samedi 30 juin 2007

L'image de la femme à travers la publicité



Il est tout à fait justifié de déplorer les mauvais traitements infligés aux femmes à travers le monde. Il est de bon ton de rappeler qu'il est de régions du globe où leur situation est bien plus dramatique qu'ici.

Mais il faut également penser à balayer devant sa porte. Encore faut-il être capable d'analyser de manière suffisamment objective notre propre modèle de société, afin d'en évaluer les limites et essayer de les corriger.

Cet extrait de Killing Us Softly 3 pose la question de l'image de la femme à travers la publicité.




Extrait :

It certainly is true, in fact it's more true than ever, that advertising is the foundation of the mass media. The primary purpose of the mass media is to sell products. Advertising does sell products of course, but it also sells a great deal more than products. It sells values, it sells images, it sells concepts of love and sexuality, of romance, of success. And perhaps more important, of normalty. To a great extent, advertising tells us who we are, and who we should be.



Il est certain, et sans doute aujourd'hui plus que jamais, que la publicité est le fondement même des médias de masses. L'objectif principal des médias de masses est de vendre des produits. Bien sûr, la publicité vend des produits. Mais elle vend également bien plus que cela : elle vend des valeurs, elle vend des images, elle vend certaines conceptions de l'amour et de la sexualité, une certaine idée du romantisme et du succès. Et peut être même encore plus important, elle vend une certaine conception de la normalité. De façon plus générale, la publicité nous dit qui nous sommes, et ce que nous devrions être.


Monsieur Le Lay, vous avez tout compris.


vendredi 29 juin 2007

Le 11 septembre selon France 3 : "Nous ? On n'a pas dit ça !"



Dans un billet précédent, j'ai dit qu'il n'y avait pas de preuve tangible (selon l'expression du FBI : "no hard evidence") de l'implication de Ben Laden dans les attentats du 11 septembre.

A vrai dire, il n'y a pas plus de raison de croire ou de douter de l'implication de Ben Laden et des Talibans dans les attentats du 11 septembre qu'il n'y avait de raisons de croire ou de douter de l'existence des armes de destruction massive en Irak et de l'imminence du danger que ces armes constituaient.
La seule différence majeure se situe dans le traitement médiatique de ces deux questions. Du moins en France, puisqu'aux Etats-Unis, rappelons que plus de 80% des Américains étaient convaincus que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive, et même qu'il était intimement lié à ce qu'on a appelé "la nébuleuse Al-Quaïda".


Le 6 décembre dernier, Marie Drucker, présentatrice du journal télévisé Soir3, reçoit Nicole Bacharan (présentée comme spécialiste des Etats-Unis) pour discuter du rapport Becker et la situation en Irak. Elle se lance dans un speech maladroit dans lequel elle fait une différence nette entre la guerre en Irak lancée sur de mauvais prétextes (armes de destruction massive), et la guerre en Afghanistan qu'elle présente comme légitime et justifiée.
C'est totalement faux, car si Ben Laden est bien un terroriste recherché, c'est pour les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Nigeria en 1998. Il n'est pas inculpé pour les attentats du 11 septembre, et il n'est pas recherché pour les attentats du 11 septembre.

Il n'y a pas plus de raisons de croire ou de douter de cette affirmation :
Nous avons les preuves que Ben Laden est responsable des attentats du 11 septembre, et nous rendrons ces preuves publiques le moment venu
Condoleeza Rice
que de celle-ci :
Nous avons les preuves que Saddam Hussein détient des armes de destruction massives, et nous rendrons ces preuves publiques le moment venu
Colin Powell

Que ce soit de Ben Laden et ses sbires Talibans Afghans ou de Saddam Hussein, il s'agissait de dictatures sanguinaires. Dans les deux cas, le méchant est tellement méchant qu'il est très facile de charger la barque sans avoir à apporter les preuves des nouvelles accusations. Dans les deux cas, les Etats Unis sont partis en guerre illégitimement et illégalement sans l'accord de l'ONU, en se basant sur de fausses déclarations. Ces deux invasions trouvent leur justification morale dans les attentats du 11 septembre. L'une comme l'autre sert à alimenter la pompe à fric, d'un coté à travers l'argent de la drogue, de l'autre à travers la manne pétrolière. Il n'y a fondamentalement aucune différence entre les deux.

Dire qu'il y a une différence entre les deux, et laisser supposer que l'invasion de l'Afghanistan est justifiée par les attentats du 11 septembre, c'est un mensonge par omission : c'est jouer sur l'ignorance et la sur la croyance largement véhiculée que Ben Laden est incontestablement l'auteur des attentats du 11 septembre. C'est pourtant une théorie qui n'a pas plus de justification que celle qui prétendait que l'Irak détenait des armes de destruction massive.

Dans le meilleur des cas, le silence de Marie Drucker est le triste reflet de son incompétence. Sinon, il ne s'agit pas d'une simple erreur ou d'une méconnaissance du sujet : elle se rend complice d'un mensonge par omission, l'un des ingrédients de base d'une bonne campagne d'intox. Dans les deux cas, le résultat est le même.

J'ai donc envoyé une lettre à la médiatrice des programmes de France 3 pour lui demander des explications.
Voici la réponse qu'elle m'adresse, 3 semaines plus tard :




France 3
Médiatrice des rédactions
7, esplanade Henri de France
75907 PARIS CEDEX 15


Paris, le 3 janvier 2007


Monsieur,

Merci pour votre courriel. J'ai réécouté avec beaucoup d'attention l'interview de Madame Bacharan concernant l'Afghanistan. Elle dit, "cette guerre par les Américains était considérée comme la bonne guerre". Une guerre non idéologique, menée par l'Otan, soutenue par de nombreux pays. C'était la guerre contre le terrorisme. Elle ne dit pas que cette guerre est justifiée par l'attentat du 11 septembre. Elle ne fait pas allusion à cet attentat. Elle ne fait que commenter la position des Etats-Unis. Jamais elle n'affirme que les Talibans sont impliqués dans les attentats du 11 septembre. Je tenais à vous apporter ces précisions.

