soit ce qu’on fait les médias, puisqu’ils nous ont annoncé plus de 400 sièges pour l’UMP, confortant leur idée de raz de marée bleu à l’Assemblée.

Parti Estimation : en tête au premier tour Résultat réel du second tour
Mouvement pour la France 1 1
Ecologiste 0 0
Union pour un Mouvement Populaire 415 314
Socialiste 111 185
Majorité présidentielle 25 22
Les Verts 2 4
Régionaliste 1 1
Extrême droite 0 0
Radical de gauche 2 7
UDF-Mouvement Démocrate 1 3
Front national 0 0
Extrême gauche 0 0
Communiste 6 15
Chasse Pêche Nature Traditions 0 0
Divers droite 7 9
Divers 0 1
Divers gauche 6 15


2) On regroupe les partis en quatre grandes familles

La deuxième approximation, très simple également (mais un tout petit peu moins ridicule), consiste à faire le bilan des forces en présence, en cumulant forces dites de droite et celles dites de gauche.

Gauche Droite Divers MoDem
CommunisteChasse Pêche Nature TraditionsDiversUDF-Mouvement Démocrate
Divers gaucheDivers droiteRégionaliste
EcologisteExtrême droite

Extrême gaucheFront national

Les VertsMajorité présidentielle

Radical de gaucheMouvement pour la France

SocialisteUnion pour un Mouvement Populaire

C’est une approche simpliste qui considère que les forces de gauche et de droite se reportent parfaitement. Mais c’est déjà une approximation un peu meilleure que la première.


3) Les duels du second tour

Pour simplifier, on considère que seuls les deux meilleurs candidats parmi les quatre groupes mentionnés précédemment s’affrontent au second tour. Les autres, s’il y en a, se désistent. On obtient donc :


Nombre total circonscriptions : 577
Nombre de candidats élus des le 1er tour : 110
Récapitulatif des duels du second tour :
Droite vs Gauche : 453
Droite vs Modem : 5
Droite vs Divers : 6
Gauche vs Modem : 0
Gauche vs Divers : 1
Modem vs Divers : 0
-------------------------
Total duels : 465

Victoires 1er tour + Duels : 575
Candidatures uniques au 2nd tour : 2
nord-19eme
seine-saint-denis-7eme

Donc 453 des 465 duels du second tour sont des duels Gauche (au sens large) VS Droite (au sens large).


4) On ventile la contribution des électeurs du MoDem

Pour simplifier, on néglige la contribution au second tour des candidats marqués "Divers" (Divers + Régionalistes), considérant que leurs votes vont se répartir équitablement entre droite et gauche. Et on ventile la répartition des voix du MoDem, de 50% à 100% en faveur de la gauche, par incréments de 10%.

Parti En tête 1er tour MoDem 50% MoDem 60% MoDem 70% MoDem 80% MoDem 90% MoDem 100% Résultat réel
Mouvement pour la France 11111111
Ecologiste 00000000
Union pour un Mouvement Populaire 415365356341325313300314
Socialiste 111141149160176186199185
Majorité présidentielle 2522222222222222
Les Verts 22344444
Régionaliste 11111111
Extrême droite 00000000
Radical de gauche 25577997
UDF-Mouvement Démocrate 13333333
Front national 00000000
Extrême gauche 00000000
Communiste 614141515151515
Chasse Pêche Nature Traditions 00000000
Divers droite 77777779
Divers 01111111
Divers gauche 615151515151515

On constate que la colonne MoDem 90% correspond quasiment aux résultats du second tour. Ce qui n’est pas du tout surprenant étant donné l’analyse précédente. Par ailleurs, on constate que même avec une redistribution équivalente (50/50) des voix MoDem entre droite et gauche (hypothèse dont on sait qu'elle est trop favorable à l'UMP), on est autour de 365 sièges UMP, bien en dessous des 400 à 450 annoncés.


5) Validation : matrice de confusion

On peut analyser un peu plus finement la colonne qui correspond à un report de 90%/10% des voix du MoDem en faveur des candidats de gauche, qui correspond à la meilleure hypothèse du tableau précédent en terme de répartition de sièges.

