Dans un billet précédent, je donnais un extrait du livre La tiers mondialisation de Smaïl Goumeziane :
Le revenu moyen d'un patron est passé de 42 fois le salaire moyen de son ouvrier en 1980 à 419 fois en 1998, soit un écart multiplié par 10.
Un petit tour sur l'Observatoire des inégalités m'a inspiré un nouveau billet.
L'ex-PDG de Renault, Louis Schweitzer, a reçu un salaire annuel de 11,9 millions d'euros. Soit l'équivalent de 987 années de SMIC. Diantre, presque 1 millénaire de SMIC en un an !
Mais le salaire annuel "c'est l'arbre qui cache le forêt", comme dirait George Eddy (grand philosophe contemporain). Les dividendes versés sont encore plus édifiants : Bernard Arnault (LVMH) a reçu 326 millions d'euros en 2007 au titre de l'année 2006, soit l'équivalent de plus 27'000 ans de SMIC net.
"Travailler plus pour gagner plus" ? Quelle bonne blague !!! On en rira encore dans quelques millénaires.
Source : voir l'article sur le site de l'Observatoire des inégalités.
A titre de comparaison, il semblerait que le bénéfice attendu de la dernière réforme des régimes spéciaux soit de 200 millions d'euros par an (voir article Marianne). Les dividendes versés à Bernard Arnault cette année concentrent donc une fois et demi cette somme dans les mains d'un seul homme. Ca n'a rien à voir, c'est juste pour discuter.
Le Plan B met en libre accès le téléchargement de sa carte des médias en France (qui possède quoi). Il s'agit de la carte de juin 2006, qui n'est donc plus tout à fait à jour. La carte 2007, disponible dans la version papier du numéro 7, n'est pas encore disponible en ligne (je leur ai envoyé un mail d'insultes, mais il n'ont pas répondu. Patience donc !).
Il est intéressant de constater que les principaux bénéficiaires du système sont soit à la tête des médias, soit à la tête des groupes qui sponsorisent très largement ces mêmes médias à travers la publicité.
Comme le dit le Canard Enchainé dans son dossier de 82 pages, "Les nouveaux censeurs" :
page 6 :
Mais l'autocensure comme les autres avatars de la censure ne sont évidemment pas son seul fait. La censure d'aujourd'hui, au-delà de ces petits arrangements entre amis politiques, est avant tout économique. Les médias en général et la presse en particulier vivent de la publicité, qui a pris plus d'importance que leurs ventes dans leurs financements. Les annonceurs, le sachant, ne se privent donc pas de considérer que, puisqu'ils paient cher des pages de publicité, ils attendent en contrepartie de ne pas être maltraités dans les pages d'information.
C'est ainsi que la presse féminine veille à ne pas froisser les grands groupes cosmétiques qui la font vivre. C'est ainsi que la presse régionale est aux petits soins pour la grande dsiribution. C'est ainsi que la presse généraliste, les radios et les télévisions veillent, sous peine de perdre de gros budgets, à ne pas contrarier ceux qui les nourrissent.
page 14 :
""La liberté de la presse commence et s'arrête au tiroir caisse."" Telle était l'une des maximes favorites de Robert Hersant, qui commença sa carrière sous le maréchal Pétain, et un passage par les prisons de la IVème République, pour l'achever sous Jacques Chirac, président, dans la peau d'un député RPR possédant le groupe "Le Figaro" et un bon quart de la presse régionale.
Le pragmatique Robert Hersant ne s'est jamais payé de mots : les grands débats sur l'honneur ou sur la nécessaire honnêteté de la presse, les belles envolées sur la liberté des journalistes, il les abandonnait à ses éditorialistes pour s'occuper de l'essentiel : les finances et la publicité. Car derrière le cynisme de sa formule se cache une vérité, rarement avouée dans la presse française : le degré d'indépendance d'un journal - en clair sa capacité à résister à la censure de ses annonceurs et son pouvoir de s'opposer aux pression des politiques - dépend de sa santé économique. Et de ce point de vue, certes bassement matériel mais essentiel, la situation de la presse hexagonale est catastrophique.
Qui peut raisonnablement espérer compter sur info-Sarkozy, ou sur info-Bolloré, info-Arnault, info-Lagardère, info-Pinault, info-Wendel, etc... pour s'interroger sérieusement sur le bien-fondé de ces salaires pharaoniques ?
45 commentaires:
Tim duncan 20M de dollars/an
Thierry henry 2 ME de salaire par mois, combien d'autres "salariés" touchent des sommes enormes pour des pubs kinder bueno...
Responsabilité? mis a part leurs employés de maison pas beaucoup...
Tu sites Louis schweitzer comme patron, mais franchement vu le nombre de salariés qu'il avait à manager (de pas trop mauvaise facon par ailleurs)cela ne me choque pas.
Strauskhan arrive au FMI, remuneration de 500KE/an et la premiere mesure annoncée : rigueur budgetaire...
Bien entendu, les sommes dont nous parlons dépassent le rationnel, mais comparer le patron d'une enorme multinationale à l'ouvrier n'est il pas similaire de comparer Kobe Bryant à Fares au basket?
Pour faire une remarque sur une de tes sources en les sitant: l'observatoire des inegalités s’appuie sur un réseau de citoyens sensibilisés par la question des inégalités
Pour résumer, leur avis est visiblement tres objectif...
J'avais entendu d'ailleurs sur BFM un responsable à l'INSEE qui disait justement exactement l'inverse : les inegalités en France diminuent car si effetivement l'ecart entre les plus pauvres et les plus riches a tendance à croitre, on compare seulement 10% de la population francaise, alors que les 90% restant n'ont jamais ete aussi proche en terme de pouvoir d'achat.
C'est quoi une source objective ? Le journal "Les échos", principal journal économique en France, c'est une source objective ? Alors que le nouveau propriétaire est Bernard Arnault, celui-là même qui a touché les fameux 326 millions d'euros de dividendes cette année ? Il détenait auparavant "la tribune". Je te rappelle les propos du directeur de rédaction de la tribune en 1998, rapportés par le Canard Enchaîné du 17 juillet dernier : ""L'intérêt de l'actionnaire ne doit pas être remis en cause par un journal qu'il contrôle"". (voir : http://forestent.free.fr/interet.html). Pour l'objectivité on repassera.
Choisir de présenter des faits d'une manière ou d'une autre, c'est déjà faire un choix. Choisir de parler d'une chose ou choisir de la passer sous silence, c'est déjà faire un choix. Un choix qui n'est donc pas totalement objectif. Je me méfie énormément de quiconque prétendrait avoir un avis objectif sur quoi que ce soit.
Comme l'indique l'article de l'Observatoire des inégalités, les chiffres sont issus de la revue Capital. Est ce que ces chiffres sont vrais ? Si c'est le cas, je ne vois pas tellement ce qui est critiquable dans l'article en question... Le fait de l'exprimer ces revenus en annuités de SMIC ?
Ce que dit le mec de l'INSEE est également surement vrai. Ce n'est pas du tout contradictoire. Est ce qu'il s'intéresse également aux revenus des 5% les plus riches par rapport aux 90% ? Le problème est justement là : une minorité (les fameux 5%) est entrain de creuser un écart considérable, qui s'accentue très rapidement ("Et comme le souligne Capital, les revenus de certains ont augmenté de 25 % en un an"). Si tu t'intéresse uniquement aux 90%, c'est une chose que tu ne vois pas.
C'est là toute la question : à partir de quand est ce qu'on considère que de telles disparités de revenus constituent un problème ? A partir de 30'000 fois le SMIC ? A partir de 50'000 fois le SMIC ? 100'000 fois le SMIC ? 1'000'000 de fois le SMIC ? Davantage ? Jamais ? Y a-t-il une limite à l'indécence des écarts de revenus ? De la même manière qu'il y a un revenu minimum, faut-il définir un revenu maximum pour contrer l'actuelle fuite en avant ?
Ce que tu dis sur les sportifs est tout à fait vrai. C'est exactement le constat que fait Goumeziane dans le PDF associé au billet dont je donne le lien : pages 111 à 114.
Je ne vois aucune raison valable à ce que des gens dont le métier est de jouer à la balle soient milionnaires.