Cordialement.




Conclusion : j'envoie un email pour me plaindre qu'une personne invitée au JT sous-entende que Ben Laden et les Talibans sont derrière les attentats du 11 septembre sans que cela ne suscite la réaction de la journaliste qui prétend l'interviewer. La médiatrice des programmes me répond en substance : mais voyons de quoi tu te plains bonhomme, on n'a pas dit ça explicitement.

mercredi 27 juin 2007

Chomsky : borner le débat

Nouvel extrait de Manufacturing Consent sur Noam Chomsky.
Cette vidéo est la suite logique du billet précédent sur les deux cibles de la propagande.
A mon avis, c'est l'un des extraits les plus importants du documentaire.



http://www.youtube.com/watch?v=PsWsQKdqUf4



Dans cet extrait, Chomsky balance un paquet d'idées, qui mériteraient toutes d'être développées plus longuement. Il y décrit également un certain nombre de facteurs qui tendent à réduire l'autonomie des médias.

Pour façonner l'histoire en marche, il est indispensable que certaines questions soient posées, et que d'autres soient ignorées, que certaines choses apparaissent et que d'autres soient pudiquement écartées.

Il développe également un point qui me semble particulièrement important. C'est ce qu'il appelle le "bounding of debate". Borner le débat. Canaliser le débat. Si la presse parvient à donner l'illusion d'une autonomie, d'un positionnement critique, voir même d'une certaine hostilité vis à vis du pouvoir, ça lui permet de canaliser l'opinion encore plus efficacement. En effet, si la presse semble déjà tellement critique vis à vis du pouvoir, alors chercher à se montrer encore plus critique, encore plus radical, ce serait nécessairement tomber dans l'extrémisme.

Il décrit un autre phénomène important : le processus de marginalisation qui frappe ceux dont les propos se situent hors du cadre que les médias auront définit comme acceptable. Tout en prônant la pluralité et la diversité, les médias vont avoir tendance à marginaliser, à exclure et à éliminer les points de vue dissidents.

Il met en évidence un autre point assez simple : c'est avant tout la pub qui alimente la pompe. Ca rejoint tout à fait les propos de Patrick le Lay en 2004. Ce qu'on peut légitimement s'attendre à obtenir en sortie, c'est une vision du monde (une perception du monde) qui satisfait les intérêts des propriétaires des médias, des annonceurs et des produits.

mardi 26 juin 2007

One Voice Movement

A propos du conflit Israelo-Palestinien, il y a un certain nombre de points de vue qu'on est pas tellement habitués à entendre.

Par exemple, ça c'est intéressant :



http://www.youtube.com/watch?v=34bVcLMrcRs

samedi 23 juin 2007

Les journalistes relégués au rang de simples relais des services de communication des grandes entreprises ?



Communiqué du SNJ-CGT d'octobre 2006, repris par Acrimed : Lorsque EADS communique dans les JT de France 3.


France 3 diffuse dans son JT des "interviews" de Louis Gallois... Interviews réalisées par le service de communication d'EADS :




vendredi 22 juin 2007

Ben Laden et le 11 septembre : pas de preuve tangible

Dans un billet précédent, j'ai dit que je m'emploierai à vous montrer qu'il est impossible de compter sur les grands médias pour se faire une opinion objective à propos du 11 septembre. J'ai également dit que l'analyse des médias à travers l'étude de cas "11 septembre" se révèlerait riche en enseignements.


Imaginez... Imaginez un monde dans lequel l'ennemi public n°1 est recherché pour d'autres crimes que ceux qui lui sont communément attribués.

Ouvrez les yeux, nous sommes arrivés. Bienvenue. Bienvenue dans notre monde médiatiquement modifié. Un monde dans lequel Oussama Ben Laden n'est pas inculpé pour les attentats du 11 septembre 2001, et n'est pas recherché pour les attentats du 11 septembre 2001.

Le FBI l'a confirmé à plusieurs reprises : si Ben Laden n'est pas recherché pour les attentats du 11 septembre, c'est parce qu'il n'y a pas de preuve tangible de son implication dans ces attentats ("no hard evidence"). Une information pour le moins étonnante, que nos médias n'ont pas jugé utile de nous communiquer.



Vous pouvez le vérifier sur le site du FBI. Ben Laden est un terroriste qui est recherché pour les attentats contre les ambassades américaines de Dar Es Salam (Tanzanie) et de Nairobi (Kenya). C'est un criminel dont les attentats ont causé la mort de plus de 200 personnes. Mais il n'est aucunement fait mention des attentats du 11 septembre.
La vidéo de "confession" du 13 décembre 2001


Ben Laden a nié toute implication dans les attentats du 11 septembre à plusieurs reprises.
Pourtant, on se souvient tous de la vidéo diffusée sur toutes les chaînes de télé, dans laquelle Ben Laden reconnaît être à l'origine des attentats. La fameuse "Bin Laden confession tape".


Cherchez l'intrus




Vous avez le choix entre 6 propositions :
1 - A
2 - B
3 - C
4 - D
5 - E
6 - Obiwan Kenobi




Comme c'est une question à 25 M$ (cf le montant de la prime offerte par le FBI), vous décidez d'utiliser votre joker. C'est un choix prudent et raisonné.




Alors ?


Ce jeu vous a été présenté avec l'aide de :
http://www.911lies.org/fake_bin_laden.html




Par ailleurs, l'arabe est une langue qui s'écrit de la droite vers la gauche. Mais ceci n'implique en aucun cas qu'un arabe gaucher écrive de la main droite... Ca semble évident, mais il vaut mieux le préciser :






Cette vidéo de décembre 2001 a été diffusée sur toutes les chaînes de télé. Les journalistes les plus prudents ont rapidement précisé qu'elle n'avait pour l'instant pas été authentifiée. Elle ne le sera jamais. Et pour cause, il s'agit d'un faux grossier. Mais qui s'en soucie ?


Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est de se replonger dans les articles de l'époque, et d'analyser de quelle manière ils sont construits.
C'est intéressant de voir comment fonctionne l'opposition contrôlée. Par exemple, dans :
http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/americas/1711874.stm

"I still have doubts about the tape's validity. You just don't know who is telling the truth. People are saying there can be different translations of Arabic, so I am fairly sceptical."

La question n'est pas de savoir si cette vidéo est valide ou non, mais plutôt si elle est correctement traduite. Savoir si elle est authentique ou non est une question qui ne se pose même pas. C'est une parfaite illustration de la manière dont les médias donnent l'impression d'occuper le terrain de la contestation à travers un faux scepticisme, en ensevelissant les questions qui fâchent sous les faux débats.



A vrai dire, il n'y a pas plus de preuves de l'implication de Ben Laden et des Talibans dans les attentats du 11 septembre, qu'il n'y a de preuves que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive.
Je reviendrai la dessus en publiant le contenu d'un email que m'a envoyé la médiatrice de France3 il y a 6 mois. Son email est une réponse à un message que je lui ai adressé suite à une n-ième interview d'intox sur ce sujet.

jeudi 21 juin 2007

Discours décomplexés de la France d'après : Noachovitch et Copé

Dans la France d'après, Georges Frêche a de la concurrence, comme le montrent les déclarations récentes de Sylvie Noachovitch et de Jean François Copé.


Vous vous souvenez sans doute de la brillante sortie de Georges Frêche, qui avait déclaré entre autres :

"Les Harkis ont vocation à être cocus jusqu’à la fin des temps (...) Vous n’avez rien du tout, vous êtes des sous-hommes, vous n’avez aucun honneur !"

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=23184





Dans la France d'après, les langues se délient. Et quoi qu'on en dise, au moins la parité est respectée :

  • Le Canard Enchainé rapporte une déclaration tout à fait délicieuse de Sylvie Noachovitch :
"Moi, mon mari peut dormir tranquille. Dans ma circonscription, il n’y a que des Noirs et des Arabes. L’idée de coucher avec l’un d’entre eux me répugne."

  • Jean François Copé pour sa part, traite les militants de gauche de "cloportes" et de "résidus". Pas mal, pas mal, mais je sens un gros potentiel chez ce type, je suis sûr qu'il peut faire encore beaucoup mieux.



Il paraît qu'on a les hommes politiques qu'on mérite.

mercredi 20 juin 2007

BIOGM : on va se régaler !


Dans notre société médiatiquement modifiée, agriculture BIO et OGMs ne sont pas incompatibles. C'est en tous cas ce qu'ont décidé la Commission Européenne et le Conseil des Ministres, contre l'avis du Parlement Européen qui avait rejeté cette idée à 611 voix contre 61.


Extrait d'un article de Pierre Eyben :

En dépit d’une mobilisation du Parlement européen, la Commission puis le Conseil des ministres de l’agriculture viennent de céder aux demandes des lobbys de l’agro-alimentaire et d’approuver ce 12 juin un règlement qui autorise la présence d’organismes génétiquement modifiés dans les produits bio. C’est à nouveau une parfaite illustration du déficit démocratique des instances européennes avec des mouvements citoyens qui ne sont pas entendus et un Parlement qui sur de nombreuses thématiques n’a qu’un avis consultatif.



Autre article, sur NaturaVox : La démocratie à l’épreuve de la réalité OGM


Voir également : article dans Le Monde ("présence fortuite", j'aime beaucoup cette formule)

mardi 19 juin 2007

Chomsky : les deux cibles de la propagande

Aujourd'hui, une nouvelle vidéo extraite du documentaire Manufacturing Consent.




Chomsky désigne grossomodo 2 cibles pour la propagande. En première approximation, il découpe la population en deux grandes catégories : les 20% les plus diplômés, et les autres.

  • Ce sont ces 20% qui sont la cible principale de la propagande. On pourrait croire qu'ils sont les mieux équipés pour se défendre. Et pourtant, ce sont eux, ces 20% à qui on a bourré le mou pendant des années en leur expliquant qu'ils deviendraient "l'élite de la nation", qui sont dans le rôle du gibier. Ce sont ceux qui doivent être le plus profondément endoctrinés.
  • Les 80% restants sont ceux à qui on a répété qu'ils ne comprennent rien à rien parce que de toutes façons c'est bien simple : ils sont trop cons. On le leur a dit et répété inlassablement sous diverses formes, à tel point qu'une partie d'entre eux a réellement fini par le croire. Ceux là sont littéralement dressés pour croire aveuglément "le spécialiste", "l'expert", ou celui qu'on leur désignera comme tel. Ils doivent être occupés, distraits et divertis, pour surtout ne pas avoir à se mêler de ce qui les regarde.


Si les 20% cernent en général assez bien ce deuxième aspect, ils ont en revanche beaucoup plus de mal à considérer sérieusement le premier. Personne n'aime se retrouver dans la position du gibier. C'est bien connu, la propagande c'est toujours pour les autres.


Chomsky évoque également l'idée du "bounding of debate" (borner le débat). C'est une notion très intéressante. Je reviendrai là dessus plus tard :)

lundi 18 juin 2007

Pierre Larrouturou et Eric Halphen portent plainte contre François Fillon

Diffusion de fausses nouvelles en période électorale


Pierre Larrouturou et Eric Halphen sonnent la charge contre le premier ministre qui, disent-ils chiffres à l’appui, « ment sur les chiffres du chômage, ment sur la réforme des retraites et quand il promet le plein emploi à plein-temps d’ici cinq ans. » Joignant les actes à la parole, ils portent plainte contre François Fillon pour « diffusion de fausses nouvelles en période électorale » sur la base de l’article L.97 du code électoral qui punit d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de 15 000 euros « ceux qui, à l’aide de fausses nouvelles ou autres manoeuvres frauduleuses, auront surpris ou détourné des suffrages, » et appellent les citoyens à en faire autant auprès de leurs juridictions.

