dimanche 26 août 2007

De la "Théorie du complot" en guise d'épouvantail de la pensée

On continue à se balader dans le documentaire Manufacturing Consent.

Le passage qui nous intéresse aujourd'hui est un extrait d'une confrontation entre Noam Chomsky et Fritz Bolkestein (mais si vous savez, Bolkestein, l'inventeur du "Plombier Polonais", c'est bien lui avec quelques années de moins).

Le parallèle avec le match de boxe est ridicule, mais cette vidéo vaut le coup d'oeil :



D'abord, ça fait toujours plaisir de voir Bolkestein se faire rentrer dans le lard.

Ensuite, il y a un point intéressant :
The phrase "Conspiracy theory" is something that is constantly brought up, and its effect is simply to discourage institutional analysis.

Traduction :
L'expression "théorie du complot" est une formule qu'on nous ressort régulièrement, et dont l'effet est simplement de décourager l'analyse institutionnelle.


Et c'est vrai. "Théorie du complot" est une expression qu'on ressert à toutes les sauces. Son effet n'est pas de contrer les arguments adverses, mais plutôt de discréditer la conversation elle-même. Pour clore le débat, on disqualifie la discussion en tant que telle. En d'autres termes : l'objet de cette conversation n'est rien d'autre qu'une théorie du complot, donc on perd notre temps.

Cette idée est développée plus longuement par Serge Halimi et Arnaud Rindel, dans un article repris par Acrimed en début de semaine.

Décidément, j'aime bien Serge Halimi ! J'ai mis un extrait audio d'une de ses interventions dans un billet précédent. Il est également l'auteur du livre : Les nouveaux chiens de garde (actualisé en 2005), dans lequel il fait une étude très intéressante sur la télévision et les grands journaux français. Un bon petit bouquin à lire d'urgence.

vendredi 24 août 2007

Créer, c'est résister. Résister, c'est créer.



Les symboles et les valeurs nous appartiennent. Et il appartient à chacun de nous de se les approprier.


Il y a quelques années, treize figures historiques de la Résistance ont lancé un appel à commémorer le 60ème anniversaire du Programme du Conseil National de la Résistance, adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944. Un appel qui n'a reçu qu'un très faible écho médiatique, et que je vous propose de (re)découvrir. Des octogénaires dont l'engagement force le respect. A nous de nous montrer dignes de leur héritage.



Source : http://www.alternatives-images.net


Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.

Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succèderont d'accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :

• Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 :
Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ?
Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

• Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

• Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.

Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :
« Créer, c'est résister. Résister, c'est créer. »

Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.



https://www.youtube.com/watch?v=vrA9zvqXW-I




Pour aller plus loin :


jeudi 23 août 2007

Les gras-gras de Nicolas

Quand Paris-Match taille à la serpe dans les bourrelets de Nicolas Sarkozy, les journalistes de l'Express ne s'en laissent pas conter.

Voir par exemple un article du Monde :
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L'hebdomadaire L'Express, à paraître jeudi 23 août, révèle que Paris-Match, dans son édition du 9 août, a gommé un bourrelet du président de la République, Nicolas Sarkozy, sur une photo prise lors de ses vacances aux Etats-Unis.

Le cliché original, provenant de l'agence Reuters, montre une légère "poignée d'amour" au niveau de la taille du chef de l'Etat, assis dans un canoë avec son fils Louis. En revanche, la photo de Paris-Match illustrant l'article intitulé "L'été américain" met en lumière une silhouette plus avantageuse.

"La position sur le bateau exagérait cette protubérance. En allégeant les ombres, la correction a été exagérée en photogravure", a justifié Paris-Match, interrogé par L'Express.

[...]

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Cliquer pour agrandir


En plus, visiblement ils ont également cédé au diktat du "bronzage parfait", en lui appliquant un filtre auto-bronzant (efficace même sur les rames).



Voilà. Mais comme dirait l'autre : "et alors ?"

Oui, et alors ?

Et alors... On est entrain de parler d'un Président de la République dont il semble de plus en plus évident qu'il va tôt ou tard nous emmener faire la guerre au Moyen-Orient, et pourtant la polémique tourne autour de ses bourrelets de gras sur ses photos de vacances.