A propos de Louis Schweitzer, de son immense responsabilité et de son talent managerial hors du commun, je suis également assez sceptique face à ce genre d'arguments. Quand j'entends ça, je ne peux pas m'empêcher de penser à Jean-Marie Messier, formidable génie, le tycoon Français, magicien qui transforme en or tout ce qu'il touche. Naturellement sacré Homme de l'année 2000 par la revue Strategies pour sa vision résolument novatrice ("Mais c'est ainsi: l'avenir, le troisième millénaire, appartiendra à ceux qui n'hésiteront pas à remettre en cause des schémas établis, semblent dire les professionnels interrogés par Ipsos." voir article). Quelle débilité !
Un an plus tard, le même Messier devient un paria, un crétin, un abruti, un piètre manager qui a plombé les comptes de son entreprise. Il annonce 13,6 milliards d'euros de pertes avec son fameux "le groupe va mieux que bien". Il est déclaré "responsable" de pertes record et il est contraint de quitter son poste.
Comment accepter un argument qui ferait d'un homme un "manager exceptionnel qui mérite un salaire exceptionnel", alors que le même peut se retrouver quelques mois plus tard "responsable" de plusieurs milliards de pertes ?
Aujourd'hui, sans avoir fait leur autocritique, les mêmes revues continuent à nous expliquer qui sont les managers exceptionnels qui méritent des revenus exceptionnels.
La question de l'indépendance des journaux est bien entendu primordiale : etre proprietaire d'un journal est une chose, s'en servir dans le but de vehiculer une information en est une autre...le premier est un investissement, le second un déli.
Comparer des remunerations sur la base de smic n'est absolument pas critiquable, c'est la conclusion qui en decoule qui l'est souvent...la plupart du temps ca abouti à une vision assez communiste des choses et on a vu ce que ca a donné...
Pour en revenir au 90/10%, je suis désolé mais je me fiche eperdument de ce que gagne les 5 % les plus riches, ce qui m'interesse, c'est la hausse du pouvoir d'achat des 90% car la vrai representativité c'est eux.
Pour ton exemple de mesnier, c'est un peu faire une généralité du mythe du patron voyou ou mauvais, combien de personnes magouillent ou nuisent par leurs decisions stupides à leur echelle...
Combien de patron du CAC 40 sont honnetes et ont des strategies de qualité? Combien de Mesnier durant ces 20 dernieres années contre combien de shweitzer?
Il y a des disparités qui peuvent etre assez chocantes bien entendu mais est ce que la richesse de bernard arnaud ne permet pas de creer encore plus de richesse pour les autres?
"la plupart du temps ca abouti à une vision assez communiste des choses et on a vu ce que ca a donné..."
Je n'appelle pas ça un argument... Les régimes communistes ont échoué parce qu'ils ont donné lieu à des dérives subalternes, et ils n'ont d'ailleurs jamais été commujnistes au sens propre.
Enfin tout système politique visant à un partage plus ou moins équitable des richesses ne doit pas inévitablement être taxé de communiste, autrement avec des "on a vu ce que ça a donné" on se priverait d'essayer d'innover dans ce domaine là ? Dans ce cas, permet moi de dire que c'est une logique fachiste, pour avancer un peu plus vers le point godwin.
Ce qui est choquant n'est pas que des gens soient riches parce qu'ils ont des responsabilités, mais comme Fares l'a très bien dit, c'est l'écart de richesse entre le peuple qui élit des représentants, et des "tout-puissants" qui ont même le pouvoir de fixer leurs propres revenus. La somme ahurissante d'argent qui se trouve entre les mains d'une ultra-minorité pourrait être en partie répartie entre des gens qui en ont un besoin bien plus pressant.
Quant à la logique capitaliste à l'échelle de la planète (qu'on appelle aussi mondialisation), je gage qu'on verra aussi bientôt "ce que ça aura donné"... Et alors faudra-t-il abandonner aussi toute idée de faire fructifier de l'argent ? Peut-être, à en suivre ce genre de raisonnement...
Jurapower, qui que tu sois (hé hé), il est temps que tu renonces à l'aveuglement ultra-libéral que tu défend.
J'entendais la dernière fois jessaipluki (une vague people je crois) dire en substance : on nous dit que l'argent ne fait pas le bonheur, mais bien sûr que si ! on dit seulement cela aux pauvres pour éviter qu'ils ne se révoltent !
C'est un peu caricatural, car l'argent NE SUFFIT PAS à faire le bonheur, mais au fond, c'est vrai.
Quand tu écris, je cite "Il y a des disparités qui peuvent être assez choquantes bien entendu mais est ce que la richesse de bernard arnaud ne permet pas de creer encore plus de richesse pour les autres?", je te réponds : NON. eventuellement, elle n'empêche pas les autres d'en créer, et encore je n'en suis pas sûr.
Il ne s'agit pas de critiquer l'esprit d'entreprise, la propriété privée, etc..., qui sont les fondements du capitalisme, il s'agit de dire que ces situations ne sont pas "normales", ou plutôt ne sont pas "morales".
Par exemple, il faut quand même noter que Bernard Arnault n'est pas le simple entrepreneur qui a réussi par ses seules compétences : il est le fils d'un riche industriel, et il est, encore par exemple, le témoin de mariage de Nicolas Sarkozy (ne me dis pas que ce sont les hasard de l'amitié !!).
Je pense que le capitalisme n'est pas un système mauvais en soi, il est juste dévoyé aujourd'hui (comme le fut le communisme) par des personnes sans scrupules dont le but est de s'enrichir quelles que soient les conditions.
Il appartient à l'Etat et aux citoyens qui le composent de mettre en oeuvre les moyens qui permettent aux méritants de s'enrichir, mais dans des limites et des conditions qui ne sont pas préjudiciables à la société.
Pour finir avec Arnault, il s'est enrichi grâce à l'état, bien plus que grâce à ses compétences managériales (qui sont sans doutes réelles). Il ne me paraît pas absurde, à une époque où beaucoup de français sont dans des états d'extrême pauvreté, de rappeler que de telles fortunes (plusieurs milliards d'euros) ne se justifient pas.
"Les régimes communistes ont échoué parce qu'ils ont donné lieu à des dérives subalternes"
N'est ce pas exactement ce dont nous sommes en train de parler? le fait que 50000 personnes dans le monde touchent des sommes affolantes doit donc a tes yeux remettre en cause le capitalisme?
Et oui effectivement : je mets en cause direcement le communisme car il en resulte toujours la meme chose : je veux que tout le monde partage sauf moi (vision juste au boutiste qui est un triste constat personnel sur la nature humaine)Mais bon faut quand meme pas rever : quand on demande une augmentation c'est pour sa pomme, pas pour donner à des oeuvres de charité la plupart du temps...
Apres si pour toi le fait de critiquer le communisme abouti à une logique fasciste, je crois que tout est dit et ca ne sert pas à grand chose de débatre...
El Desdichado, je suis entierement d'accord avec toi sur le fait que c'est le role de l'état de réguler les extremes (en pauvreté et en richesse) j'ai tout de meme l'impression qu'il le fait, peut etre pas assez, mais on ne peut nier le fait qu'il le fait.
Quand au fait que je dois changer d'idée politique car je suis aveuglé, je suis sur que tu seras d'accord avec moi que personne n'est détenteur de la vérité parfaite et tu me permettras d'avoir mon opinion sans pour autant que celle ci soit forcement fausse (comme la tienne d'ailleurs)
Ma phrase "Jurapower, qui que tu sois (hé hé), il est temps que tu renonces à l'aveuglement ultra-libéral que tu défend." étais de l'humour.
Je regrette que ce ne fut pas assez transparent, je rajouterai un smiley la prochaine fois.
PS : Farès, tu pourrais installer un filtre contre les partisans d'Alain Madelin, non ? ;-)
Quant à moi, ce n'était pas de l'humour, mais de la provoc. Oui, j'aime bien ça.
Je ne sais pas si tu as perçu que je me bornais à reprendre ta logique à mon compte pour t'en démontrer l'absurdité...