Article complet :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1069


Autre source :
http://www.liberation.fr/rebonds/259414.FR.php

dimanche 17 juin 2007

Attentats du 11 septembre : de l'autre coté du miroir

Coluche disait :

Autant je suis pas contre dire du mal des cons quand ça se voit, autant on ne va pas parler des cons sans faire un détour par les militaires.



Comme vous êtes sympas, je vous propose le sketch dans son intégralité :












Pareil ici :
Autant je suis pas contre dénoncer les campagnes de désinformation qui nous prennent pour des cons, autant on ne va pas parler de manipulation médiatique à grande échelle sans faire un détour par les attentats du 11 septembre.


C'est même étonnant que je sois parvenu à me retenir aussi longtemps : ça fait presque un mois complet que ce blog est ouvert ! Pour l'instant, je me suis contenté d'effleurer le sujet : ici, , je suggère l'idée ici, je suis un peu plus précis ici. Hitler et Goebbels sont également venus nous donner leur avis de consultants exclusifs. Et enfin l'idée est également présente dans l'article sur les dessins de Mahomet, lorsque je parle du "traitement médiatique réservé à l'évènement international le plus important depuis la chute du mur de Berlin".


Donc... pas grand chose de concret pour l'instant. Pourtant, en créant ce blog, je savais bien que c'était l'un des sujets auxquels je réserverai une place importante.

Je ne vous ferai pas l'affront de me lancer dans une argumentation interminable pour justifier l'idée selon laquelle les attentats du 11 septembre 2001 constituent bel et bien l'évènement international le plus important de ces 15 dernières années.

En revanche, cet évènement tragique constitue également un formidable levier pour prendre conscience de l'ampleur de l'océan de désinformation dans lequel nous sommes plongés.
Par une série de billets sur ce blog, je m'appliquerai à vous prouver qu'il est aujourd'hui totalement impossible de compter sur les médias pour se faire une opinion objective sur ce sujet. Et c'est très grave. Le fait de ne pas pouvoir compter sur les médias pour nous informer sur un évènement aussi central, nous oblige à remettre très sérieusement en question la manière dont nous concevons notre rapport à l'information. La manière dont nous nous informons. A nouveau, je vous renvoie vers un billet précédent à propos des médias indépendants.

Car si les principaux médias commerciaux ont la capacité d'enquêter, d'informer et de révéler ; ils ont également la capacité d'étouffer, en passant sous silence un certain nombre d'informations pertinentes, ou en les noyant dans la masse. Aucun exemple ne l'illustre mieux que le 11 septembre. C'est l'une des raisons pour laquelle il est intéressant de se pencher sur ce sujet. L'analyse des médias à travers l'étude de cas "11 septembre" se révèle riche en enseignements.


Pour ceux qui souhaitent prendre de l'avance, le site francophone le plus actif et le mieux documenté sur le sujet :

samedi 16 juin 2007

jeudi 14 juin 2007

Dictature participative (humour)

Une p'tite blague !! Une p'tite blague !!!!

Bon d'accord...


Extrait du Monde d'aujourd'hui :



mercredi 13 juin 2007

"Censure à la Chavez" : retour sur une campagne d'intox à la française





Pour commencer, je vous propose un extrait d'une intervention récente de François Bayrou, interrogé à propos de l'attribution de TF1 au groupe Bouygues.

« La loi votée il y a vingt ans (...) stipulait qu’il fallait vérifier que les engagements pris par les chaînes, notamment en matière de programmes culturels, étaient tenus. Ces rendez-vous fixés par la loi n’ont jamais été honorés. Et l’on a prolongé, sans que personne ne s’en aperçoive, les concessions sans la moindre discussion. Ce n’est pas juste. »


Or c'est bien de cela dont il est question lorsque Hugo Chavez refuse de renouveler la concession hertzienne attribuée à la chaîne de télévision RCTV. Mais les médias français ne l'entendent pas de cette oreille, et ils profitent de cette opportunité pour se lancer dans ce qu'Acrimed appelle "un concert de désinformation".

  • "Suppression de la licence de la chaîne de radiotélévision d'opposition RCTV" : FAUX
  • "Chavez a ordonné la disparition de RCTV" : FAUX
  • "Venezuela : la dernière chaîne d’opposition à Chávez a cessé d’émettre ": FAUX
  • On minimise l'importance du coup d'état anti-chaviste de 2002
  • On minimise le rôle qu'a joué la RCTV dans le coup d'état militaire manqué de 2002
  • Le non-renouvellement de la licence hertzienne à la RCTV nuit au pluralisme audiovisuel : FAUX
  • "80% de la population regrette la décision de Chavez" : FAUX
  • On oublie de préciser que la RCTV a enfreint les règlements audiovisuels sur la pub, la violence, les images subliminales et la pornographie à 652 reprises entre juin 2006 et décembre 2006.
  • etc...

Entre vrais mensonges, fausses vérités, omissions et distorsions... Acrimed nous aide à y voir plus clair dans un très bon article de Henri Maler et Mathias Reymond, dont je vous recommande chaudement la lecture :


A voir également, l'article de Michel Collon :
http://groups.google.be/group/AlterEFP/browse_thread/thread/f65a98cbf773369?hl=fr


Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous propose le documentaire "la señal es de todos" (le signal est à nous) : très intéressant pour les donneurs de leçons que nous sommes en matière de démocratie.


Et pour terminer, un pointeur vers un documentaire que je n'ai pas encore vu. Mais l'interview de la réalisatrice Vanessa Stojilkovic laisse présager un film très prometteur :




dimanche 10 juin 2007

Sarkozy complètement raide au sommet du G8 ?

Boris Eltsine est mort. Il semblerait que Nicolas Sarkozy soit tout désigné pour devenir la risée du monde à sa place. La vidéo suivante provient de la télé belge (quand les Belges se foutent de notre gueule, ça fait vraiment très mal...) :

"Caricatures de Mahomet" et liberté d'expression : quand l'esprit critique met les voiles



Illustration de ce que je disais dans un billet précédent à propos d'AgoraVox : si vous estimez que votre point de vue n'est pas suffisamment défendu, ou lorsque vous pensez avoir des idées à faire valoir, lancez vous.

