vendredi 6 février 2015

Dis Charlie, c'est quoi la différence entre un bon djihadiste et un mauvais djihadiste ?



Je voudrais revenir sur le coté ambigu de la formule "Je suis Charlie".

Je me suis amusé à poser la question autour de moi : "Qu'est ce que la formule << Je suis Charlie >> signifie pour toi ?"


A l'exception notable d'un ancien collègue, qui m'a fait cette réponse cinglante par email :
"Je suis Charlie", ça veut dire "je suis un con lobotomisé par le système jusqu'à la moëlle" (à mon humble avis).
(Je développe plus tard)


En général, les personnes à qui j'ai posé la question m'ont plutôt fait l'une ou l'autre (ou parfois les deux) réponse(s) suivante(s) :
1) "Je suis Charlie" pour défendre la liberté d'expression
2) "Je suis Charlie" parce que je ne suis pas d'accord pour qu'on tue des gens à cause de leurs idées

Je trouve que ces deux réponses ne sont pas plus convaincantes l'une que l'autre.


1) Même si c'est quelque chose qu'on a entendu en boucle sur les télés et les radios, il est faux de dire :
Je suis pour la liberté d'expression <=> "Je suis Charlie" et je fais de la pub pour Charlie Hebdo.

Cette équivalence est même doublement fausse (les deux implications sont fausses) :
  • Il existe des fans de Charlie Hebdo qui sont contre la liberté d'expression.
  • Il existe des gens qui sont pour la liberté d'expression et qui sont très critiques vis à vis de la ligne éditoriale de Charlie Hebdo (c'est mon cas, je l'ai clairement expliqué dans cet article).

2) Moi aussi je suis évidemment contre le fait qu'on assassine des gens. Mais ce n'est pas du tout ce que dit la formule ambigüe "Je suis Charlie".


J'insiste sur le coté ambigu de cette formule : chacun peut y plaquer la signification qu'il veut. Pour moi, "Je suis Charlie" signifie : "Je ne fais qu'un avec Charlie". En d'autres termes : "Je partage totalement et sans réserve la ligne éditoriale de Charlie Hebdo". J'essaie de me raisonner, en me disant que les millions de personnes qui ont repris ce slogan à leur compte ne l'entendent pas nécessairement comme ça, ou même parfois ignorent ce que cela pourrait signifier. Si tous ceux qui ont dit "Je suis Charlie" étaient réellement Charlie et pensaient réellement Charlie, je trouve que la situation serait terrifiante. A nouveau, pour ceux qui ne l'ont pas lu,  je vous renvoie vers mon article précédent.



Qu’est ce que la formule "Je suis Charlie" signifie comme position vis à vis d’une politique extraordinairement hypocrite qui consiste d’une part à décréter un deuil national lorsque des journalistes sont assassinés en France, tout en continuant par ailleurs à entrainer et à armer des groupes fondamentalistes religieux dans le but de renverser un régime qui refuse de traiter avec nos multinationales chéries (dont certaines d'entre-elles, comme par exemple Total, ne paient d'ailleurs aucun impôt sur les sociétés en France) ?
Pourquoi est ce que Charlie Hebdo (qui est un hebdomadaire qui a défendu toutes les guerres de l'OTAN depuis 20 ans : cf article), ou plein d’autres journaux (comme l’Express par exemple, qui a publié un dossier de 20 pages sur le "djihadisme international" dans son numéro du 21 janvier dernier), ne jugent pas utile de nous communiquer clairement ce genre d’informations : http://www.upr.fr/actualite/monde/terrorisme-labominable-double-jeu-des-etats-unis ?

A l'heure ou François Hollande fait un bond fulgurant de 21 points dans les sondages d'opinions favorables (article LeFigaro), il me parait intéressant de revenir un peu plus en détail sur ce fameux numéro spécial du journal l'Express du 21 janvier, titré "L'internationale DJIHADISTE". Sur la couverture on peut également lire : "Le double jeu des amis de l'Occident", "Les failles du renseignement", et "L'hypocrisie des politiques français". Avec une couverture pareille, ceux qui :
  • connaissent les propos de Laurent Fabius (Ministre des Affaires Etrangères en exercice) qui déclarait en décembre 2012 que l'organisation terroriste Al-Nosra "fait du bon boulot sur le terrain" en Syrie
  • savent que François Hollande a reconnu que la France a livré illégalement des armes à la très floue "opposition Syrienne", en violation des règles du droit international
  • sont au courant que le 15 janvier dernier (donc 8 jours APRES l'attentat contre Charlie Hebdo, 4 jours APRES la grande marche du 11 janvier, et 6 jours AVANT la publication de ce numéro de l'Express), le Pentagone a annoncé l'envoi de 400 nouveaux militaires pour "former les rebelles syriens", en partenariat avec nos grands potes de Turquie, du Qatar et d'Arabie Saoudite

... se disent : bah dis donc, il va être drôlement intéressant ce numéro de l'Express, ça va envoyer du bois !!!