Je ne défends ni le communisme ni l'ultra-libéralisme, mais un juste milieu entre la création de richesses et le partage de celles-ci, qui n'existe pas, ou plus, en matère de politique socio-économique. Lire que "l'on sait ce que les régimes communistes ont donné" pour moi c'est comme lire "on sait ce qu'ont donné les démocraties antiques"... C'est rapide, dangereux et quelque peu absurde, et même paresseux comme manière d'envisager le problème.
Je pense que ce que veut dire Seilenos, c'est que, si on ne peut pas contester que les régimes communistes ont tous lamentablement échoué, il me parait un peu présomptueux de dire qu'il y a des régimes capitalistes qui ont "réussi". Et si aucun n'a réussi, on peut dire qu'ils ont échoué, et donc il faudrait passer à autre chose. Je ne sais pas si c'est le cas, mais c'est un raisonnement qui me parait se tiendre.
D'ailleurs, un petit hors-sujet au passage, mais on voit que des mecs comme Sarkozy appliquent des idées super vieilles enles appelant "moderne" pour espérer faire passer la supercherie auprès des moins regardants, ou des quiches en économie (genre, euh, moi)(sauf que je me méfie de Sarko, donc je suis pas supercheré).
Bref, je pense que ce problème économique, malgré tout, est finalement relativement simple. La question essentielle, selon moi, c'est d'arriver à déterminer si l'homme est capable de faire quoi que ce soit sans être par "égoïsme" (mot à prendre avec des pincettes, pour pas lui faire mal) et intérêt personnel.
Je m'explique: pour chaque progrès humain, on peut trouver une explication "égoïste". La médecine ? Je suis égoïste et je veux ME garder en bonne santé, je veux garder mes proches en bonne santé, et si ça aide les autres pourquoi pas. La technologie ? Pour ME faciliter la vie. Etc etc.
Je crois (crains ?) que le principe du capitalisme, ça soit que seul l'amélioration personnelle est un moteur suffisant pour l'homme pour qu'il accomplisse des choses. On tombe dans une logique très protestante (sans que ça soit une critique en soi hein, c'est juste pour illustrer), du travail comme amélioration PERSONNELLE, comme moyen de montrer qu'on est digne de Dieu, etc.
Donc, je reprends: si on considère que l'homme n'est pas capable de faire abstraction de cela, et de travailler pour l'espèce en priorité, alors j'ai bien peur qu'on soit coincés dans ce modèle capitaliste. Et que donc, quelque part, on retombe dans une "loi du plus fort", où le bras armé sera remplacé par le doigt bagouzé ou le portefeuille billeté (je suis moderne, je fais des néologismes). Il me semble que la civilisation humain, depuis son origine, tend à s'éloigner de ce genre de système de rapport de force. Mais finalement, peut-être que c'est seulement un réflèxe de protection personnelle: je demande la protection des faibles, non pas par bonté d'âme, mais pour éviter que des fortiches viennent me casser la tronche.
Donc, pour moi, c'est relativement simple. Si on se pense capables de s'extraire de ce mécanisme, si on trouve cela souhaitable, alors on peut chercher des systèmes type communisme. Encore que, la vraie question du communisme et de ses idéaux, c'est qu'il faut que quelqu'un de supérieurement placé organise la vie de tous les autres. Et on retombe dans le problème du début: si on est capable de pas chercher son profit perso, c'est pas grave d'avoir un dirigeant omnipotent. Le problème, c'est qu'historiquement, des gens désintéressés, on en a pas eu beaucoup comme chefs, et que du coup toute forme d'autoritarisme est dangereuse par essence.
Bref, désolé si c'est un peu confus, mais en même temps, c'est pour ça que j'ouvre pas mon propre blog: pour pouvoir mettre des commentaires en vrac chez les autres plutôt que de devoir faire des articles structurés chez moi... Ah, et pour pas avoir à relire aussi.
Gus, je ne peux pas te laisser écrire : "mais en même temps, c'est pour ça que j'ouvre pas mon propre blog: pour pouvoir mettre des commentaires en vrac chez les autres plutôt que de devoir faire des articles structurés chez moi..."
Si même Farès arrive à faire un blog qui se tient, imagine ce que tu pourrais faire !
Sur le fond, nous parlons quand même de libéralisme dans un système ultra-conservateur : tous les exemples de grands patrons français que l'on met en valeur aujourd'hui sont nés riches : Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, Bernard Arnault, François Pinault, François-Henri Pinault, Franck Riboud, Liliane Bettancourt.
D'autres ont souvent été nommé par l'état, pour leurs mérites peut-être, mais on ne peut pas dire qu'ils ont pris des risques forts pour en arriver là ! Schweitzer, par exemple, ou encore Gallois, sans même parler de gens comme Idrac ou Gadonneix.
Un point que négligent ceux qui ne voient le problème qu'en terme de répartition des richesses, c'est la valeur qui est créée par le travail. Mais un point que la morale économique libérale ne devrait pas ignorer, c'est que la rémunération de ce travail ne devrait être que proportionnelle à la valeur ajoutée réellement apportée.
Or, le système pyramidal actuel conduit à une concentration des richesses qui bénéficient outrageusement à certains. C'est bien cela qu'un état juste doit combattre.
Et, pour commencer, en appliquant strictement la loi sur des sujets aussi simple que la prise illégale d'intérêt, les délits d'initiés, la corruption ou le trafic d'influence qui semblent expliquer aujourd'hui une partie de ces déséquilibres.
Si ça ne suffit pas, alors d'autres mesures coercitives pourront être employées. Mais je doute que ce serait alors nécessaire.
Oui, mais alors, si on admet qu'il est possible de limiter les méfaits du capitalisme, ne peut-on pas imaginer qu'il soit aussi possible de se dispenser de ce système en entier, pour tendre vers quelque chose d'encore mieux, qui ne soit pas basé sur le profit personnel, la propriété privée, etc ?
En théorie, rien ne t'en empêche. En pratique, je ne vois pas... Mais je ne suis pas un créatif.
En tout cas, sûrement pas en créant un parti trostko-guevaro-communo-révolutionnaire.
Sinon, dans le cadre de notre débat, allez vite voir cet article avant qu'il ne soit payant : http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-982601,0.html
Trop tard, le Grand Satan capitaliste a frappé.
Et qu'est-ce que tu as contre les facteurs ? Hein ?
Mais sinon, même si le communisme est un concept dépassé et plus approprié (et pourquoi pas, après tout), on peut penser qu'il y a des bases exploitables dedans. Ou pas, mais ça se discute, quoi. Crédibilité.
"Je pense que ce que veut dire Seilenos, c'est que, si on ne peut pas contester que les régimes communistes ont tous lamentablement échoué, il me parait un peu présomptueux de dire qu'il y a des régimes capitalistes qui ont "réussi". Et si aucun n'a réussi, on peut dire qu'ils ont échoué, et donc il faudrait passer à autre chose. Je ne sais pas si c'est le cas, mais c'est un raisonnement qui me parait se tiendre."
Ca revient à ça, à ceci près que si le capitalisme a été, et est encore appliqué, et qu'on ne sait pas encore à quel point de délire cela va nous mener (bien qu'on commence à en avoir une idée, vu l'état de la planète), en revanche, le communisme n'a tout simplement jamais été appliqué, puisqu'il n'a donné lieu ,qu'à des régimes totalitaires qui n'avaient rien à voir, en soi, avec les principes communistes. On ne peut donc pas non plus savoir à quoi mènerait réellement le communisme. Le totalitarisme soviétique et stalinien, oui...
Donc en gros, je me garde d'affirmer l'échec total ou relatif de ces sytèmes, et me borne à observer qu'ils n'ont jamais été appliqués d'une manière éthique et intelligente. Et c'est pourquoi je trouve difficile d'avaler que "l'on sait ce que le communisme a donné" alors qu'il n'a jamais existé que dans les idées... Ainsi, l'on jette le bébé pas encore né, avec l'eau du bain pourtant déjà totalement souillée...
Accessoirement, je pense en effet que l'on pourrait inventer un nouveau modèle politique qui s'inspirerait des deux, et qui n'aurait en même temps rien à voir avec la parodie de démocratie à laquelle nous assistons. Mais il parait que ce n'est aussi que de l'idéalisme...
