Parlons d'argent. Parlons du plus gros scandale financier de tous les temps.
Mais d'abord, un petit rappel pour lever toute ambiguïté : les termes "billion" et "trillion" n'ont pas le même sens en français et en anglais :
Trillion : http://fr.wikipedia.org/wiki/Trillion
Trillion en anglais : 10^12 (1 avec 12 zéros derrière), donc 1000 milliards
Trillion en français : 10^18 (1 avec 18 zéros derrière)
Billion : http://fr.wikipedia.org/wiki/Billion
Billion en anglais : 1 milliard
Billion en français : 1000 milliards
Donc un "trillion" (en anglais) est égal à un "billion" (en français) : soit 1000 milliards.
Si vous n'avez rien compris, relisez depuis le début. Reprenez calmement.
Mais si au bout de 3 fois vous n'avez toujours rien compris, cassez-vous et ne revenez pas sur ce blog.
Le 10 septembre 2001 (la veille des attentats donc), le Ministre de la Défense des Etats-Unis, Donald Rumsfeld, annonce la "disparition" de "2.3 trillion $" (en anglais) : soit 2300 milliards de $.
Lire l'article CBS et voir la vidéo.
Le Pentagone a "perdu la trace" de 2300 milliards de dollars (deux mille trois cent milliards de dollars) sur l'année fiscale 1999. Et également 1100 milliards de dollars sur l'année fiscale 2000.
Ce sont des sommes astronomiques : on est entrain de parler de l'évaporation de sommes qui sont supérieures au PIB de la France de l'époque.
A titre de comparaison, le scandale Enron en quelques chiffres :
- Une société qui avait un chiffre d'affaire de 100 milliards de $.
- 1 milliard de $ de délits d'initiés que se sont partagés 29 cadres dirigeants qui ont retiré leurs billes juste avant que l'action ne plonge.
- 67 milliards de $ de dettes.
- 20000 salariés à la porte.
- 2 milliards de $ de fonds de retraites évaporés.
Allez, comme je suis sympa, je vous rajoute aussi la société Andersen, ses 9 milliards de dollars de chiffre d'affaire et ses 85000 salariés. C'est cadeau, tout doit disparaître.
On le voit en comparant les chiffres : le scandale Enron ne pèse pas lourd en comparaison des 2300 milliards de $ dont parle Donald Rumsfeld. Cet aveu aurait pu (et aurait du) provoquer un véritable cataclysme politique outre-atlantique. Mais voilà, cette info est passée totalement inaperçue : le lendemain c'est le 11 septembre 2001. Les attentats contre les tours jumelles (et le Pentagone) occupent tout l'espace médiatique. Le plus gros scandale financier de l'Histoire passe à la trappe. Quel coup de bol !
Mais un coup de bol n'arrive jamais seul. Le 11 septembre 2001, l'attentat contre le Pentagone a lieu pile à l'endroit où était situé le système d'information des analystes financiers chargés d'enquêter sur la disparition de ces sommes (voir le documentaire Pandora's Black Box entre 6min30 et 6min55). Voir également la liste des victimes au Pentagone et la proportion importante de "accountants", "bookkeepers" et de "budget analysts".
Voilà qui vient compléter mon billet précédent à propos du Pentagone.
Certains tentent de forcer de vraies enquêtes sur ces questions, mais jusque là sans succès.
Voir l'intervention de la député Cynthia McKinney, et la réaction de Donald Rumsfeld : voir la vidéo (question n°2).
Sa question n°3 porte sur les exercices qui ont paralysé l'aviation américaine le 11 septembre : voir le billet précédent à ce sujet.
Si vous vous demandez où a bien pu passer tout ce pognon, sachez que vous n'êtes pas le seul. Posez donc la question à votre moteur de recherche favori : "where is the money ?" (où est l'argent ?), il vous répondra : http://www.whereisthemoney.org :)
Alors gringo, toi aussi tu veux ta part du magot ?
Ce que je trouve hilarant dans l'article de CBS mentionné plus haut, c'est l'utilisation du terme "waste" ("war on waste") : "gaspillage". Car évidemment, le fait que plusieurs milliers-de-milliards de dollars s'évanouissent dans la nature ne saurait être le fruit de détournement de fonds et de corruption. C'est totalement impensable !! Au pays des bisounours, lorsqu'une montagne de fric disparaît, on appelle ça "du gaspillage".
Dommage que l'inspecteur Colombo soit à la retraite. Il en aurait des choses à dire... "Heuuu, excusez-moi Mr Rumsfeld, j'ai une dernière petite question..."
3 commentaires:
Un article intelligent ponctué par le magnifique Clint ... love
On pourrait faire un article par jour sur chacun de nos blogs sur tous les sujets liés au 11 septembre et qui "posent problème", qui méritent d'être débattus.
Personne ne parle de tout ça dans nos médias, personne. J'aimerais qu'Halimi se mouille au moins aussi peu que Chomsky, qui a récemment déclaré que le "thuth movement" était sinon dans le vrai, au minimum légitime. Ou Nabe pourquoi pas ou Badiou ... mais non, personne n'ose.
En effet. Des gens comme Chomsky ou Halimi se font déjà souvent accuser de véhiculer des "théories du complot" (tarte à la crème, voir le débat avec Bolkestein) à propos de leur travail critique sur les médias. Leur point est au contraire : il n'y a pas besoin de "complot" pour expliquer le biais des médias, il suffit de comprendre qu'il y a convergence des intérêts financiers.
Du coup, j'ai l'impression qu'ils se sont fermés à toute réflexion sur le 11 septembre, en se disant "vous voyez bien, moi je n'ai rien à voir avec les théories du complot".
J'ai posé la question à David Ray Griffin lors de son passage à Paris, je lui ai demandé : "comment se fait-il que Chomsky ne soit pas sur ce sujet ?". Il m'a répondu : "il ne veut pas en entendre parler, il ne veut pas lire les livres".
J'ai écrit à Chomsky l'an dernier pour lui poser la question directement. Il m'a répondu très rapidement et de façon fort sympathique d'ailleurs (ce qui n'a fait que renforcer mon respect pour le bonhomme). Néanmoins, il a avancé deux arguments avec lesquels je ne suis pas d'accord :
1) "ils n'auraient pas pris un tel risque"
2) "les mouvements sur le 11 septembre font diversion et sont une perte de temps car ils détournent les actions militantes des problématiques actuelles".
Je ne suis pas du tout d'accord avec le premier argument. Le risque de quoi ? De se retrouver empêtrés dans une théorie officielle truffée d'incohérences ? Le risque de mettre en place une Commission d'enquête bidon critiquée et dont le travail est remis en question même par ses membres, y compris son vice-prrésident ? Quel risque ?
Le deuxième argument est plus intéressant. Je ne suis pas d'accord non plus, car le 11 septembre n'est pas juste un évènement du passé. Cet évènement a servi et continue à servir de justification majeure pour la politique internationale de ces dernières années, et certains voudraient également s'en servir comme justification pour la stratégie politique qu'ils préconisent (frappes nucléaires préventives). Ce n'est pas un évènement du passé, ce n'est pas un évènement dépassé.
Mais le deuxième argument de Chomsky est tout de même intéressant : la question du 11 septembre est dévorante pour qui prend la peine de s'y intéresser. Et même si c'est une question qui mérite qu'on y consacre de l'énergie, attention à ne pas négliger d'autres questions politiques qui méritent également notre attention.
Goodd reading your post
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