Je vous laisse en juger par vous-même...



J'ai eu un premier haut-le-coeur lorsque j'ai constaté que le journal commence (après 7 pages de pub, quand même...) par un édito insipide et totalement dénué d'intérêt de Christophe Barbier, qui nous explique sans rire que "François Hollande a été élu président de la République le 11 janvier 2015 par 5 millions de piétons" (!!!)

Mais je me suis ressaisi, et j'ai lu assidûment le dossier sur le "Djihadisme international", qui court sur 24 pages (dont 4 de pub).
On y apprend par exemple que "La Turquie, le Qatar ou l'Arabie Saoudite ont cultivé ou cultivent encore un rapport ambigu avec l'islam radical". On y apprend que "Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Ankara, qui veut faire tomber Bachar el-Assad, est accusé de fermer les yeux face au passage sur son territoire, en sus des armes et de toutes sortes de contrebande, des centaines de jeunes djihadites européens". La Turquie, qui veut faire tomber Bachar el-Assad (n'est-ce pas également le cas de la France ?), est soupçonnée "d'avoir livré des armes à certains groupes rebelles islamistes syriens - ce que le gouvernement nie". 
Donc si je comprends bien le point de vue développé dans l'Express : la Turquie est soupçonnée d'avoir livré des armes à des groupes rebelles islamistes syriens, mais pas la France. Les lecteurs de l'Express qui ignoraient les déclarations de Laurent Fabius (chantant les louanges du Front Al-Nosra) et de François Hollande (reconnaissant avoir fait livrer des armes à "l'opposition syrienne") resteront ignorants.
En lisant ce dossier de l'Express, on apprend que nos alliés du Moyen-Orient ont certes un peu joué au con en étant très tolérants vis à vis du financement de groupes fondamentalistes en Syrie, mais que ça c'était avant. Maintenant ils ont compris que c'était mal. C'est du moins ce que je comprends par : "Avec retard, la monarchie semble avoir compris qu'elle nourrissait de futurs ennemis, qui accusent la famille Al-Saoud vieillissante d'être vendue aux Etats-Unis : inquiète du départ de ses jeunes, elle a ainsi criminalisé ses organisations djihadistes, comme Daech ou le Front Al-Nosra, le bras armé d'Al-Qaeda en Syrie, au printemps dernier (les Emirats arabes unis ont fait de même)".

La mise en page, qui met bien en évidence de la citation de Maurice Leroy (président du groupe d'amitié France-Qatar, disant : "La CIA et nos services secrets auraient déjà sorti des choses, s'il y en avait"), en grosses lettres rouges, nous signale que la messe est dite : circulez, il n'y a rien à voir. Il ne sera fait aucune réelle analyse de la politique Française dans ce dossier de l'Express. La question centrale de la participation (illégale au regard du droit international) des Etats-Unis ou de la France dans l'armement et l'entrainement de milices armées qui mettent la Syrie à feu et à sang depuis plus de 2 ans ne sera pas abordée. Exit toute réflexion au sujet de cette politique illégale et criminelle, et de ses conséquences désastreuses à la fois sur le plan national et sur le plan international.
On aurait raisonnablement pu attendre, de la part d'un journal sérieux qui réaliserait un dossier de 20 pages traitant de la question du "Djihadisme international" (en particulier lorsqu'il prétend dénoncer "l'hypocrisie des politiques français" sur sa couverture), qu'il abordre sérieusement la question de la possible future traduction en justice devant la Cour Pénale Internationale (CPI) de messieurs Laurent Fabius et François Hollande (entre autres), afin qu'ils y répondent des accusations de crime d'agression à l'égard de la Syrie. Mais on est à des années lumières de ça avec l'Express.

Le dernier article du dossier de l'Express met en valeur le "Philosophe" Abdennour Bidar, qui "refuse tous les amalgames". Mais qui pourtant nous dit (et là encore c'est bien mis en évidence en grosses lettres rouges) : "Nos concitoyens musulmans doivent passer du réflexe de l'autodéfense à la responsabilité de l'autocritique". Ah bon, seulement nos concitoyens musulmans ?