Quant à l'histoire de l'égoïsme qui serait en quelque sorte un frein à l'application de tel ou tel système politique, je suis très sceptique sur ce genre d'explication. Je crois au contraire que le système actuel, qui valorise l'égoïsme à outrance est le piège par excellence, et qu'un système politico-social pérenne devrait justement trouver un véritable équilibre entre altruisme et égoïsme, partage et satisfaction personnelle, celle-ci pouvant s'exercer aussi, pourquoi pas, à travers le partage, justement. A force d'éduquer des générations entières dans un idéal égoïste, on obtient un mélange d'égoïsme (comme prévu) et de réaction contre cet égoïsme, bien légitime, car l'être humain étant par essence un être social, il ne peut pas s'auto-suffire... Sauf cas exceptionnels ne pouvant constituer une société. Je crois donc que l'altruisme est tout autant un moteur que l'égoïsme, et que l'explication de l'échec du communisme (qui n'a jamais été appliqué, comme je l'ai dit) par l'égoïsme intrinsèque à l'être humain, est une simplication des choses. Genre de simplifications auxquelles un certain N.S. nous habitue, il est vrai...
Par extension, cela invaliderait toute thèse comme quoi le capitalisme obéit à une sorte de darwinisme psycho-social. L'homme n'est pas un super-prédateur solitaire comme le tigre. Il a besoin de coopération, de rapports sociaux et d'échanges relationnels, pour construire et se construire. Donc plutôt qu'un piège dans lequel nous serions condamnés à être englués, l'ultra-libéralisme m'apparait plutôt comme une impasse de laquelle nous serons forcés de sortir bientôt.
Ce modèle de société est d'ailleurs très récent, à l'échelle d'une humanité qui connut d'autres périodes bien plus durables, comme le moyen-âge et son modèle féodal. L'impression d'engluement résulte à mon avis uiquement du manque de perspective que nous avons, du fait à la fois d'un conditionnement que nous avons subis dès la naissance, en plus du ciment médiatico-politique qui entretient ce conditionnement par l'illusion de la pérennité de ce système qui a pourtant déjà presque épuisé les ressources dont il a besoin pour continuer à exister...
Toutefois, je ne pense pas que les sociétés humaines s'éloignent réellement de la violence, qui elle, est réellement inhérente à la nature animale et conquérante de l'homme. Tout simplement car je ne crois pas au mythe du progrès. Lorsque j'observe les villes modernes, je ne peux que considérer que nous y avons importé effectivement une sorte de loi du plus fort, ce qui fait que nous parlons fort justement de jungle urbaine.
Je crois en revanche que nous prenons de plus en plus conscience de la nécessité de protéger l'homme contre lui-même, et donc de bâtir des sociétés justes, équitables équilibrées. Force est de constater que nous n'y arrivons guère, puisque beaucoup continuent de considérer que les inégalités sociales, images modernes des structures hiérarchiques de meutes, sont légitimes, et que les plus "forts", oui "puissants" doivent bénéficier d'importants privilèges. Autant un droit de cuissage moderne...
Ah oui, et désolé c'est long, mais encore un mot sur ça :
"Mais un point que la morale économique libérale ne devrait pas ignorer, c'est que la rémunération de ce travail ne devrait être que proportionnelle à la valeur ajoutée réellement apportée.
"
Et au juste, comment on la mesure cette valeur ajoutée ? On prend en compte uniquement, comme c'est le cas actuellement, la valeur monétaire d'un travail, c'est à dire en se basant sur des critères productivistes et matérialistes, en dévalorisant les domaines sociaux et culturels (dégradation des intermittents du spectacle, diminution drastique des subventions aux organismes sociaux) ? Ou bien on prend enfin en compte le fait que l'activité artistique et culturelle d'un pays (état, nation, communauté, peu importe) fait partie de sa richesse ? En tant qu'artiste moi-même, et considérant que je fais partie d'une caste de quasi parias, je me méfie grandement des histoires de "valeur" souvent assimilées abusivement aux notions de "prix" et de "coûts"...
Seilenos, c'est très long et je vais pas pouvoir répondre à tout, mais voilà quelques points:
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Sur le totalitarisme soviétique.
Par essence, le communisme est un régime totalitaire. C'est une conception totale de la société. Tous les pouvoirs doivent être mis en un seul endroit, qui décide comment s'organise l'économie et comment les richesses sont redistribuées. C'est pas nécéssairement mal, si on estime que la majorité ne sait pas forcément ce qui est le mieux pour elle, ce genre de choses, mais à mon avis ça n'est pas non plus évident.
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Sur l'égoïsme
Mon sentiment, ce n'est pas qu'on est "éduqués" dans l'égoïsme, c'est que peut-être que c'est un trait naturel de l'homme. Disons, plutôt: égocentrisme. Ce qui compte, c'est moi. Si je fais en sorte que le reste aille mieux, c'est parce que moi je suis mieux dans un pays en paix que dans un pays en guerre. Sauf si je vends des armes (boutade).
Je ne dis pas que c'est vrai. En fait, je ne fais ici que présenter des idées, des réflexions, et des sentiments, mais dans l'ensemble je ne suis convaincu de rien.
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Sur les modèles économiques
Je suis pas sûr d'avoir compris ton allusion au modèle féodal, mais pour le coup, c'est quand même une belle illustration du "je maintiens les autres en esclavage pour un bénéfice propre".
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Sur la valeur ajoutée
Je pense que le coeur du problème, c'est l'argent. On a, j'ai l'impression, perdu de vue ce que représente l'argent. Certes, il est important d'avoir des artistes et tout, mais d'un autre côté, on ne peut pas (encore ?) s'affranchir d'un minimum de travail nécéssaire, comme l'agriculture par exemple.
Et puis il y a la science, qui est essentielle à l'évolution de l'homme, peut-être autant que l'art, peut-être plus, peut-être moins. Et c'est vrai que ça peut être un peu difficile à avaler qu'un acteur ou un peintre abstrait gagne autant d'argent qu'un chercheur.
"Par essence, le communisme est un régime totalitaire. C'est une conception totale de la société. "
Enoncé comme ça, je trouve ça amusant. Je trouve qu'on peut appliquer cette définition à n'importe quel régime politique, quel qu'il soit. En effet, quel régime politique donne le choix aux gens qui naissent dedans de s'y soumettre ou pas ? En ce sens, la démocratie participative est tout aussi totalitaire que le communisme. La totalité des français sont forcés de se soumettre aux lois démocratiques, et le pouvoir démocratique est concentré en un très petit nombre de mains. Quelques centaines de paires de mains, sur des millions de citoyens... Chacun doit payer ses taxes et impots selon des taux et critères déterminés par d'autres à notre place, etc.
Je ne vois donc pas ce que le communisme a de plus ou moins totalitaire qu'une démocratie, les décisions pouvant être prises par un grand nombre de représentants aussi, dans un régime communiste. Pour moi le modèle soviétique n'est qu'une interprétation d'un système politique de partage, et certainement pas la meilleure, évidemment...
Dans une démocratie, tout le monde participe, ou est censé le faire. Dans un régime communiste, il n'y a pas d'organe indépendant ou de séparation des pouvoirs.
Après, que la séparation des pouvoirs dans nos démocraties ne soit qu'un mythe, je compris qu'on puisse le dire ou le penser, mais c'est un autre débat.
"je compris" c'est pour dire que non seulement j'ai compris, mais qu'en plus je comprends.
Je crois qu'indépendamment de la doctrine économique, ce qui entraîne une dérive totalitaire, et qui justifie toutes les purges et toutes les exactions, c'est le culte du chef. Le "petit père du peuple", le "père de la nation", le "sauveur", le "guide", et toutes ces conneries.
Ca m'amène à me poser deux questions :
- est ce que le culte du chef est inscrit (implicitement ou non) dans la doctrine communiste ? Est ce qu'un régime communiste est nécessairement totalitaire ? Anti-démocratique ? Je ne sais pas. Je n'ai pas suffisamment étudié la question pour me faire un avis. Je ne connais pas de contre-exemple à grande échelle. Mais sans avoir étudié quoi que ce soit de la littérature communiste, je ne vois pas de raison de déduire l'implication : communisme => régime totalitaire.
