lundi 15 octobre 2007

Iran : des bruits de bottes, et un triste goût de déjà vu


L'Iran est le 4ème producteur de pétrole du monde (2ème exportateur de l'OPEP). Il est également la 2ème réserve de pétrole brut du monde, avec 133 milliards de barils.
En terme de gaz naturel, les iraniens ne sont pas mal lotis non plus, puisqu'ils ont la deuxième plus grande réserve au monde, derrière la Russie. (source : wikipedia)


Voilà. J'ai dit l'essentiel. Je pourrais presque m'arrêter là. Mais on va continuer encore un peu.




Comme l'a dit Brzezinski (voir billet précédent), la politique américaine a ("involontairement" ?) eu pour effet d'attribuer à Ahmadinejad un degré d'influence que sa position ne justifie pas.






Depuis plusieurs mois (depuis grossomodo 2 ans en fait), on a en effet pu remarquer une escalade des menaces contre l'Iran, qui sont autant de violations patentes de la Charte des Nations Unies, comme le rappelle Noam Chomsky :






Une escalade des menaces qui s'est également accompagnée d'une campagne de désinformation particulièrement "dégueulasse" (pour reprendre un terme à la mode en ce moment).


Comme disait mon prof de droit citant Beaumarchais :

Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose


Calomnies, intox, et fausses vérités. Je n'en citerai que deux :
  • L'obligation en Iran de porter des signes religieux discriminatoires pour les non-musulmans : "les juifs devront coudre un emblème jaune sur leurs vêtements, les chrétiens un rouge et les zoroastriens un bleu". (Voir article)
  • Le très fameux : "Israël doit être rayé de la carte". (Voir article)




Aujourd'hui la situation semble extrêmement tendue.
Comme l'indique un article publié sur Radio-Canada qui reprend les infos du Canard enchaîné, la menace de guerre semble se faire de plus en plus précise. Le raid militaire israélien contre la Syrie du 6 septembre dernier pourrait être une répétition générale de l'offensive qui se prépare contre l'Iran.



Pourtant l'Iran s'est mis en conformité avec l'AEIA, et les autorités iraniennes ne semblent pas montrer l'attitude belliqueuse que les néo-conservateurs voudraient bien leur prêter. L'Iran a également fait visiter ses installations nucléaires aux pays non-alignés.


Rappelons également l'interview d'Ahmadinejad par CBS (par l'intermédiaire de Scott Pelley) le 20 septembre dernier, dans laquelle il rappelle que son pays n'a aucune velléïté de guerre :






Pour en revenir à l'essentiel (et donc au pétrole), rappelons également les propos d'Alan Greenspan (Président de la Banque Centrale des Etats-Unis d'août 1987 à janvier 2006), qui reconnaît que la dernière guerre d'Irak était avant tout liée au pétrole (voir article). C'est également ce que laisse entendre Henry Kissinger à propos de la potentielle future guerre d'Iran (voir article) :

An Iran that practices subversion and seeks regional hegemony -- which appears to be the current trend -- must be faced with lines it will not be permitted to cross. The industrial nations cannot accept radical forces dominating a region on which their economies depend, and the acquisition of nuclear weapons by Iran is incompatible with international security.



Voilà qui fait écho à ce que le même Henry Kissinger avait déjà déclaré auparavant :

Oil is much too important a commodity to be left in the hands of the Arabs.






Les points de comparaison avec la situation fin-2002/début-2003 (qui a précédé l'invasion de l'Irak) sont nombreux. Je vois toutefois deux différences majeures.


La première, c'est qu'une partie de l'opinion américaine n'est plus dupe, et n'est pas prête à se laisser rouler dans la farine une nouvelle fois de la même manière qu'il y a 5 ans.
Voir par exemple l'intervention du Sénateur Byrd.
Le déclenchement d'une nouvelle guerre contre l'Iran pourrait également donner un coup de boost aux mouvements citoyens aux Etats-Unis qui réclament le lancement d'une procédure de destitution à l'encontre du tandem Bush/Cheney.