Et alors... L'express, qui prétend être un journal sérieux, se retrouve à faire de la concurrence à Paris-Match sur son propre terrain. Et pendant ce temps, que font Gala, Voici, et tout le reste de la presse à scandale ? Hé bien, tout comme Paris-Match, ils arrangent leurs photos "people". Ils amincissent, ils gomment les défauts, ils affinent la silhouette, ils corrigent le regard, ils éliminent les boutons, ils dégomment les bourrelets, ils taillent dans la culotte de cheval, ils estompent les cernes, ils les font bronzer, débronzer et rebronzer à volonté. D'ailleurs les mecs de Paris-Match le diront sûrement : "mais enfin, qu'est ce qu'on nous reproche au juste, puisqu'on fait ça tout le temps !! Le seul pour lequel on ne le fait pas c'est Franck Ribery, c'est trop de boulot, ça nous reviendrait trop cher".

Et alors ?

Et alors, rien.



Cette histoire ne sert à rien. Elle n'a aucun intérêt... si ce n'est de renforcer une idée déjà largement répandue dans l'imaginaire collectif : si, par le jeu de ses relations personnelles, Nicolas Sarkozy bénéficie bel et bien d'appuis solides au sein des médias, en particulier ceux qui souffrent d'une mauvaise réputation (TF1 ou Paris-Match par exemple) ; ne nous alarmons pas : il reste quand même toute une partie de la presse sérieuse qui est vigilante, qui est attentive au moindre détail, qui est critique (hostile même) vis à vis du pouvoir, et qui n'hésitera pas à lui rentrer dedans sans complaisance au moindre faux-pas.
Le vrai tour de force, c'est d'arriver à renforcer cette idée auprès du public, sans mouiller qui que ce soit, et surtout sans remettre en question quoi que ce soit. Ca, c'est vraiment très balaise !


dimanche 19 août 2007

Christine Boutin et le 11 septembre : comment les médias étouffent le débat



Nous sommes à quelques semaines du 6ème anniversaire de cette tragédie qu'ont été les attentats du 11 septembre 2001. J'ai posté plusieurs billets sur le sujet. On a vu que si Ben Laden est bel et bien recherché, ce n'est pas en relation avec les attentats du 11 septembre, pour lesquels il n'est pas inculpé. On a vu également que sur ce point, la position de France 3 était pour le moins ambiguë. On a également vu que le WTC-7 (Salomon Brothers Building) s'était effondré dans des conditions très suspectes.


On verra encore plein d'autres choses sur ce sujet. En vrac : l'effondrement des twin-towers et les nombreux témoignages faisant état d'explosions secondaires, l'absence de réaction du système de défense aérien américain, les enquêtes antérieures bloquées, les diverses omissions de la commission d'enquête, le "crash" sur le pentagone, la création de collectifs de chercheurs universitaires d'étude sur le 11 septembre puis leur interdiction, la thermite, les propos de Larry Silverstein, les délits d'initiés qui ont précédé les attentats, le manque de bol de John O'neil, etc...
Bref, un paquet de trucs intéressants en perspective.


L'an dernier à la même époque, pour le 5ème anniversaire, nous avons été submergés par une vague de "docu-fictions" à la télévision. Pas vraiment documentaires, pas totalement fictifs, il s'agit en quelque sorte de films qui mettent en exergue la douleur des familles, et les comportements héroïques des pompiers. Douleur et héroïsme qui sont sans aucun doute bien réels. Mais le problème, c'est qu'il n'y a que ça.
Ces "docu-fiction" sont des hommages, qui malheureusement ne nous apprennent rien. Ils ne posent aucune question réellement pertinente. Et c'est particulièrement regrettable, lorsqu'on sait qu'au même moment sur Internet on peut trouver plus d'une quinzaine de très bons documentaires sur le sujet.



Le 11 septembre est un sujet qui l'illustre parfaitement : sur certaines questions, les médias ne tentent pas d'enquêter, d'expliquer ou de révéler. Au contraire, leur rôle est de maintenir la chape de plomb. Pour couper court aux discussions, ils n'hésitent pas à pourrir et à miner le débat, parfois de manière assez caricaturale. Les propos de Christine Boutin à propos du 11 septembre, et la manière dont ils ont été traités dans les médias, en sont un bon exemple.