- L'autre question, qui est le pendant de la première, c'est : est ce qu'une doctrine capitaliste est une garantie contre le culte de la figure emblématique du chef, et donc contre la dérive totalitaire qui pourrait en découler ? Je ne vois aucune raison de dire "oui". Je vois d'un très mauvais oeil l'intrication des intérêts politiques et industriels. Mussolini himself disait : "Le fascisme devrait plutôt s’appeler corporatisme, car c’est la fusion de deux pouvoirs, celui de l’état et celui de l’entreprise".
La seule garantie contre une dérive totalitaire, quelle que soit la doctrine économique sur laquelle elle s'appuierait, c'est une vigilance citoyenne. Vigilance qui, me semble-t-il, de manière générale fait assez cruellement défaut.
Pour revenir au sujet du billet : je vois d'un très mauvais oeil la montée en puissance d'une minorité qui amasse des fortunes disproportionnées, qui leur confère un degrès d'influence qu'ils ne devraient pas avoir, et qui les met en position de fausser le débat démocratique. En particulier lorsque les mêmes ont la main sur les médias à travers lesquels nous nous informons. Oui je sais, je radote.
Mais quand les syndicats de journalistes européens disent "ça chlingue, donnez-nous les moyens de donner une information indépendante" ( voir billet précédent ), il ne faut pas se voiler la face. Il faut les soutenir. Enfin, moi j'dis ça, chacun fait ce qu'il veut :)
En tous cas, pour finir sur une note consensuelle (ou pas !) : puisque nous sommes tous au moins d'accords pour dire que c'est le rôle des états de réguler les extrêmes, je crois qu'on devrait tous être d'accords sur le fait que les mesures "paquet fiscal" et "bouclier fiscal" de Sarkozy sont tout à fait calamiteuses, non ?
hihihi
Ahhrg raté mauvais lien dans le commentaire précédent.
Je parlais de : ce billet précédent là
Calamiteuses, je ne sais pas. L'avenir nous dira si ça a permis de relancer quelque chose, mais c'est peut-probable.
Immorales, ce serait beaucoup dire.
Amorales me semble certain.
Tu as raison, le coeur du sujet de ton article, c'est la détention par des personnes possédant des fortunes importantes - et acquises en partie, directement ou indirectement, grâce à l'Etat - d'organes de presse pour des raisons qui ne sont pas économiques, puisqu'ils perdent de l'argent chaque année !
Cf. par exemple cette proposition de loi de JC Lagarde que l'on ne peut pas soupçonner d'être d'obédience communiste : http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion0231.asp
Pour le Communisme ou les autres systèmes, le vrai problème, ce n'est pas que les petits ou les grands chefs. Le problème, il commence dès que les personnes au pouvoir décrètent que des vies valent plus que d'autres. Dès qu'une quelconque supériorité est tolérée dans les règles de l'Etat (je parle bien des règles de l'Etat, pas du reste, qui n'est pas contrôlable).
En théorie, la démocratie associée à la République résout le problème. (Le communisme "idéal" aussi, d'ailleurs, mais il doit passer par une phase de "dictature du prolétariat" qui le rend factuellement impraticable). Mais la démocratie est aujourd'hui bafouée par des personnes qui s'arrogent des droits supplémentaires, liés à l'argent, à l'hérédité, ou encore à la force. Il me semble que le combat pour la mise en oeuvre réelle de l'égalité des droits dans nos démocraties actuelles est le combat majeur à mener. Mais il y a beaucoup de résistance au changement, et ces "résistants" là ont beaucoup de pouvoir et d'argent, par définition !
Proposition de Lagarde :
Par ici la proposition
Ce qui me fait me demander sérieusement si le capitalisme/libéralisme (désolé pour moi la finalité des deux est la même) "loi du plus fort/riche/puissant" est vraiment "démocratiquement correct"...
"La seule garantie contre une dérive totalitaire, quelle que soit la doctrine économique sur laquelle elle s'appuierait, c'est une vigilance citoyenne. Vigilance qui, me semble-t-il, de manière générale fait assez cruellement défaut."
Je suis bien d'accord, et figure toi que quand je parle de vigilance, on me rit le plus souvent au nez... Je crois vraiment que beaucoup croient encore qu'ils assurent leurs droits et responsabilités civiques en se limitant à déposer des bulletins dans des urnes...
Ce n'est pourtant pas ça, le principe démocratique... Or si les citoyens eux-mêms démissionnent de leurs responsabilités démocratiques et civiques, comment s'étonner que des dérives aient lieu du côté de leurs représentants "démocratiquement élus" ?
Notre "démocratie" n'est bien souvent qu'une mascarade, et je ne trouve pas exagéré de dire que les fautes de nos "dirigeants" sont le fait de l'irresponsabilité équivalente de ceux qui les ont placé au pouvoir... Est-ce là une des failles, ou limites, de la démocratie participative moderne ? J'aurais tendance à penser que oui...
Intéressante cette proposition de Jean-Claude Lagarde (député Nouveau Centre), je ne connaissais pas. Une proposition qui va dans le bon sens, je dis bravo !
Je viens de tomber sur une interview du bonhomme :
http://www.latelelibre.fr/index.php/2007/07/lagarde-poursuit-sa-lutte/
http://www.dailymotion.com/video/x2irpg_lagarde-veut-une-loi-anticoncentrat_news
Son discours fait mouche. C'est rafraîchissant de voir un député tenir ce genre de propos.
Mais comme il le dit lui-même : cette proposition de loi a très peu de chances d'être adoptée.
D'autant plus que les propos récents de Christine Albanel (Ministre de la Culture et de la Communication), appuyée par Nicolas Sarkozy, vont au contraire dans le sens de plus de concentration et plus de publicité. Il faudrait que je potasse un peu tout ça (ma documentaliste préférée m'a sorti quelques articles intéressants), et quand j'aurais les idées un peu plus claires je ferai un billet là-dessus.
En tous cas, ça me fait plaisir de voir vos réactions. Merci messieurs pour tous ces commentaires intéressants.
A propos des cadeaux fiscaux, mon "calamiteux" était un peu provoc. Mais tout de même... Ce genre de réformes ce n'est pas nouveau, et on a vu ce que ça a donné. Mince, encore de la provoc !
J'ai vu passer un article assez bien ficelé sur ce sujet il y a quelques mois. Ca s'appelait : "Lettre ouverte à mon ami Jean, sarkoziste en espérance". Ca se passe ici.
Petite explication de texte sur le bouclier fiscal : celui ci vise à ce que les impots annuels que doit payer un foyer ne dépasse pas les revenus annuel de ce foyer.
Cela a été mis en place majoritairement pour plafonner l'ISF de personnes qui ne sont pas forcement riche ou du moins pas en liquidité et qui se voyaient obligés de vendre leur redidence principale pour payer l'impot : on donne souvent l'exemple du petit vieux de l'ile de Ré qui touche une retraite de 900 euros par mois et qui possede une maison qui vaut 1ME, ce qui le fait donc rentrer dans l'ISF et devait avant le bouclier fiscal, revendre sa residence principale pour payer l'impot.
Mesure calamiteuse? j'en sais rien, mais dans le cas present cela ne me choque pas
Le paquet fiscal est une mesure qui vise à retenir sur le territoire francais les principaux foyers imposables, la logique etant que des pays frontaliers à la France dispose de fiscalité differente et souvent plus basse, ce qui incite les personnes payant beaucoup d'impot à s'y rendre.
Cela s'appelle la concurrence et meme un etat y est confronté, je suis dans mon travail confronté à cela tout les jours et la reponse à cette question se resume souvent : dois je facturer plein pot au risque de faire partir le client ou dois je baisser les tarifs pour gagner moins mais conserver le client.
L'equité entre les clients est donc faussée, mais au moins je garde le client meme si cela est amoral pour les autres...
Calimiteuse? j'en sais rien mais dans le contexte de cette vision concurrentielle entre etat, cela ne me choque pas.
Il est relativement facile de critiquer ce qui est fait mais un contribuable qui quitte la france (generalement les plus gros)rapporte 0.
Apres attention, tout dépend bien sur des limites qui sont fixées, si elles sont trop basses, on baisse l'imposition des foyers les plus riches qui n'aurait de tte facon pas quitte la france, et dans ce cas la effectivement la reforme est calamiteuse.