Evidemment, l’hypothèse du report parfait des voix entre les différents partis de droite et entre les différents partis de gauche est fausse. Mais si elle est fausse d’un coté, elle l’est également de l’autre, et au final on peut supposer que ces deux erreurs se compensent. Idem pour les circonscriptions erronées : comme cette hypothèse ne favorise ni un camp ni l'autre, on peut s'attendre à ce que statistiquement, les erreurs de prédiction d’élus de gauche au profit d’élus de droite soient compensées par les erreurs de prédiction d’élus de droite au profit d’élus de gauche. Cette hypothèse est confortée par le fait que la quasi-totalité des duels du 2nd tour sont des duels droite/gauche (453 sur 465).

C’est ce qu’on constate avec la matrice de confusion suivante :


MPF ECO UMP PS RG V DG REG ED NC MODEM FN EG COM CPNT DD DIV
MPF 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
ECO 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
UMP 0 0 290 19 3 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
PS 0 0 18 167 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
RG 0 0 1 0 6 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
V 0 0 0 0 0 4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
DG 0 0 2 0 0 0 13 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
REG 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0
ED 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
NC 0 0 0 0 0 0 0 0 0 22 0 0 0 0 0 0 0
MODEM 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0
FN 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
EG 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
COM 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 15 0 0 0
CPNT 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
DD 0 0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 7 0
DIV 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1
TOT EST. 1 0 313 186 9 4 15 1 0 22 3 0 0 15 0 7 1
TOT REEL 1 0 314 185 7 4 15 1 0 22 3 0 0 15 0 9 1

En lignes on a les valeurs réelles, en colonnes les valeurs prédites. Cette matrice permet d’analyser la répartition des erreurs de prédiction. Par exemple, 19 députés UMP sont étiquetés PS, et 18 députés PS sont étiquetés UMP.

Une bonne matrice de confusion est une matrice qui contient une diagonale importante. Et on voit que c’est le cas ici.


En rouge la répartition des sièges estimée.
En vert la répartition réelle.


Conclusion

C’est bien gentil de fouiller dans les données connaissant le résultat, mais qu’est ce que cela nous apprend ?

Avant le premier tour, il était assez clair que le résultat du MoDem serait l’un des facteurs clés de cette élection.
Je présente donc une idée extrêmement simple : à partir du résultat du 1er tour, rassembler les partis en deux grands groupes : "Droite" et "Gauche". Pour simplifier, on écarte les "Divers" qui ne sont pas présents au second tour, et on ventile la répartition des suffrages du MoDem entre droite et gauche.

C'est un modèle très simpliste, qui considère des reports "parfaits", et qui ne prend en compte aucune spécificité locale. Et pourtant, on n'est pas si loin du compte, la matrice de confusion le montre : on a une configuration pour laquelle les résultats sont très proches de la réalité.

Ce que cette étude montre, c’est que les résultats du second tour ne sont pas du tout en décalage avec ceux du premier tour. Ils en sont la confirmation. Ca semble évident : il faut vraiment prendre les gens pour des abrutis pour penser qu'ils votent noir un jour et blanc le week-end suivant.

Dans le tableau qui ventile la répartition des voix du MoDem, on ne sait pas quelle colonne sera la bonne (même si a priori on peut se douter que les voix des électeurs du MoDem seront principalement défavorables à la majorité annoncée). Mais quoi qu'il en soit, ce simple tableau montre très clairement que les prédictions qui ont continué à annoncer un raz de marée bleu après le premier tour étaient totalement erronées.

Cette étude montre donc que les évènements survenus entre les deux tours ont eu une incidence tout à fait marginale sur l’issue du scrutin, la seule véritable grosse inconnue du second tour étant le degré de défiance des électeurs du MoDem vis à vis de la majorité présidentielle.

Pas besoin d’avoir recours à une explication fumeuse type TVA sociale, ou comme on nous l’a également suggéré, une démobilisation d’un coté et une remobilisation de l’autre. Démobilisation/Remobilisation qui se serait opérée de manière parfaitement symétrique (dans les mêmes proportions d’un coté comme de l’autre) puisque le taux d’abstention du second tour est resté quasiment identique à celui du premier tour : autour de 39.5%

TVA sociale et démobilisation/remobilisation sont des tentatives pour expliquer a posteriori un basculement imaginaire qui serait survenu entre les deux tours.

