vendredi 7 décembre 2007

Aux origines de la "voyoucratie"




Aujourd'hui j'ai reçu un email qui contenait un lien pointant vers une page du site d'Arrêt sur images. J'avais vu passer cette info il y a quelques jours sur le site de Betapolitique. Il s'agit d'une lettre que Rachida Dati avait écrite au journal Jeune Afrique lorsqu'elle avait 17 ans, dans laquelle elle fustigeait une attitude qu'on qualifierait aujourd'hui pudiquement de "décomplexée".

Je cite :

Le résultat est hausse de tension, racisme et même xénophobie envers ces étrangers dont la plupart ne le méritent pas, quelle que soit leur situation. Ces réactions sont fortement ressenties à tous les niveaux et particulièrement dans les endroits publics (écoles, bureaux).

Est-ce la faute de ces étrangers, qui sont venus pendant la prospérité et qui, dorénavant, sont remis en cause quotidiennement ? Alors, je tiens à dire aux Français qui disent aux étrangers : « Si tu n’es pas content, retourne dans ton pays où on crève de faim » qu’ils sont ridicules.

Ils ne s’imaginent pas la crise qui pourrait atteindre "leur" pays avec le départ de "ces bougnoules". Quant au slogan des employeurs, c’est : « Tais-toi ou pars ! »


C'est sidérant de voir à quel reniement elle a du faire face pour accepter d'exercer le rôle qu'elle a aujourd'hui dans ce gouvernement...


Mais comme le disait un vieux briscard (qui en a vu d'autres) en commentant cette lettre : "Bah, on a déjà vu pire comme retournement d'opinion chez les politiques, surtout entre l'adolescence et l'âge adulte ... "


C'est sans doute vrai, mais quand même... En tout cas, son commentaire m'amène au sujet de ce billet. Le "retournement d'opinion".


Les retournements qui m'intéressent le plus sont ceux des médias qui font l'opinion.


Par exemple prenons le formidable concept de "voyoucratie", qui a reçu une publicité considérable ces derniers temps.

C'est bien gentil de confier au patron de la Fnac la responsabilité de superviser un rapport sur le téléchargement d'oeuvres sur internet (voir article), mais encore faut-il donner l'exemple en respectant un minimum la propriété intellectuelle. Le B.A.-BA c'est quand même de citer ses sources !! Il faut rendre à César ce qui appartient à César, que diable !
La "voyoucratie", c'est une idée de "La France Propre" (c). Un concept introduit par Jean-Marie Le Pen lors de son discours du 26 septembre 1999 : lire le discours du FN [1]

Que Nicolas Sarkozy s'approprie la paternité de cette formule sans même citer son mentor, c'est un scandale !!


Un peu plus sérieusement, il est tout à fait clair que nous assistons à un glissement à la fois rhétorique et idéologique que tout le monde feint d'ignorer (ou en tout cas dont on fait semblant de minimiser l'importance), et qui pourtant était tout à fait prévisible : voir l'article que j'avais soumis sur AgoraVox entre les deux tours de la présidentielle. Il y a des fois où l'on préfèrerait s'être planté...

Entre la levée de boucliers médiatique qu'avait provoqué la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002, et la bienveillance des médias à l'égard de Nicolas Sarkozy aujourd'hui, quel prodigieux retournement d'opinion...

---
[1] : Vive le feu !


5 commentaires:

Antony Manuel a dit…

Bah, Sarko et Le Pen c'est pas blanc bonnet et bonnet blanc tout de même !
Non, ce que je constate c'est qu'on fustige toujours autant les petits voyous mais qu'on accueille avec les honneurs (enfin pas les honneurs de tout le monde quand-même) les très grands voyous. Mais quand il s'agit de gros contrats, la real-politik prend toujours le pas sur la morale.
Bref à long terme, la situation géopolitique mondiale, avec tous ses intérêts croisés et ses calculs à cout terme est devenue inextricable : sauve qui peut !

Unknown a dit…

C'est vrai qu'entre Le Pen et Sarko, y'a un monde.

Y'en a un qui pense que l'identité nationale doit être au centre des préoccupations, qu'il faut expulser tout plein d'étrangers, et qu'il faut limiter drastiquement l'immigration... et l'autre qui est borgne.

Anonyme a dit…

@ Marc :

je crois que l'erreur qui a été faite, et qui continue à être faite assez largement, c'est de considérer que l'extrême droite est une question de personnes plutôt qu'une question d'idées.

L'extrême droite, ce n'est pas Le Pen. Le Pen véhicule un certain nombre d'idées d'extrême droite.

C'est là tout le problème qu'il y a à utiliser Jean-Marie Le Pen pour personnifier l'extrême droite : si l'extrême droite C'EST Le Pen, alors rien de ce que pourront dire ou faire les autres ne sera assimilable à une politique d'extrême droite. En particulier, si l'extrême droite C'EST Le Pen, rien de ce que fera Sarkozy ne pourra être considéré comme une politique d'extrême droite. Et si le "nettoyage au Karcher" répond à "la France propre" ? Et si "tu l'aimes ou tu la quittes" répond à "tu l'aimes ou tu la quittes" ? Et si la "voyoucratie" parle à la "voyoucratie" ?

Par certains aspects, la politique de Nicolas Sarkozy est bel et bien d'extrême droite.
Je crois que la différence majeure entre les deux se situe au niveau de la notion de "préférence nationale" de Jean-Marie LePen, qui me semble contradictoire avec l'arrivée dans le code du travail de la directive Bolkestein sur les "salariés indépendants" (salariés indépendants étrangers qui seront employés en France aux mêmes conditions que dans leur pays d'origine). Mais je reviendrai là-dessus dans le billet à venir sur la réforme du code du travail.

Anonyme a dit…

Pfff, il est mort, ce blog. Enterré.
Plus rien.
Alors même que, hier, des détenus français de Guantanamo, qu'on n'était pas allé chercher où qu'ils se trouvent et quoi qu'ils aient fait, ont été condamné en France pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Et où j'apprends ça ? Sur le Souk ? non, dans métro.
Tout fout le camp, mon pov'monsieur.

Anonyme a dit…

Pfff, quelle hyène ce Desdichado... Je ne suis même pas encore mort, qu'il est déjà entrain de me dépecer pour me bouffer les entrailles :)

En ce qui concerne l'actualité, en général j'ai toujours un train de retard. Et a priori ça ne devrait pas changer.

A propos du fameux "où ils se trouvent et quoi qu'ils aient fait", j'ai vu passer ce truc là.

Notre chanoine d'honneur qui dépêcherait Carla Bruni pour aller libérer un prisonnier Français détenu en terre-sainte, quelle rigolade ;)


Allez, c'est décidé, je ressuscite ce blog à partir de ce week-end !!