Autre point à développer :
""Mais quand les syndicats de journalistes européens disent "ça chlingue, donnez-nous les moyens de donner une information indépendante"""
As tu deja vu une seule personne sur cette terre qui ne reclame pas de moyens pour faire qqchose?
Soyons serieux et objectif, ca veut dire quoi donner nous les moyens de donner une information indépendante?
Je te fais les syndicats de la police : donnez nous les moyens d'assurer la securite de nos concitoyens
Je te fais les syndicats de l'education nationale : donnez nous les moyens de faire un enseignement de qualité
Les chercheurs : donnez nous les moyens de faire des recherches
Les restaurateurs : donnez nous les moyens de payer mieux nos salariés et baissez la TVA
Les petroliers : donnez nous les moyens de baisser le prix de l'essence et baissez vos taxes
...etc...
S'il fallait du pognon pour faire une information indépendante, le canard enchainé serait mort depuis bien longtemps...et pourtant en matiere de journalisme independant on peut difficilement faire mieux!
Le probleme de la presse : ca perd de l'argent et donc forcement les moyens manquent!Si je ne me trompe pas, mis à part 1 grand quotidien, tous les journaux perdent de l'argent car les ventes s'essouflent. On ne vas pas encore demander à l'état de combler les pertes de ces entreprises?!?
Dans la série des inégalités, l'argent n'est pas forcement la seule difference, qques exemples :
-Pourquoi les femmes gagnent 20% de moins que les hommes
-Pourquoi le privé cotise plus longtemps et sur des bases plus elevees pour la retraite que le public pour toucher moins?
-Pourquoi les profs agreges touchent plus que les certifiés alors qu'ils font moins d'heures et les meme cours!
-Pourquoi les cheminots touchent ils une prime de charbon et les informaticiens pas une prime de silicium?
-Pourquoi est ce que les habitants de la region parisienne payent moins cher leurs billets à eurodisney que les autres?
Pour finir,
Je te trouve 2 milliard de solutions pour répartir les richesses, la question fondamentale est : comment gagner cette richesse?
En taxant les plus riches pour donner aux pauvres? meme si cela ne créé pas de richesses, ce serait effectivement juste dans une certaine mesure et c'est pour cette soif de justice que tous les meilleurs joueurs de l'equipe de france de football jouent ...à l'étranger...bien sur c'est pour la fierté de jouer sous le maillot du réal ou autre...C'est pour le pognon et la fiscalité !
Dans une logique devenu mondiale, on peut philosopher tres longtemps sur ce qu'il faudrait faire pour un monde plus juste, le probleme c'est que le voisin a souvent d'autres priorités et que si on agit seulement à notre echelle on coule, voila pourquoi l'europe est si importante car au moins à l'echelle europeenne cela peut avoir un impact sur le monde.
Mais, alors, même ensemble, tout n'est pas possible ????
Quelle désillusion...
jurapower, excuse-moi de réduire un argumentaire complet et bien fait à une réaction épidermique que j'ai, mais quand je te lis, j'ai l'impression d'entendre Rama Yade, Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, dire sans rire que Total ferait aussi bien de rester en Birmanie malgré les nombreux problèmes, parce qu'après tout si c'est pas eux, c'est quelqu'un d'autre, alors autant que ça soit eux.
Pour retenir les riches, je propose la réintroduction de l'esclavage, limité aux bénéficiaires du paquet fiscal: sûr qu'avec ça ils auront envie de rester en France pour dépenser leur argent !
Sincèrement, je suis désolé d'utiliser un argument si caricatural en regard de l'application que tu as mis dans le tien, mais je trouve que ça représente bien ce que je pense (épidermique, encore une fois).
Cordialement.
A 9 heures du mat', je n'ai toujours vu gus qu'épidermique...
El Desdichado
Je crois que tant que les entreprises fonctionneront sur le mode actuel, qui est le mode féodal, un chef, des sous-chefs et une base, il y aura danger de récup du pouvoir étatique par les seigneurs modernes qu'on appelle PDG.
Je vois qu'on nous dit que l'Europe va améliorer les choses, le Soleil sera bientôt plus brillant que jamais , et on recevra tous des poneys pour Noël.
Pour ce qui est de la comparaison d'un patron avec un ouvrier, elle tient parfaitement. Dire qu'il s'agit de la même chose que comparer Kobe Bryant à Fares au basket est ridicule.
Un ouvrier et un patron travaillent dans deux domaines entièrement différents.
Ensuite, le patron est un être humain qui est autant capable de se gourrer que l'ouvrier, peut-être même plus, puisque son boulot consiste plus à appliquer des stratégies parfois hasardeuses, tandis que l'ouvrier a des tâches précises à accomplir.
Le patron a plus de responsabilités, est-ce que cela est une raison pour le payer autant ? Je ne crois pas.
Je crois qu'il devrait être payé plus, mais pas de beaucoup. L'ouvrier n'a pas non plus forcément la vie facile, est-ce qu'on le rémunère plus pour le travail répétitif et les méthodes de management qu'il doit parfois subir ? Non, car c'est tout à fait "normal", "équitable". Est-ce qu'on le rémunère plus parce qu'il risque de perdre son boulot à la moindre difficulté économique que prévoit le patron dans sa tête ?
Une telle comparaison résulte d'une vision élitiste et naïve du patronat.
Bonsoir,
Vu la quantité effarante de commentaires ici, je n'ai pas tout lu, je le confesse.
Certains m'ont paru pour le moins curieux, dans les derniers, notamment:
"on donne souvent l'exemple du petit vieux de l'ile de Ré qui touche une retraite de 900 euros par mois et qui possede une maison qui vaut 1ME, ce qui le fait donc rentrer dans l'ISF et devait avant le bouclier fiscal, revendre sa residence principale pour payer l'impot."
Un petit vieux qui touche 900 euros de retraite, et qui a une maison dont la valeur est de 1ME?
Etrange...
Admettons que cela soit plausible, cela doit rester relativement exceptionnel.
Et je doute fortement qu'il ne reste rien à ce "pauvre homme" (!?), une fois qu'il s'est acquitté de L'ISF, même "ancienne version".
Il est possible, voire probable que je n'ai absolument rien compris, mais il me semble que l'impôt en question ne pouvait pas dépasser 60% des "richesses" du foyer prélevé.
Merci de m'éclairer.
D'autres arguments du commentaire en question sont également très discutables:
"-Pourquoi les cheminots touchent ils une prime de charbon(...)?"
INTOX totale, cette prime n'existe plus depuis belle lurette!
"-Pourquoi le privé cotise plus longtemps et sur des bases plus elevees pour la retraite que le public pour toucher moins?"
Peut-être tout simplement parceque les salaires perçus, à poste égal, n'ont strictement rien à voir.
Exemple concret, très proche de moi:
Un directeur d'hôpital (moyenne structure), en fin de carrière, touche 2500 €. Il ose à peine l'avouer lors de ces rencontres avec un directeur de structure moyenne également, mais privée!
Retournons le raisonnement, d'ailleurs: "Et pourquoi, nous, crétins exploités du privé ne soutenont pas les fonctionnaires afin d'obtenir les mêmes avantages?"
"-Pourquoi les femmes gagnent 20% de moins que les hommes?"
Parce qu'un soudain réajustement obligerait le patronat à s'en mettre moins dans les fouilles? ;-)
-Pourquoi est ce que les habitants de la region parisienne payent moins cher leurs billets à eurodisney que les autres?
Je ne sais pas, mais cela ne me semble pas être la plus grave des pseudo-injustice évoquées ici!
Ce que j'aime avec Gus, c'est que même quand il a des "réactions épidermiques", il le fait avec un tact remarquable ;)
Il y a plein de choses intéressantes dans la réponse de jurapower. Pour éviter de balancer une tartine trop grosse, je vais y répondre en plusieurs fois.
Je commence par le petit vieux de l'ile de Ré.
Le fameux p'tit vieux de l'ile de Ré, encore lui !!!