En novembre 2006, Atmoh du collectif Reopen911 et Karl Zéro réalisent une interview de Christine Boutin. Interview au cours de laquelle elle déclare qu'elle estime possible que Bush soit à l'origine des attentats du 11 septembre, en précisant que même si elle n'adhère pas à cette idée, elle s'interroge.

Cette vidéo est ressortie il y a quelques semaines, et dans la bouche d'une personne qui est devenue ministre de la République entre-temps, ça la fout mal. Du moins, c'est une déclaration qui avait le potentiel de faire un max de bruit et d'ouvrir enfin le débat. Il n'en sera rien. Le travail de sape médiatique s'est révélé une fois de plus très efficace.

Je vous propose un article du journal Libération du 7 juillet 2007 :



Extraits :

La très catholique parlementaire emboîte le pas des thèses conspirationnistes développées aux Etats-Unis par les milieux ultra-conservateurs de la droite religieuse, prompts à dénoncer l'omnipotence d'un Etat fédéral accusé d'attenter aux libertés individuelles.
[...]
Militants d'extrême gauche et d'extrême droite se retrouvent au coude à coude avec les islamistes pour dénoncer le complot orchestré par l'administration Bush. D'un même choeur, ils dénoncent l'impérialisme américain et la politique de l'Etat d'Israël. A ce demander ce que Christine Boutin vient faire au milieu de ce petit monde.



Puisque je soutiens le collectif Reopen911 dans sa demande d'ouverture d'une enquête indépendante, je suis moi aussi assimilé à ce que le journal Libération appelle "ce petit monde". Le "petit monde" composé des "conspirationistes ultra-conservateurs de la droite religieuse", mais également des "militants d'extrême gauche" et "d'extrême droite" mélangés aux "islamistes". Il ne manque que Pol Pot, Staline et Hitler pour complêter le tableau, et ça fera ma foi une bien belle photo de famille.


C'est exactement le phénomène que décrivait Noam Chomsky dans un billet précédent :

If people try to enter the system who don't have that point of view, they're likely to be excluded somewhere along the way. [...] So they all work to exclude, marginalize or eliminate dissidenting voices.



En créant un amalgame avec toute la raclure de la terre, Libération interdit de fait tout débat serein. Ils kidnappent le débat pour mieux l'étouffer.


Sur ce sujet, la quasi-totalité des autres journaux ne valent guère mieux. Si j'en veux à Libération en particulier, c'est à cause du positionnement que ce journal prétend incarner dans le paysage médiatique français ("le journal de toute la gauche"). Aujourd'hui, j'ai presque autant de mépris pour ce journal que les journalistes de Libération n'en ont pour leurs lecteurs. En attendant leurs excuses publiques (oui oui, j'attends toujours...), je m'interroge sur l'utilité d'acheter, donc de financer, et donc de soutenir un journal aussi merdique.
Je pense que la manière dont on utilise son argent a de l'importance. Ca ne fait pas tout, mais choisir d'acheter ou choisir de sanctionner en boycottant, c'est déjà agir. En tous cas, il est hors de question que je donne le moindre centime à un journal qui véhicule des amalgames aussi grossiers.

jeudi 16 août 2007

Le roi de la savane n'a qu'à bien se tenir !

Tous les grands artistes vous le diront (Mireille Mathieu en tête) : pour durer, il faut être capable de renouveler son public. J'ai donc naturellement décidé de réorienter ma stratégie de communication sur ce blog, en ciblant un public plus jeune.


J'ai toujours adoré les reportages animaliers. C'est passionnant de voir de quelle manière la nature noue et dénoue de véritables tragédies. Pendant les vacances, j'ai eu de longs débats avec mon neveu de 3 ans pour tenter de déterminer qui du lion, du taureau ou de l'éléphant était le plus fort des animaux. C'est donc à toi que je dédie ce message mon petit bonhomme.

Après mûre réflexion, j'ai enfin la réponse. Le plus fort, c'est... les buffles.


Car l'union fait la force. C'est tellement évident qu'on a parfois tendance à l'oublier.

Cette vidéo est géniale. On y trouve toute la violence et toute la brutalité dont sont capables des animaux sauvages qui luttent pour leur survie. Mais on y trouve également des sentiments plus complexes, comme la terreur, le courage, l'opportunisme, le doute, la lâcheté, la solidarité, la fierté, l'opiniâtreté, la ténacité...