Ce basculement imaginaire de l’entre-deux tours permet à tous nos analystes de sauver la face, puisque cette "bourde" de la TVA sociale était par nature imprévisible.
Ca leur permet également d’éviter de se poser des questions sur les raisons antérieures au premier tour qui sont susceptibles d’expliquer ce succès en demi-teinte de l’UMP. Pourquoi ne pas plutôt être allé regarder du coté de :

  • l’escapade maltaise de Nicolas Sarkozy, et du fait qu’un certain nombre de ses électeurs aient pu se rendre compte qu’ils étaient cocus dès le lendemain de l’élection (selon l’expression de Demian West)

  • Censure du JDD à propos de l’abstention de Cecilia Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle
  • Les rapprochements entre Médias et Pouvoir qui se sont opérés comme prévu.
  • La servilité des médias français vis à vis de l’intervention de Nicolas Sarkozy au G8, dont ils n’ont parlé que parce que le buzz sur internet l’avait rendue impossible à ignorer.
  • Les bobards sur l’écologie
  • Le fait qu’une partie des électeurs de Nicolas Sarkozy commencent petit à petit à prendre conscience que ses promesses sont contradictoires
  • Un rejet de la "stratégie d’ouverture"
  • Le ras le bol de son omniprésence
  • Une profonde aversion des français pour le jogging
  • Le bouclier fiscal
  • Le rejet par ce gouvernement de l’idée du non-cumul des mandats
  • ...

Bref, les raisons sont nombreuses. La TVA sociale, qui n’a eu qu’une incidence tout à fait marginale, est l’arbre qui cache la forêt.

Compte tenu de la manière dont les journaux ont persisté dans l’erreur (même après le premier tour, alors qu’il était devenu clair que le "raz de marée bleu" n’aurait pas lieu), on est en droit de se demander si cette "grosse vague bleue" a eu une quelconque légitimité à un moment donné, ou si au contraire ça a toujours été une illusion, un mirage que les médias ont contribué à dessiner (volontairement ou non, mais quel acharnement dans l'erreur !), article après article.



Le programme informatique sous licence GPL (écrit en langage Python) qui permet de générer ces résultats, et une copie des données en provenance du site du JDD sont disponibles à l’adresse : http://archives.du.souk.free.fr/elections/legislatives2007



lundi 2 juillet 2007

Ecologie : "La France fera de ce combat son premier combat"... ou pas

Hé oui, c'était au soir du 6 mai, le premier discours de Nicolas Sarkozy tout auréolé de sa victoire aux élections présidentielles. Premier discours et premiers bobards.

Attention ça va très vite, ça se passe entre 6'57'' et 7'02'' : "La France fera de ce combat son premier combat"

Comme l'indique très justement ce billet de blog :

Cette phrase est étonnante dans la bouche d'un personnage qui n'est pas vraiment connu pour ces idées écologistes. Peut-être qu'en fait cette phrase a été prononcée un peu vite. En tout cas, fait assez surprenant, elle a été retirée de la transcription écrite du discours. Déjà un changement de position ? Tout de même pas la censure sur le site officiel ? Pour comparer voici le lien vers la vidéo du discours. Évidemment les promesses n'engagent que ceux qui y croient.


Le réchauffement climatique est en effet un combat vite oublié.



Comme l'indique le Canard Enchaîné, la future réunion sur l'environnement (qu'on appelle "Grenelle" pour bien montrer à quel point c'est important) est repoussée au moins d'octobre. On y parlera de tout, sauf du nucléaire, sauf des OGMs, sauf des autoroutes, sauf de l'agriculture intensive, sauf de la pollution automobile... Bref, on y parlera de tout sauf d'écologie.






A propos des OGMs justement :
  • Agriculture dite "biologique" qui pourra contenir jusqu'à 0.9% d'OGM
  • Culture du Maïs transgénique Mon810 reste autorisée en France malgré son interdiction en Allemagne
« Face aux incertitudes scientifiques sur les OGM, la décision du gouvernement de ne pas instaurer de moratoire sur le maïs OGM MON810 montre que l'environnement et la santé humaine pèsent bien peu face au lobby de l'agriculture transgénique »
[...]
« Si le gouvernement semble bel et bien sourd aux demandes des Français, des experts indépendants et des écologistes, il n'hésite pas à servir les intérêts des lobbies de l'agriculture intensive »




"La France fera de ce combat son premier combat".



http://www.youtube.com/watch?v=oXl6ewfQGIU