Comment dire ça essayant de ménager la sensibilité de la frange la plus agée des internautes qui ont atterri sur ce blog pour une raison ou pour une autre... Les p'tits vieux fauchés, tout le monde s'en fout !! Voir par exemple la fin de l'exonération des frais de redevance télé pour les retraités pauvres (voir article). Dorénavant, les petits vieux, même les plus fauchés, paieront pour regarder les émissions débiles auxquelles ils sont accrocs.
Notons que si cette mesure pouvait aller dans le sens de leur sevrage, ce serait une bonne chose. Mais je crains que le simple fait de les faire payer ne soit pas suffisant pour atténuer leur dépendance. Et de toutes façons, ce n'est pas le but de la manoeuvre.
Le p'tit vieux de l'ile de Ré sert de pseudo-justification morale à une réforme fiscale qui n'est pas faite pour lui, et dont il n'est évidemment pas le principal bénéficiaire. Si une réforme avait été faite pour les petits vieux "pauvres" (je crois qu'il faut tout de même relativiser le coté dramatique de la situation dans laquelle se trouvent les personnes concernées), elle aurait été mieux cadrée, avec des formules d'abattement adaptées. Mais là encore, ce n'est pas le but de la manoeuvre.
Par exemple, la veuve de Georges Meyer, l'ex-PDG des Galeries Lafayette, a obtenu une ristourne de 7 millions d'euros (voir article). Et puis c'était avec un seuil à 60%. Ce seuil a été rabaissé à 50%.
7 millions d'euros qui retournent dans les poches de la malheureuse veuve. Qui osera encore prétendre que cette politique ne défend pas la veuve et l'orphelin ? ...
A titre de comparaison, le petit vieux de l'ile de Ré qui sert de caution morale à cette mesure avec ses 900€ mensuels, il économise combien ?
Avec cette réforme on est dans ce que Reagan appelait "l'économie des retombées".
C'est une théorie qui a montré son inefficacité, dixit Joseph Stiglitz (prix Nobel d'économie), voir article HCCI.
Tiens, j'ai une bonne nouvelle : le petit vieux de l'Ile de Ré est mort. Il s'est pris un pavé au travers de la tronche par un jeune excédé d'enchaîner les CDD de mécanicien avec un bac +5, et de se voir refuser des appartements parce qu'il ne lui suffit pas d'être Français, il faudrait qu'il soit blanc, en plus.
Il aurait préféré envoyé sa caillasse dans la gueule d'un ministre, ou de Jean-Marie Messier, mais il n'a croisé que le petit vieux de l'Ile de Ré.
Du coup, que reste-t-il comme argument pour le bouclier fiscal ?
PS : Ne pleurez pas, de toute fzçon l'Ile de Ré aurait bientôt disparu avec la remontée des eaux.
PS bis : je ne signe pas ce message, mais je pense que les lecteurs assidus me reconnaîtrons.
@ jurapower
A propos des propositions de lois des syndicats de journalistes, il y a un léger quiproquo. Quand je reformule leurs requêtes par "Donnez-nous les moyens de ...", tu comprends "Donnez-nous des sous pour...". Mais ce n'est pas de ça dont il s'agit.
Si, en regardant les propositions de loi, tu comprends "donnez-nous du pognon", c'est que tu as lu trop vite. Je t'invite à relire l'article.
Il est question d'une obligation de plus de transparence (pour nous lecteurs) quant à la composition de leurs organes dirigeants, la composition du capital, les principaux actionnaires, ... : ils réclament l'obligation de publier ces informations. En substance, ils disent : "obligez-nous à publier ces informations" ;)
Et autre point très important, c'est la constitution d'une équipe rédactionnelle (composée de journalistes), qui aurait un droit de veto sur la nomination du responsable de la rédaction, et qui pourrait prendre l'initiative d'un scrutin de défiance.
C'est pas tout à fait la même chose que "donnez nous des sous".
C'est donner la possibilité à l'équipe rédactionnelle de flinguer un directeur de rédaction qui déclarerait : "L'intérêt de l'actionnaire ne doit pas être remis en cause par un journal qu'il contrôle".
Les propos de Nicolas Beytout, fraîchement nommé à la tête du groupe médias de LVMH (Les Echos, entre autres), sont assez éloquents :
"L’indépendance éditoriale, ce n’est pas l’autonomie absolue par rapport à un propriétaire. Si vous voulez, moi, je pense que les journalistes français font parfois un contresens à imaginer que l’indépendance, c’est l’autonomie absolue."
ou encore "Quand on crée un journal, on ne va pas tout d’un coup donner les clés à une équipe de journalistes qu’on aurait recrutés pour les besoins de la cause. Il est logique que le propriétaire fixe une orientation."
Ce en quoi il rejoint tout à fait Laurent Joffrin, directeur de publication de Libération : "c’est un peu une vue utopique de vouloir différencier rédaction et actionnaire".
(voir article Acrimed).
L'enjeu de cette proposition de loi, c'est de mettre en place un contre-pouvoir au sein des rédactions. Je crois que c'est l'idée que suggère littlehorn : faire rentrer un brin de démocratie dans le fonctionnement des entreprises. C'est d'ailleurs l'un des enjeux ratés et vite oubliés de mai 68. Mais on reviendra là-dessus. Il y a des managers qui lisent ce blog, et qui apporteront sûrement un éclairage intéressant sur la question. Mais je préfèrerai qu'on laisse ça de côté pour l'instant : il y a déjà beaucoup de commentaires qui sont partis dans de multiples directions. Et comme le souligne Infocrate, pour ceux qui débarquent ça risque d'être dur de rentrer dedans. J'avais vu un documentaire très intéressant qu'un type avait diffusé sur la TV-perso de Free. Un documentaire à propos de mai-68 qui abordait ces questions là. Si j'arrive à remettre la main dessus je posterai un extrait, ça devrait servir de support de réflexion pour engager une discussion.
Ce que tu dis à propos du Canard est vrai. Ils sont un modèle d'indépendance. Et ils sont rentables, contrairement à la plupart des autres journaux. Mais pourquoi la plupart des journaux perdent de l'argent ? Peut-être parce qu'ils ont misé davantage sur les revenus publicitaires que sur leurs lecteurs, et que la qualité s'en ressent. Peut-être aussi parce que comme s'accordent à le reconnaître les directeurs de rédaction de "journaux de droite" et les directeurs de rédaction de "journaux de gauche" (peu importe le sens qu'on prétend donner à ces mots), un journal doit naturellement défendre les intérêts de ses actionnaires. En ce qui me concerne, j’estime que c'est une raison suffisante pour ne pas les acheter.
Alors pourquoi investir massivement dans des groupes de presse même en sachant qu'ils sont déficitaires ? Sûrement pas pour le plaisir de jeter de l'argent par les fenêtres. C'est sans doute plutôt parce qu'il y a un avantage stratégique à en tirer, même si c'est déficitaire ;)
Bon j'arrête là, c'est déjà bien assez long comme ça. Je reviendrai sur l'idée qu'"un mec qui part rapporte 0", et sur l'Europe.
@ jurapower
"""Je te trouve 2 milliard de solutions pour répartir les richesses, la question fondamentale est : comment gagner cette richesse? """
Et pourtant. L'erreur, ce serait de poser la "croissance du PIB" comme préalable à toute réflexion (voir billet précédent), et de se dire "quand il y aura plus de richesses, on pourra mieux la répartir". Je crois que c'est une erreur.
Entre 2000 et 2006, le PIB s'est accru de 25% (voir INSEE). La question n'est pas de savoir comment créer plus de richesse. L'évolution des sciences et des technologies, et l'accroissement de la productivité qui découle de cette évolution, répond à cette question tous les jours (hééé delire, c'est mon job !!). Aujourd'hui, de la richesse il n'y en a jamais eu autant, et il y en a à ne plus savoir quoi en faire. La question est bel et bien : comment mieux répartir cette richesse ?
Je cite La tiers mondialisation (encore, oui...) :
En Allemagne, la part des salaires dans le revenu national a diminué de 10% en moins de quinze ans (NDLR : c'est le cas également en France). Ainsi, cette récente explosion des revenus rentiers réduit les revenus directement tirés du travail à des niveaux bas jamais atteints historiquement.