Il y a quelques mois, j'ai posté mon premier article sur AgoraVox. Un genre de baptême du feu. J'aurai sans doute pu écrire un article consensuel sur un sujet bateau. Mais c'était quand même beaucoup plus drôle de pondre un article polémique sur un sujet polémique : les dessins qu'on a appelés "caricatures" de Mahomet.
Sujet polémique, parce que c'est un sujet sur lequel les positions sont très tranchées. On est donc sommés de choisir son camp : soit on est soit du coté de Charlie Hebdo, soit du coté des associations musulmanes qui lui ont intenté un procès. Et d'un coté comme de l'autre, si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi.
Article polémique, parce qu'il tape à la fois sur Charlie Hebdo, sur les associations musulmanes qui lui ont intenté un procès, et sur nous tous qui avons accepté sans broncher l'idée qu'en publiant ces dessins, les journalistes de Charlie Hebdo avaient défendu la liberté d'expression. En acceptant l'idée que Charlie-Hebdo avait défendu la liberté d'expression, avec un peu de recul je trouve qu'on a vraiment manqué de lucidité.


C'est du point de vue de la défense de la liberté d'expression que se place cet article.
Défendre la liberté d'expression, c'est faire ce que Voltaire a dit à Rousseau :
Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous puissiez continuer à le dire.

Défendre la liberté d'expression, c'est exactement ça, et ce n'est pas autre chose. J'y reviens dans l'article.

Pour illustrer mon propos, j'ai choisi de m'appuyer sur un extrait du documentaire Manufacturing Consent sur Noam Chomsky : un extrait relatif à l'affaire Faurisson. On pourrait croire qu'en mélangeant deux sujets ultra-polémiques on crée un cocktail explosif. Je ne crois pas. Au contraire même, je pense que ça oblige à faire une pause et à reconsidérer sa position.
Cette référence à l'extrait de Manufacturing Consent me semble essentielle pour bien comprendre le point que je tente de développer dans l'article. Etant donné les commentaires des lecteurs d'Agoravox, je pense que je ne l'ai pas suffisamment mise en valeur dans l'article, elle est un peu perdue au milieu du blabla.

Je vous propose donc de commencer par ça :









L'article sur Agoravox :

Il est disponible à l'adresse :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=21499

Je copie ici l'intégralité de l'article :

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Charlie Hebdo, les "caricatures" et la liberté d’expression
Chalie-Hebdo relaxé, c’est une bonne nouvelle pour la liberté d’expression. Leur condamnation aurait créé un précédent inquiétant. Pour autant, les journalistes de Charlie Hebdo ont-ils défendu la liberté d’expression?

Charlie Hebdo relaxé, c’est effectivement une bonne nouvelle pour tous ceux pour qui la liberté d’expression a un sens. Mais attention à ne pas se réjouir trop vite. Les défenseurs de la liberté d’expression ont encore bien du pain sur la planche.
Tout d’abord, qu’est ce que la liberté d’expression ? Qu’est ce qui caractérise la liberté d’expression ? En premier lieu, la liberté d’expression, ce n’est pas seulement le fait "de pouvoir dire ce qu’on veut". En tout cas, ce n’est pas une caractéristique spécifique de la liberté d’expression. N’importe quel despote ou n’importe quel tyran revendique également le droit de pouvoir dire ce qu’il veut. Il ne défend pas la liberté d’expression pour autant.
De la même manière, une idée qu’on reprend à son compte est une idée à laquelle on adhère. En reprenant une idée à son compte, on ne défend pas la liberté d’expression, on défend cette idée particulière. En effet, là encore, n’importe quel despote est pour la liberté d’expression des idées auxquelles il adhère, n’importe quel tyran est pour la liberté d’expression des idées qui lui sont favorables. Ca n’implique pas d’être favorable à la liberté d’expression pour autant.
Le fait de défendre la liberté d’expression des idées auxquelles on adhère n’implique en aucune manière le fait de défendre la liberté d’expression.
Finalement, ce qui caractérise la liberté d’expression, c’est le fait de défendre la liberté d’expression des autres. Une personne qui défend la liberté d’expression, c’est une personne qui est prête à s’engager pour défendre le droit des autres à exprimer des idées auxquelles elle n’adhère pas. Défendre le droit des autres à exprimer des idées avec lesquelles elle est en désaccord.
Notre droit à pouvoir prétendre exprimer librement nos opinions découle directement (il est la récompense) de notre vigilance à garantir la liberté d’expression des avis avec lesquels nous sommes en désaccord.
Des lors, il y a une différence fondamentale entre le fait de défendre une idée et le fait de défendre la liberté d’expression de cette même idée. Ce n’est pas juste un détail insignifiant, ou une formule de rhétorique à la noix. Une vidéo de Noam Chomsky permet de bien comprendre la différence :
http://www.youtube.com/watch ?v=zz6Vbl-TWgI
Il y a un an, Charlie Hebdo, d’autres journaux, et une multitude de blogs ont affirmé que ce qu’on a appelé "les caricatures de Mahomet" n’étaient pas choquantes. Par conséquent ils ont publiés ces dessins "par solidarité", "dans le but de défendre la liberté d’expression". Mais... Considérer que ces dessins ne sont pas choquants et choisir de les publier, c’est les reprendre à son compte. Reprendre ces dessins à son compte, ce n’est pas défendre la liberté d’expression, c’est défendre ces dessins.
Ces dessins je les trouve honteux et scandaleux. Mais comme je suis pour la liberté d’expression, je suis pour que soit respecté le droit de Charlie Hebdo (et de tous les autres) de publier ces dessins s’ils le souhaitent. Mais en aucun cas je me laisserai enfermer dans le faux choix imposé qui consisterait à dire : "soit tu es pour ces dessins et tu es avec Charlie Hebdo, soit tu es contre ces dessins et tu es avec les associations musulmanes qui leur ont intenté un procès". Ces dessins je les trouve scandaleux en tout premier lieu parce que tout le monde les a appelé "caricatures". Personne ne semble avoir eu la lucidité de considérer qu’il s’agit de dessins de propagande. Comme si la propagande et l’endoctrinement ne valait que pour les fanatiques religieux, un fléau réservé aux autres et dont nous serions à l’abri. Allons, un peu de sérieux ! En terme d’endoctrinement, nous ne sommes pas en reste. Il suffit d’analyser avec un tout petit peu d’esprit critique le traitement médiatique réservé à l’événement international le plus important depuis la chute du mur de Berlin, pour prendre conscience que nous vivons dans une société extrêmement endoctrinante.
Mais revenons plutôt aux "caricatures". Il suffit de taper "propagande" (ou "propaganda") dans la section "images" de votre moteur de recherche préféré. Vous aurez rapidement une liste de dessins de propagande. Il suffit de comparer avec celle où Mahomet a une bombe dans le turban pour se rendre compte immédiatement qu’on est exactement dans le même registre.