Les acteurs sont des bestiaux, dont on a envie de dire qu'ils sont finalement... tellement humains !!

lundi 13 août 2007

Goumeziane : Tiers mondialisation



Aujourd'hui, tout se passe comme si tous les économistes étaient favorables au processus de mondialisation libérale tel que nous le connaissons, ou du moins n'y trouveraient rien à redire, puisque cette évolution serait naturelle et inéluctable.

C'est évidemment faux. Et c'est d'ailleurs une chose que j'ai du mal à comprendre : pourquoi les forces politiques dites "de gauche" ne parviennent pas à mettre en valeur les travaux d'un certain nombre d'économistes, dont les études et les analyses devraient servir de fondations à l'élaboration de leurs propositions et de leurs discours politiques.


Lorsque les économistes décident de sortir de leur jargon et se donnent la peine d'écrire des bouquins compréhensibles par des êtres humains normalement constitués, on aurait tort de s'en priver. Des livres qui mettent en perspective un certain nombre d'informations et de statistiques, et qui permettent de mieux cerner l'évolution des sociétés. "La tiers mondialisation" de Smaïl Goumeziane fait partie de ceux-là.



Désormais, il n'y aurait qu'un seul monde façonné par une globalisation triomphante et bienfaitrice. Les pays du Sud seraient en phase d'émergence et ceux de l'Est en transition.

S'inscrivant en faux contre cette idéologie ultra libérale, Smaïl Goumeziane retrace l'histoire mouvementée de ces pays et identifie les mécanismes concrets d'une mondialisation qui restructure de fond en comble la planète. Désormais, nous dit l'auteur, un nouveau monde tripolaire se construit avec brutalité. A son sommet, une nouvelle aristocratie mondiale dirige la planète grâce à des fortunes colossales et à la magie de l'informatique, des satellites et des marchés financiers, soutenus en permanence par l'hyper puissance américaine. Face à elle, les autres Etats des pays riches subissent son diktat et reculent devant les forces du marché. Hors de ces deux mondes, la plupart des pays du Sud et de l'Est subissent avec plus ou moins de violence une véritable tiers mondialisation : plus de 5 milliards d'habitants y ont en permanence des conditions de vie et de travail insupportables, sur fond de misère, de revenus dérisoires, de montée en puissance de l'économie informelle, de criminalité et de conflits armés en tous genres. On assiste en fait, selon Smaïl Goumeziane, à une dangereuse dérive économique des continents, dont on ne pourra sortir qu'en s'engageant, à l'initiative des sociétés civiles, dans une autre mondialisation favorisant le développement humain et durable, et l'expansion des libertés pour tous.



Dans un livre sans complaisance, Goumeziane fait une analyse croisée des parcours d'un certain nombre de pays en voie de développement, des différentes stratégies de développement mises en oeuvre, et de leur bilan plus ou moins mitigé.

Il s'intéresse par exemple aux conséquences des taux d'intérêts variables et de la politique monétaire de Ronald Reagan sur les emprunts des pays du tiers-monde. Il met en évidence la situation étonnante dans laquelle se trouvent aujourd'hui certains pays sous-développés, qui ont déjà remboursés trois fois l'intégralité des sommes empruntées, mais qui par le jeu des taux d'intérêts variables et de la variation relative de la valeur des monnaies, ne se trouvent toujours qu'à mi-parcours du remboursement de leurs emprunts.


Mais Goumeziane ne se contente pas d'analyser la situation des pays du tiers-monde. Il analyse également celle des pays développés. C'est à ce chapitre que je m'intéresse dans ce billet, en particulier la sous-partie "Nouveaux riches et nouveaux pauvres". Je donne quelques morceaux choisis, mais l'extrait d'une quinzaine de pages est disponible ici : > EXTRAIT COMPLET <


Désormais, au sommet de la hiérarchie économique mondiale, se trouvent ceux qu'Alain Cotta appelle des intouchables, c'est à dire des êtres qui détiennent des revenus et des fortunes qui leur garantissent une invulnérabilité et une indépendance totale par rapport aux évolutions et autres accidents de l'évolution économique.

[...]

En Allemagne, la part des salaires dans le revenu national a diminué de 10% en moins de quinze ans
(NDLR : c'est le cas également en France). Ainsi, cette récente explosion des revenus rentiers réduit les revenus directement tirés du travail à des niveaux bas jamais atteints historiquement.