Mais la deuxième différence majeure, qui nous concerne plus directement, c'est l'élection de Nicolas Sarkozy en France, et sa politique extérieure de ralliement inconditionnel aux néoconservateurs américains (voir billet précédent).
Dans cet article on prend cher, et malheureusement c'est mérité.

Aujourd'hui on est loin, très loin... on est à des années lumières du discours de Dominique de Villepin devant le Conseil de Sécurité de l'ONU le 14 février 2003.

Aujourd'hui, c'est Nicolas Sarkozy qui joue le rôle du petit nerveux de service avec son "je ne transigerai pas" (voir article), tandis que Vladimir Poutine adopte le ton mesuré qui était celui de la France il y a 5 ans (voir article).

Comment est-on tombé si bas ?





Edit (Décembre 2007)

Voir cet article sur le rapport des agences de renseignements :

Nous estimons qu’à l’automne 2003 Téhéran a arrêté son programme militaire nucléaire.



4 commentaires:

Anonyme a dit…

Une synthèse particulièrement intéressante ! Je reviendrai étudier tout ça.
Ce que je peux dire, c'est que mon pote franco-iranien, qui a refait un petit voyage à Téhéran il y a un an m'a dit que la vision qu'on a ici de l'Iran n'a rien à voir avec l'ambiance qui règne là-bas. Les gens de la rue y sont plutôt cool, et les déclarations d'Ahmadinejad ne passionent guère les gens.
Les gens là-bas n'ont pas la mentalité plus guerrière qu'ailleurs Par contre pour beaucoup, les diktats occidentaux concernant le nucléaire sont vécus comme une humiliation nationale.

Anonyme a dit…

Tout ça est très bien, mais les sondages montrent que la majorité des Américains (environ 55%) approuveraient des bombardements contre l'Iran.
Ils SONT donc dupes.
Les démocrates ont voté en masse l'amendement Kyl-Lieberman. Donc eux aussi sont dupes, ou plutôt, ils sont complices.

J'ai envoyé un email au Canard pour leur dire que l'expression "rayer de la carte" était fausse. Et pourtant, je n'ai pas encore vu de correction où que ce soit. Peut-être qu'on devrait s'organiser ?

Anonyme a dit…

Difficile de juger d'ici. Mais j'ai quand même du mal à croire un sondage qui indique que 55% des américains sont favorables à une guerre contre l'Iran. Comme j'ai du mal à croire à un sondage qui donne "Sarkozy aussi populaire que De Gaulle" ( http://animapersa.canalblog.com/archives/2007/07/22/5687195.html ), un sondage qui indique que "65% des Francais ne sont pas choqués" par le trafic d'influence de Bolloré ( http://souk-fares.blogspot.com/2007/05/retour-sur-lescapade-maltaise-de.html ), ou encore que "56% des Français approuvent l'amendement ADN" ( http://eldesdichado.typepad.com/le_blog_citoyen_de_luc/2007/10/dimanche-matin-.html#comment-86573158 )

A un moment il faut arrêter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Sur fond de crise socio-économique majeure :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1202
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1378
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1409

et alors que la contestation semble prendre de l'ampleur aux Etats-Unis :
http://www.impeachbush.org/site/News2/971595813?page=NewsArticle&id=5233&news_iv_ctrl=1041
http://www.impeachbush.org/site/News2/971595813?page=NewsArticle&id=5235&news_iv_ctrl=1041
http://www.impeachbush.org/site/News2/971595813?page=NewsArticle&id=5237&news_iv_ctrl=1041

un coup de force de l'administration Bush pour déclencher une guerre en Iran risque de créer un cocktail détonnant aux Etats-Unis...

Anonyme a dit…

Ok moi y'en a boulet, les liens sont illisibles.

Je les redonne :

Sondages :
Sarkozy aussi populaire que De Gaulle : ici
Bolloré : ici
ADN : ici


Crise socio-économique : 1er
Crise socio-économique : 2eme
Crise socio-économique : 3eme


Bush destitution : 1er
Bush destitution : 2eme
Bush destitution : 3eme