En France, entre 1981 et 1995, la part des salaires est ainsi passée de 71.8% à 60.3% du PIB. Ca représente un différentiel de 150 Milliards d'euros chaque année. Le Plan B appelle ça "le hold-up du siècle".
Je ne trouverai pas choquant qu'un gouvernement qui prétend "restaurer la valeur travail" prenne des mesures qui tendent à inverser cette tendance :)
Je voudrai aussi revenir sur l'idée qu'"un mec qui part rapport 0".
Entre parenthèses, j'ai remarqué (et je trouve ça assez amusant) que cet argument est souvent avancé par ceux qui utilisent bien volontiers la métaphore débilisante de "la prise d'otage" pour qualifier une grève des transports. Par soucis de cohérence, ils devraient également utiliser cette même rhétorique (tout aussi débilisante), pour qualifier de "chantage" ou de "racket" un discours qui consiste à dire : "faites-moi un cadeau fiscal ou je déménage en Belgique ou en Suisse". Tu n'as utilisé ni l'expression "prise d'otage", ni le mot "racket". Je ne te fais pas de procès d'intention, j'avais juste furieusement envie de parler de la grève des transports, à propos de laquelle je n'ai pas encore eu le temps de faire un billet (mais ça me démange de partager mes sentiments "d'usager du métro" avec le monde entier !). Fin de parenthèse.
Je n'aime pas cette idée, parce qu'elle nous place dans une dynamique de la surenchère qui est sans fin. C'est le fameux "je reste, pour l'instant" de Léone-Noelle Meyer (la veuve de l'ex-PDG des Galeries Lafayette, dont je parlais plus haut) (voir article).
Je n'aime pas cette idée, parce que j'ai le sentiment qu'elle porte en elle la fin de la politique. Un système politique qui n'est pas capable de prendre une mesure contraire aux intérêts d'une grosse fortune, c'est un système politique qui n'a aucun pouvoir. La situation dans laquelle nous nous trouvons découle de choix. Il n'y a rien de "naturel" dans un système politique, quel qu'il soit. Il n'y a aucune règle (politique ou économique) qui soit irrévocable. TINA est un mythe ;)
Tu as raison lorsque tu dis qu'il faut au moins raisonner à l'échelle européenne. A ce propos, je crois qu'il est urgent de se poser un certain nombre de questions au sujet de l'Europe. Je ferai mon prochain billet là-dessus, pour compléter ce commentaire.
Bonjour
Je n'ai pas trop le temps de lire tous les comentaires, qui me semblent intéressants et appeller à d'autres commentaires.
Toutefois, pour en revenir au sujet du billet, deux remarques :
Dans les années 20, Rockfeller (une taupe du Komintern ?) disait que le salaire d'un patron ne devai pas dépasser 40 fois le salaire moyen de ses employés.
Selon Proxinvest, en France un PDG du CAC 40 touche en moyenne 298 smic, c'est-à-dire qu'il gagne plus par jour ouvrable que le salaire annuel d'un ouvrier.
Même si les échelles sont différentes (salaire moyen vs smic), on ne peut nier la béance de l'écart.
(Lire aussi http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/parch/articles/a327990-ils_ne_sont_plus_dans_%C2%ABla_vraie_vie%C2%BB.html)
Zgur
http://zgur.blog.20minutes.fr/
Salut Zgur,
Effectivement, comme le disait le Desdichado "on ne lit pas assez les commentaires" ;)
Comme j'adore faire du neuf avec du vieux, je piocherai dans ces commentaires de quoi alimenter de prochains billets ;)
Merci pour l'article dont tu donnes le lien.
En effet, quand le discours d'un Rockfeller des années 20 passe pour celui d'un "dangereux gauchiste fanatique" d'aujourd'hui, ça donne une idée du chemin idéologique parcouru en moins d'un siècle ;)
Hello,
J'arrive ici en provenance directe de chez Zgur et je suis ravi d'avoir découvert ce blog. "Instantanés ..." est désormais dans mes "marques pages". Je suis certain d'y revenir.
Et pour aller au delà de ces seuls compliments, une remarque : De même qu'un autre monde est possible, selon le slogan consacré, une autre presse est aussi possible. Et le canard encahiné, que tu cites, en est la preuve encore et toujours bien vivante : Pas une pub, des journalistes indépendants, des investigations poussées, une analyse critique ... Las combien sommes nous à l'acheter même, comme moi, irrégulièrement?
@ + ...
http://les-miscellanees-de-krissolo.over-blog.com
A "Gus Said" ...
A propos du protestantisme
Ta vision du protestantisme est tout à fait éronné.
C'est justement la théologie de la "preuve à Dieu qu'on était digne de lui" qui à poussé des gens comme Calvin ou Luther à être expulsé de l'église Catholique.
Le protestantisme (en tout cas celui que ses initiateurs on voulu) est au contraire la justification par la grâce.
Cela part tout d'abord d'un constat (qui à d'ailleurs été fait au travers de plusieurs commentaires de l'article) :
Nul n'est digne de Dieu («Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» Romain 3.23 dans La Bible). La justification alors n'est que le fait de Dieu qui offre à la place de la sanction mérité de prendre sur lui (par le sacrifice de Jésus) la place de l'homme. Le protestantisme c'est enfin de compte croire que rien ne se mérite (contraire à la méritocratie ambiante) car personne n'est méritable, mais le croyant est redevable envers les autres de la grâce qui lui a été faite.
Voilà, juste ce petit commentaire pour replacer les choses.
Super le blog ... continue
gregory, pardonne-moi d'insister... J'avoue, je suis pas un expert en théologie. Je ne connais le protestantisme que sous l'angle du rôle qu'il a eu dans les sociétés anglo-saxonnes du Commonwealth.
Par exemple, le fameux "American Dream" est clairement une illustration d'un principe protestant: n'importe qui, en partant de rien, peut se hisser haut, au mérite. Le darwinisme social, "pensé" en Angleterre, tient du même héritage. Le développement colonial dans le Commonwealth également.
Si ces applications ne sont pas "fidèles" au principe de base du Protestantisme, alors toutes mes excuses. C'est bien à ce dont j'ai parlé précédemment que je faisais référence. Et ça, j'en suis plutôt sûr.
Cordialement.
@ krissolo et gregory
Merci pour vos encouragements ! :)
Il y a un tas de trucs sur lesquels j'aimerai bien revenir :
l'Europe, la refonte du code du travail, les émeutes en banlieues, rajouter une couche ou deux sur le 11 septembre, les OGM, le travail, les retraites, les grèves, la décroissance, et bien d'autres perles du web... Bref un paquet de trucs super réjouissants en perspective.
Mais en ce moment je n'ai pas le temps, misère de misère : travailler plus pour bloguer moins...
En tous cas ne vous éloignez pas trop, je n'ai pas dit mon dernier mot !
Salut Fares,
C'est tout le probleme de M. Le président. Il ventile, il disperse... Et nous ne pouvons suivre.
Une des priorités me semble être "la casse" du code du travail.
Bon courage.
J'essaie de préparer un truc sur la République Bolivarienne et les trois maîtres à penser "qu'il y a derrière", notamment.
"Quand tu ne sais plus où tu vas, rappelle toi d'où tu viens..."
Bon courage. A ++
Le principe protestant est : "Personne n'est digne de Dieu mais tous peuvent s'approcher de lui grâce à Jésus".
Le principe du mérite est donc étranger aux principes fondateurs du protestantisme qui se voulait justement protester contre le salut uniquement par les oeuvres ou en échange de contrepartie pécunières.
Pour en savoir plus sur le protestantisme : http://www.eternite.net/articles.php?id=5
Bon courage ... le droit du travail c'est important oui !
gregory, crois bien que je respecte ton point de vue. Mais, en tant qu'universitaire, j'ai tendance à plutôt faire confiance à l'application concrète de ces principe que j'ai "vus" à l'oeuvre, plutôt que par un site (est-ce le site officiel du protestantisme ?).
Mais finalement, peut-être qu'une connaissance plus approfondie du protestantisme me permettrait d'expliquer en quoi les deux visions ne sont pas mutuellement exclusives (je ne vois que ça pour réunir ce que j'ai observé et ce que tu m'affirmes, et dont je n'ai aucune raison de douter =) ).
Cordialement.
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