Mais :

On peut l’appeler "caricature" si on veut. Mais cette image, c’est autant un dessin de propagande que tous les autres de la liste (on peut aussi tous les appeler "caricatures" si l’on y tient vraiment).
Est ce qu’il faut traduire en justice et faire condamner un journal pour avoir publié des images de propagande ? Pas du tout !! Les associations musulmanes ont fait fausse route. Les journalistes de Charlie Hebdo sont libres de publier des dessins de propagande dans leur journal. La liberté d’expression vaut pour tous les points de vue, sinon ce n’est pas de la liberté d’expression.
En revanche, en choisissant de publier ces dessins, ils se sont totalement discrédités : publier des dessins de propagande en prétendant ainsi défendre la liberté d’expression, ce n’est pas très flatteur pour leurs lecteurs.
Les journalistes de Charlie Hebdo ne défendent pas la liberté d’expression. Une très bonne illustration est leur absence de réaction suite à la loi initiée par Sarkozy basée sur le prétexte du "happy-slapping", qui constitue une très grave atteinte à la liberté d’expression ( http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=20521 ou http://www.odebi.org/new2/ ?p=231 ). Cette loi crée une différence entre un citoyen et un journaliste dans leur droit à diffuser de l’information. Elle porte atteinte à la liberté d’expression des citoyens, mais pas à celle des journalistes. Où sont les caricatures de Charlie Hebdo pour dénoncer cette atteinte fondamentale à la liberté d’expression des citoyens ? Il n’y en a pas. Car en tant que journalistes, leur liberté d’exprimer leurs idées n’est pas remise en cause.
Que peut-on espérer trouver dans un journal qui n’a apparemment aucune idée de ce qu’est la liberté d’expression ?




samedi 9 juin 2007

Garder un oeil sur : la prédisposition génétique à la délinquance



Sarkozy élu, il y a un certain nombre de questions sur lesquelles il faut garder un oeil attentif.


Je vous rappelle la citation de Sarkozy, rapportée par Michel Onfray dans Philosophie Magazine :

J’inclinerais pour ma part à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie-là. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense ».


Bigre !  Cette prise de position fait froid dans le dos, en particulier dans un contexte dans lequel l'INSERM préconise la mise en place de tests de dépistage de la délinquance dès l'âge de 3 ans en classe de maternelle (j'y reviens à la fin de ce billet).

Voila qui flaire bon la résurgence des idées du XIXème siècle sur les recherches destinées à établir un profil de criminel. Parler de "prédisposition génétique à la pédophilie", parler de "dépistage de la délinquance en classe de maternelle", ça rappelle tristement les théories de Cesare Lumbroso sur le caractère inné de la criminalité.

Je vous renvoie également à l’article de Gabriel Tarde de 1885 :
En revanche, il paraît certain que les malfaiteurs ont le front fuyant, étroit et plissé, les arcades sourcilières saillantes, les cavités oculaires très grandes, comme celles des oiseaux de proie, les mâchoires avancées et très fortes, les oreilles écartées et larges, en anse: ce sont là des traits bien nets de sauvagerie.

De "faciès de criminel" à "gènes de criminel", la frontière est ténue.


Les critiques ont été nombreuses, en particulier dans les médias indépendants. Par exemple :



Michel Onfray revient sur son entrevue avec Sarkozy dans son blog :

Il y révèle d'autres déclarations assez édifiantes de Nicolas Sarkozy :
Dans la conversation, il confie qu’il n’a jamais rien entendu d’aussi absurde que la phrase de Socrate «  Connais-toi toi-même ». Cet aveu me glace – pour lui. Et pour ce qu’il dit ainsi de lui en affirmant pareille chose. Cet homme tient donc pour vain, nul, impossible la connaissance de soi ? Autrement dit, cet aspirant à la conduite des destinées de la nation française croit qu’un savoir sur soi est une entreprise vaine ? Je tremble à l’idée que, de fait, les fragilités psychiques au plus haut sommet de l’Etat, puissent gouverner celui qui règne !




Victime (consentante) de la mauvaise influence de Luc, j'ai acheté le numéro du mois dernier de Philosophie Magazine. Comme quoi, c'était bien vrai : Sarkozy élu, tout devient possible !
Dans ce numéro, ils consacrent une double page pour revenir sur cette question. J'aime bien les pincettes qu'ils prennent :
Ne pouvant, à l'heure où nous terminons ce numéro, prévoir les conséquences de la polémique sur le plan politique, il nous a semblé nécessaire de trancher, du moins d'éclairer le débat sur un plan scientifique.

En effet, il était légitime de penser qu'à la suite de tels propos, Sarkozy allait politiquement se retrouver en très grande difficulté. Dans une société dans laquelle les médias ne lachent pas le morceau et qui exigent des hommes politiques qu'ils assument leurs propos, Nicolas Sarkozy aurait été bien mal en point à quelques semaines des élections présidentielles. Acculé, contraint de devoir justifier ses affirmations injustifiables, ce dérapage aurait pu (et aurait sans doute même du) amener ses électeurs à s'interroger sur la nature des convictions de leur leader.