[...]

En conséquence, aux Etats-Unis, entre 1979 et 1997, le PIB réel a augmenté de 38%, mais le revenu des familles moyennes ne s'est accru que de 8% quand le revenu des 1% de familles les plus fortunées a fait un bond de 140%, soit plus de 3,5 fois plus vite que le PIB !

[...]


Au cours des seules années 1995-1997, le gain du Dow Jones a augmenté de 60%. Un tel enrichissement ne s'était pas vu depuis 1929. A la veille du krach, l'indice Dow Jones avait grimpé de 281% par rapport à 1924. Aujourd'hui, une telle hausse n'inquiète guère les intouchables. Celle-ci se déroule en période d'inflation réduite. Les rentes et les profits s'accroissent fortement grâce à l'amélioration de la productivité dopée par l'évolution des techniques et par l'écrasement des salaires. Cette évolution doit aussi beaucoup aux importantes ressources engagées sur ces marchés par les investisseurs institutionels, en particulier les fonds de pensions [...] Pis, leur puissance dépasse ces cadres nationaux. En France, en 2003, la capitalisation des entreprises "dites françaises" du CAC 40 (autrement dit des meilleures entreprises cotées) est détenue à 43,9% par les non-résidents.


[...]


Le revenu moyen d'un patron est passé de 42 fois le salaire moyen de son ouvrier en 1980 à 419 fois en 1998, soit un écart multiplié par 10.

[...]

Dans un tel contexte, indique Alain Cotta, "l'entrepreneur (industriel productif) est devant un choix de plus en plus difficile à affronter : espérer un profit de plus en plus aléatoire dans une conjoncture qui risque de se dérober, ou être sûr d'une rentre permettant au capital financier de s'accroître beaucoup plus vite que n'importe quel revenu : en particulier le salaire". Comment un tel entrepreneur pourrait-il choisir d'investir et de résister à la tentation d'une rente assurée, par ailleurs moins sujette aux prélèvements sociaux ?
Comme on le voit, les mouvements de capitaux sont davantage motivés par des perspectives de gains à court terme que par des possibilités d'investissement productif dans l'économie réelle, ou par des considérations de risque et de rendement à moyen et long terme. "Aussi dans le cyberspace (des intouchables), composé de millions d'ordinateurs en réseau, s'accumulent aujourd'hui des risques comparables à ceux de la technologie nucléaire". Or, le but de l'économie n'est pas de favoriser la montée en puissance d'une minorité ni de lui permettre de contrôler les flux de ressources au niveau mondial, mais de produire efficacement davantage de ressources réelles et d'en garantir une distribution équitable.

[...]

Face à cette révolution des élites, et au chantage à la rentabilité des placements qu'elle implique, les Etats des pays développés ont du mal à régir. Beaucoup de gouvernements pensent encore qu'on peut réduire l'intervention des Etats dans la vie économique et obtenir quasi automatiquement un retour de la croissance et de l'emploi par les seules vertus du marché.

[...]

Pour assurer la compétitivité de leurs entreprises nationales, attirer les entreprises étrangères, et assurer le financement de leurs déficits publics, les Etats des pays riches ont du développer le plus grand projet de dérégulation de l'histoire économique. Ouverture des frontières, démonopolisation des activités, déréglementations aérienne et boursière, privatisation des grandes entreprises publiques, restriction des services publics, retrait de l'Etat des activités économiques, réduction de sa politique sociale ont ainsi conduit à une restructuration en profondeur de l'économie mondiale.
Grâce à cela, le commerce mondial est à 60% entre les mains des transnationales, deux tiers des investissements directs dans le monde sont toujours réalisés dans les pays de l'OCDE, et le reste dans une dizaine de pays du Sud et de l'Est. Mais une telle évolution s'est faite dans le cadre d'une concurrence féroce. La mobilité et la liquidité des capitaux y ont certainement gagné, de même que la productivité, mais pas la croissance. Face à un tel processus, les Etats des pays riches, dont le G7 a lui-même reconnu en mars 1995 qu'ils étaient impuissants devant les forces du marché, ont cédé sur quatre fronts : celui de la monnaie nationale face au dollar, au taux de change américain et à son déficit, celui des salaires, celui de la fiscalité, celui du financement des infrastructures.




