lundi 18 février 2008

La "néo-conservatisa-tion" de l'Europe passera-t-elle par l'OTAN ?



La "néo-conserva"-quoi ?



En mai dernier, j'ai posté un billet à propos de Wolfowitz et de la Banque Mondiale. La vidéo revient sur la "doctrine Wolfowitz", et pose les bases de l'idéologie néo-conservatrice telle que présentée par le PNAC et mise en pratique par l'administration Bush.
Entre autres joyeusetés, on retrouve : l'affaiblissement de l'ONU, l'augmentation des budgets militaires, la notion de "guerre préventive" (qui a entraîne la mort de plus de 1 million d'Irakiens depuis 2003), etc...




En octobre dernier, je revenais en détails sur le livre de Guy Millière (Le futur selon George W. Bush (2005) ). J'insistais en particulier sur la volonté des néoconservateurs Américains de voir leur idéologie s'étendre à l'Europe. Parmi toutes les raisons évidentes de rejeter la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, c'était selon moi la plus importante :


Mais c'est bien en terme de politique internationale que sa contribution pourrait être la plus désastreuse. C'est sans doute Guy Millière, un écrivain français favorable aux néoconservateurs américains qui nous éclaire le mieux sur les enjeux cachés de cette élection, dans son ouvrage : Le futur selon George W. Bush

Je cite (les extraits du livre sont en gras) :

"Les Européens devront comprendre ce qui est très précisément en jeu dans la révolution néoconservatrice américaine, d'une manière ou d'une autre, ou ils disparaîtront, et l'Europe avec eux. La disparition de l'Europe pourra être brutale ou douce, rapide ou lente. Elle pourra être une avancée progressive vers la vieillesse et la décrépitude qu'annoncent les courbes démographique actuelles, une progression vers l'islamisation qui ne sera islamisation modérée que si, et seulement si, la doctrine Bush concernant l'islam est couronnée de succès."

"Le néoconservatisme pourrait-il s'implanter en Europe et, ainsi, sauver l'Europe ?"

"Les Européens ne seront sauvés, s'ils doivent l'être, que par un sursaut immense", m'a dit David Horowitz à Malibu."


Le néoconservatisme. La guerre "préventive". "L'inévitable conflit des civilisations". La légalisation de la torture. Une idéologie qui doit s'implanter en Europe, faute de quoi nous ne serons pas "sauvés". Une idéologie sans laquelle nous "disparaîtrons", d'une manière ou d'une autre.

La France, qui est un grand pays, pourrait bien jouer un rôle majeur dans ce processus de transformation. Au-delà des politicailleries franco-françaises, voilà précisément ce qui constitue l'un des enjeux majeurs de cette élection.




Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, c'est effectivement dans cette direction que nous nous dirigeons.

A ce titre, on peut rappeler les propos de Nicolas Sarkozy devant la conférence des ambassadeurs de France le 27 octobre dernier.
On peut également mentionner l'escalade des menaces à l'encontre de l'Iran auxquelles Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner ont activement participé (des menaces qui sont autant de violations patentes de la Charte des Nations-Unies). Pouvaient-ils ignorer le contenu du rapport du NIE (National Intelligence Estimate) qui déclare : "Nous estimons qu'à l'automne 2003 Téhéran a arrêté son programme militaire nucléaire" ?




Parlons également de l'OTAN, puisque c'est l'objet de ce message. Nicolas Sarkozy a décidé que la France réintègrerait l'OTAN, une organisation qui est et qui restera sous commandement américain (voir cet article).

C'était dans le Traité Constitutionnel Européen rejeté par référendum, c'est donc également dans le traité de Lisbonne imposé par la voie parlementaire : Section 2 - Article 28A

La politique de l'Union au sens de la présente section n'affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains Etats membres, elle respecte les obligations découlant du traité de l'Atlantique Nord pour certains Etats membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre.



La politique de défense commune de l'Union Européenne doit donc être compatible avec celle arrêtée dans le cadre de l'OTAN.

Dans ce contexte, il est tout à fait alarmant que l'idée du recours à des "frappes nucléaires à titre préventif" fasse son chemin au sein de l'OTAN. C'est une question à laquelle il faut s'intéresser au plus vite, faute de quoi nous risquons bien de nous réveiller un beau matin avec la responsabilité partagée d'un holocauste nucléaire perpétré en notre nom.


A lire également : Guerre nucléaire contre l'Iran, de Michel Chossudovsky.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour les citations, je ne connaissais pas Guy Millière.

Notre réintégration de l'Otan... et nous voilà "à la botte".

Oui, il est inquiétant de voir, même s'il c'est de manière "soft" pour le moment, l'alignement de Mr Sarkozy sur les "valeurs" américaines, et si jamais c'est
Mc Cain qui est élu, l'avenir ne s'annonce pas rose.

Marcel Dubois a dit…

Bon article, mais il y a un problème dans le titre. Le point d'interrogation est en trop.

Anonyme a dit…

@ littlehorn :

Ouaip, peut-être :)
Mais je ne suis pas Mme Irma, alors j'évite de faire des prévisions trop tranchées. Même si j'ai ma petite idée, je préfère me planquer derrière une forme interrogative.
L'avenir n'est pas déterminé. Il est ce qu'on en fera. Je n'ai pas abandonné tout espoir de voir des gens modérés et sains d'esprit s'approprier ce genre de questions.


@ Françoise :

Je n'ai pas suivi de très près la campagne présidentielle US. Mon poulain c'était Giuliani. Visiblement il s'est pris une branlée. Mais il reviendra sans doute une prochaine fois : les pourris ne reviennent-ils pas toujours ? ;)

Je ne sais pas si Mc Cain est vraiment pire que les autres.

Littlehorn a fait quelques articles intéressants, en particulier ceux sur Obama qui tranchent avec les lieux communs qu'on peut lire ça et là. Voir :
Obama le révolutionnaire, part 1
Obama le révolutionnaire, part 2
Obama le révolutionnaire, part 3
Bonus : pas de différence


Voir également sur le blog d'Onegus : le Sénateur Mike Gravel décortique les propos d'Hillary Cliton et met en évidence son double langage. Il montre de quelle manière elle prétend vouloir utiliser la diplomatie pour négocier avec l'Iran, tandis que dans le même temps elle remue ciel et terre pour faire en sorte que l'armée régulière iranienne soit reconnue comme "un groupe terroriste" : étant donné les pouvoir étendus attribués au Président après les attentats du 11 septembre, "terroriste" est le mot magique qui lui permet de déclencher une guerre sans même avoir besoin de l'approbation du Congrès.


En terme de politique étrangère, d'après ce que j'ai pu voir il y en a un qui tranche clairement avec les autres, c'est Ron Paul.