Mais heureusement pour Nicolas Sarkozy, dans notre sociéte médiatiquement modifiée, de tels écarts idéologiques ne constituent pas un trouble majeur. Tout juste un gentil petit "buzz", qui ne l'a en aucune manière empêché de devenir président. Et même au contraire. Par un formidable retournement de situation, l'armada médiatique à nous a mis en garde contre la stratégie de diabolisation dont il serait victime. Exiger qu'il justifie ses propos, demander qu'on fasse le bilan de son action au gouvernement au cours de 5 années écoulées, critiquer sa méthode ou ses idées, c'est faire de la diabolisation.
Mettre en avant ses propos scandaleux sur la prédisposition génétique à la délinquance et exiger qu'il assume les conséquences de ce qui aurait du être son suicide politique, c'est également tombé dans cette catégorie : la diabolisation. Evidemment...


L'avis de Pierre-Henri Gouyon (biologiste) est sans appel :
S'il s'agit de faire des gènes la cause de comportements déviants, en lieu et place de leurs origines sociale, familiale et historique, la question est absurde. Non pas parce que l'environnement, la culture seraient plus déterminants que les gènes. Mais parce que les gènes ne peuvent pas être dissociés de l'environnement et ne déterminent rien en dehors d'un environnement. Chaque individu est le produit d'un génotype et d'un environnement unique.



Sur le site de Philosophie Magazine, on trouve une interview d'Henri Atlan, dont voici quelque extraits :
On a cru autrefois, aux débuts de la génétique moléculaire, qu'un gène causait de façon totale et linéaire un caractère, suivant le schéma “un gène → une enzyme (une protéine) → un caractère“. Et cette idée, du fait de sa simplicité, a encore la vie dure alors qu'on sait depuis plusieurs dizaines d'années qu'elle est fausse.

[...]

La sempiternelle question de l'inné et de l'acquis est une source sans cesse renouvelée de faux problèmes et de malentendus. Ce furent des scientifiques de haut niveau, relayés par les media, qui ont annoncé que toutes les maladies seraient guéries grâce au projet génome humaine, y compris les pathologies sociales comme la criminalité et même la pauvreté. Les choses ont changé, comme je vous l'ai dit, en partie grâce aux résultats inattendus de ce projet. Et il est généralement admis que des facteurs d'environnement sont associés aux déterminismes génétiques et c'est évidemment un progrès par rapport au réductionnisme du même nom.

[...]

Deux vrais jumeaux – qui ont donc les mêmes gènes – ont des systèmes nerveux, et aussi des propriétés d'autres systèmes, comme le système immunitaire par exemple, différents car les phénomènes épigénétiques, d'auto-organisation et autres, qui comportent une part importante de hasard, jouent un rôle déterminant dans leur développement, depuis l'embryon et pendant toute la vie. Ceci prive souvent de sens la question même du déterminisme génétique – c'est-à-dire moléculaire – d'un fonctionnement cérébral aussi complexe que ce qu'on appelle un "comportement".

[...]

On englobe dans un même mot, par exemple, violence, criminalité, des comportements en fait très différents les uns des autres. Un auteur d'attentat suicide, un dictateur sanglant, un auteur de hold-up, un tueur en série, un violeur, un homme qui bat sa femme (ou l'inverse) sont "agressifs" ou "violents", éventuellement des criminels dont les comportements sont en fait dépendants d'ensembles de conditionnements sociaux très différents, ce qui ne diminue pas, rappelons-le, leur responsabilité indépendamment de ce qui leur reste de libre arbitre, éventuellement réduit à zéro. Parler ainsi de gènes de la violence ou de  la criminalité n'a tout simplement aucun sens parce que l'effet dont on incrimine une cause n'est pas défini de façon univoque.

[...]

Tant que des biologistes continueront à répéter avec l'aide de media, que les gènes sont ce qui nous définit – la référence aux empreintes génétiques renforce cette idée reçue, mais c'est comme si on disait que nos empreintes digitales, encore plus individualisées puisque différentes chez des vrais jumeaux, nous définissent –, et que la connaissance des gènes permettra de prévenir toutes les maladies, on ne doit pas s'étonner de déclarations intempestives de politiques qui les reprennent à leur compte.





Je l'ai dit plus haut, les propos de Nicolas Sarkozy semblent cohérents avec le rapport de 2005 de l'INSERM (Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale) qui préconise la mise en place de mesures de dépistage de la délinquance dès l'âge de 3 ans.

Cette proposition a provoqué un tollé chez les professionnels de la petite enfance, voir par exemple un article de RFI :
S’ils ne récusent pas l’aide que peut apporter une prise en charge éducative, psychologique et sociale lorsqu’un enfant présente des troubles du comportement, les signataires de la pétition appartenant aux professionnels de la petite enfance, pédopsychiatres en tête, s’insurgent en revanche contre toute équation qui pourrait être établie entre petit enfant (désobéissant, colérique, ou en difficulté relationnelle) et adolescent délinquant potentiel. Ils dénoncent en outre les propositions qui sont faites, dans le rapport, d’un recours aux traitements médicamenteux si les thérapies cognitivo-comportementales ne s’avèrent pas efficaces.


L'article mentionne également une pétition sur internet, qui compte aujourd'hui près de 200'000 signatures, dont bientôt la votre :


La mobilisation a eu un effet positif, puisqu'en février dernier le CCNE (Comité Consultatif National d’Ethique) a rendu un avis critique :
Le CCNE note que le rapport de l’INSERM tend à « confondre facteur de risque et causalité » et qu’il privilégie l’inné (facteurs génétiques, etc.) aux dépens de l’acquis (environnement social, culturel, éducatif, etc.). Le CCNE s’oppose à l’idée qu’il pourrait exister un lien prédictif entre les troubles du comportement du très jeune enfant et les conduites délinquantes à l’adolescence. Il souligne d’autre part les risques de stigmatisation que comporterait un tel dépistage.