Il détaille ensuite chacun de ces quatre fronts (déficit américain, salaires, fiscalité et financement des infrastructures) sur 7 pages (p. 119 à 126). Tout est intéressant, je suis incapable d'en sélectionner certaines parties : il faudra tout lire.


Dans un pays où salariés du public et du privé sont trop occupés à se chamailler pour des miettes d'avantages (plus ou moins légitimes), au lieu de se focaliser sur les milliards d'euros d'évasion fiscale dont ils sont victimes, nulle doute que ce bouquin mériterait d'être déclaré d'utilité publique.



vendredi 3 août 2007

L'effondrement du WTC7 le 11 septembre 2001, et le lien avec Enron



Dans un billet précédent, j'ai parlé de la nomination de Robert Zoellick à la tête de la Banque Mondiale. Dans ce même billet, j'ai dit qu'il existait un lien direct entre les attentats du 11 septembre 2001 et l'affaire Enron. Ce lien, c'est l'effondrement du WTC7.


Le WTC7 est l'un des 7 batiments qui composaient le complexe World Trade Center.

A titre de comparaison, le WTC7 était légèrement moins élevé que la Tour Montparnasse (185m de hauteur pour le WTC7, contre 210m pour la Tour Montparnasse), et deux fois et demi plus large (4366m² par étage pour le WTC7, contre 1700m² par étage pour la Tour Montparnasse).

Si tout le monde a encore à l'esprit les images des avions percutant les deux tours (WTC1 et WTC2), relativement de peu de gens ont entendu parlé du WTC7, qui s'est pourtant effondré en une poignée de secondes environ 8h après les deux tours.




Plan du complexe "World Trade Center"




La vidéo suivante est extraite du documentaire "911 Mysteries". C'est un bon point de départ pour aborder la question du WTC7 :


http://www.youtube.com/watch?v=to2iOX4C5f4



Une vidéo qui met en évidence un lien pour le moins troublant entre attentats du 11 septembre et scandale Enron. Jusqu'à présent, les médias n'ont pas jugé utile de mettre la pression pour obtenir des réponses qui permettraient de lever les doutes... ou les lièvres.

D'autant plus que la FEMA (Federal Emergency Management Agency) a émis un rapport en mai 2002 dans lequel elle mentionne :

"The specifics of the fires in WTC 7 and how they caused the building to collapse remain unknown at this time. [...] the best hypothesis has only a low probability of occurrence. Further research, investigation and analyses are needed to resolve this issue."


Ce qui veut dire en somme, que la "meilleure hypothèse" (la seule qu'ils aient étudiée : un incendie) n'a qu'une faible probabilité d'être à l'origine de l'effondrement de cet immeuble. Une enquête plus approfondie est nécessaire pour trouver une explication plus sérieuse.


Fait marquant : le rapport définitif de la Commission d'enquête sur le 11 septembre (9-11 Commission), paru en 2004, ne comporte pas la moindre ligne à propos de l'effondrement du WTC7. La question de l'effondrement d'un immeuble de 47 étages en plein Manhatan le 11 septembre 2001 a été totalement évincée du rapport qui prétendait délivrer un compte rendu le plus fidèle et le plus complet possible à propos de ces attentats. C'est brillant !!

The National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States (also known as the 9-11 Commission), an independent, bipartisan commission created by congressional legislation and the signature of President George W. Bush in late 2002, is chartered to prepare a full and complete account of the circumstances surrounding the September 11, 2001 terrorist attacks


Dans un prochain billet, je reviendrai sur diverses omissions de ce rapport de la Comission d'enquête Kean & Hamilton, autoproclamée "Comission indépendante" (quelle bonne blague !)


C'est l'organisme NIST (National Institute of Standards and Technology) qui a repris en main l'enquête sur l'effondrement du WTC7. Leur rapport a été repoussé à plusieurs reprises. Sauf nouveau report, une version publique est attendue à la fin de l'année 2007.


Presque 6 ans après les faits, il n'y a toujours aucune explication officielle sérieuse quant à l'effondrement du WTC7.




Cette petite vidéo est intéressante également. Au début, à titre indicatif, la Tour Windsor de Madrid, qui a brulé en février 2005. A comparer avec le WTC7, qui s'est effondré le 11 septembre 2001 :



http://www.youtube.com/watch?v=GEPjOi2dQSM




Autres liens intéressants :