Cette idée semble donc écartée pour l'instant. Mais c'est l'un des nombreux sujets sur lesquels il faudra rester vigilants.


mardi 5 juin 2007

L'impératif de concision dans les médias

Deuxième extrait du documentaire Manufacturing Consent sur Noam Chomsky.

Ici, Chomsky s'attaque au problème de l'impératif de concision dans les médias Américains. C'est un problème qui dépasse largement les seuls médias outre-atlantique : Pierre Bourdieu ou Serge Halimi (entre autres) dénoncent le même phénomène en France, et rejoignent tout à fait Chomsky sur ce point.












L'impératif de concision a tendance à interdire le développement d'analyses et de points de vue originaux. Cette contrainte temporelle empêche d'apporter les preuves et les exemples qui permettraient d'étayer des propos originaux et des points de vue alternatifs.



Certaines idées ont des dizaines de milliers d'heures d'antenne de retard sur d'autres. Prétendre les opposer équitablement au cours d'un débat télévisuel (ou radiophonique) est une farce.





Serge Halimi, extrait sonore du
documentaire Enfin pris ? de Pierre Carles

lundi 4 juin 2007

Plus le mensonge est gros...





Plus le mensonge est gros, et plus les gens y croient.


C'est une citation que tout le monde connaît. On la doit à Joseph Goebbels. Etant donné les fonctions qu'il a occupé (ministre de la propagande du régime nazi de Hitler), on se doute bien qu'en terme de manipulation, ce salopard sait de quoi il parle. S'il le dit, on peut penser que c'est probablement vrai.

Pourtant ça semble assez contradictoire. Un petit mensonge de rien du tout semble plus facile à faire gober qu'un espèce de mensonge ultime.

Cette citation séduit par l'élégance de son paradoxe apparent (le fait que ce soit élégant ne suffit pas pour que ce soit vrai, mais c'est déjà un bon début : c'est toujours ça de pris). Mais surtout, cette citation nous mystifie à cause de l'identité de son auteur : imaginons la même citation attribuée à... disons Roselyne Bachelot. Ca ne met plus du tout mal à l'aise. A la limite ça ferait presque sourire.


Alors Goebbels, tu nous racontes des salades ?
Pas tout à fait !  En fait ça marche. J'ai récemment corrigé mon interprétation. L'erreur que je faisais, c'était de considérer que l'énormité d'un mensonge facilite son acceptation : en quelque sorte, le mensonge serait tellement gros qu'il neutraliserait l'esprit critique, rendant ainsi la pilule plus facile à avaler. Or c'est faux. Un gros mensonge est plus complexe à mettre en place, il requiert plus de moyens, il nécessite un travail de préparation plus important. Un mensonge n'est pas d'autant plus crédible qu'il est gros.

Ce n'est pas au moment de son acceptation que l'énormité du mensonge est un atout. C'est au moment de sa remise en question. Un mensonge admis comme étant la vérité sera beaucoup plus difficile à remettre en cause s'il est énorme, parce que l'effort nécessaire pour sa remise en question sera d'autant plus important. Plus le mensonge est gros, et plus sa remise en question dépasse le cadre du mensonge lui-même.

D'une certaine manière, ce mensonge devient également "mon mensonge". Il fait partie de moi. Il fait partie de ma vision du monde. Ne touche pas à ce mensonge, parce que c'est toute une partie de la manière dont je perçois le monde qui repose dessus. Je me battrai, parfois inconsciemment, parfois en dépit du bon sens, pour que ce mensonge reste la réalité. Ma réalité.



Puisqu'on en est là, rappelons également une citation de Hitler :

Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois il devient une vérité.




En combinant les deux, on obtient quelque chose du genre :

Lorsqu'un mensonge a été suffisamment répété au point d'être communément admis comme étant la vérité, plus il est énorme, plus il est difficile à remettre en question.




Goebbels et Hitler se marrent !!
J'entends leurs rires sinistres qui résonnent contre les parois de la caverne de Platon.






vendredi 1 juin 2007

Chomsky à propos de la démocratie

Noam Chomsky est un sacré bonhomme. Il fait une analyse très intéressante du fonctionnement des médias dans les sociétés démocratiques.

C'est à lui qu'on doit la citation suivante : La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures.

Je posterai une série de billets sur ce blog pour vous inviter à vous pencher sur Manufacturing Consent, un documentaire de 1992 sur Noam Chomsky, réalisé par Mark Achbar et Peter Wintonick. A voir et à revoir, c'est une mine d'or.


Le premier extrait que je vous propose introduit la problématique. Chomsky présente deux courants de pensée radicalement opposés.







- Le premier point de vue est l'idée communément admise à propos de la démocratie : le peuple souverain pèse sur le processus politique. Les citoyens sont épaulés par des médias libres et indépendants, dont la liberté d'expression garanti la diversité des opinions.
- Le deuxième point de vue est légèrement plus cynique : les citoyens sont des crétins incapables de prendre les bonnes décisions. Puisqu'ils n'ont pas les capacités d'analyse et de raisonnement nécessaires, il est indispensable de les manipuler et les divertir, et ce dans leur propre intérêt.

Au passage il en profite pour dégommer l'idée reçue selon laquelle la propagande et l'endoctrinement seraient incompatibles avec le fait de vivre dans une société démocratique.


La dernière phrase de la vidéo me semble particulièrement importante :

Pour ce faire, on a recours à la propagande, à la fabrication du consentement, la création d'illusions nécessaires. Diverses façons de marginaliser les gens et de les réduire à l'apathie.

La propagande n'a pas nécessairement pour but d'entraîner une adhésion inconditionnelle à une doctrine particulière. L'objectif n'est pas forcément de convaincre ou de rallier. Le but du jeu est avant tout d'avoir le champ libre. Il faut décrédibiliser les emmerdeurs. Marginaliser et décourager ceux qui (se) posent les mauvaises questions, pour les réduire à l'apathie.