Vous pouvez trouver l'intégralité du dossier de l'Express ici.
A comparer avec l'article de l'UPR.


Comment peut-on ne pas voir, avec cette histoire de Charlie / djihadisme international, une illustration flagrante du phénomène qu'analysait Noam Chomsky dans le documentaire Manufacturing Consent, et que je mettais en évidence dans ce billet ?
C'est frappant de constater à quel point les analyses et les conclusions de ces travaux, anciens de 25 à 30 ans, semblent s'appliquer tout à fait à la situation qui est la notre aujourd'hui :

La raison pour laquelle ces atrocités continuent, c'est parce que personne n'est au courant. Si les gens étaient au courant, il y aurait des manifestations et des pressions pour y mettre un terme. Par conséquent, en supprimant les faits, les médias jouent un rôle majeur.
[...]
Ce sont des choses à garder en tête. Ce ne sont pas des jeux d'esprit : on n'est pas entrain d'analyser les médias sur la planète Mars, ou au XVIIIème siècle, ou un truc dans le genre. On est entrain de parler de vrais être humains qui souffrent, meurent, sont torturés et crèvent de faim à cause de politiques auxquelles nous sommes mêlés. Nous, en tant que citoyens de sociétés démocratiques, sommes directement responsables des politiques qui sont menées en notre nom. Les médias quant à eux s'assurent que nous n'assumions pas ces responsabilités. Ils font en sorte de servir les intérêts du pouvoir. Pas les intérêts des gens qui souffrent, et même pas non plus les intérêts des citoyens américains (ndlr ou français), qui seraient horrifiés d'apprendre qu'ils ont du sang sur les mains à cause de la manière dont ils se laissent duper et manipuler par ce système.



"Je suis Charlie" ?   Sérieusement ?

Si demain, Jean-Marie et/ou Marine Lepen, Laurent Fabius, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Dieudonné M’bala, ou des journalistes de l’Express étaient assassinés par des meurtriers, diriez-vous tour à tour : "Je suis Lepen", "Je suis Fabius", "Je suis Sarkozy", "Je suis Hollande", "Je suis Dieudonné" ou "Je suis l’Express" ?
Moi non. Je ne suis aucun de ceux là. Je suis Français, et j’en ai assez que les élus qui prétendent me représenter et que les médias qui prétendent m’informer me prennent pour un con, en essayant de faire de moi un complice de cette politique.

Je suis sûr que nous sommes potentiellement des millions dans ce cas.

6 commentaires:

Luc a dit…

Je pourrais commenter en me contentant de dire « je ne peux pas te laisser dire ça ». Ce à quoi tu me répondrais « je n’ai rien dit, j’ai écrit ». Alors je suis dans l’obligation de te répondre moi aussi par écrit.
Bien entendu, il y a plusieurs éléments dans ton texte, probablement la majorité, où je suis d’accord avec toi. Je soutiens complétement ton analyse sur l’hypocrisie française en particulier et occidentale en général, c’est-à-dire toute la deuxième partie de ton texte
Pour autant, je vois au moins 4 grosses faiblesses dans le texte.
Premièrement, ton texte arrive trop tôt, ou n’est pas assez introduit. Tu sais comme moi, et même mieux puisque tu as plus réfléchi que moi sur le sujet, que la rapidité médiatique est parfois antagoniste avec la nécessité d’une analyse poussée. Or, excuse-moi, mais je trouve que tu es tombé dans le « piège » tête baissée. Il est très difficile aujourd’hui encore de critiquer aussi durement Charlie Hebdo sans tenir compte du contexte, et sans tenir compte du statut éminemment incontestable de « victime » des personnes assassinées PARCE QUE journalistes ou dessinateurs à Charlie Hebdo. Que tu aies senti « de toute première instance » (pour reprendre Léo Ferré) de rouvrir ton blog à l’occasion de cet évènement, je le comprends. Choisir de consacrer un aussi long billet aux limites de la formule, c’est accorder une importance suspecte à cet épiphénomène.
Ensuite, je pense que tu donnes trop d’importance à la formule « je suis Charlie ». Tout d’abord, cette formule est un slogan. Je crois même qu’elle a été « inventée » sur Twitter par une personne du monde de la com’. Je ne pense pas qu’il faille lui donner plus d’importance qu’à un slogan, et on ne fait pas de la politique uniquement avec des slogans. Laissons la formule au même niveau que « ensemble, tout devient possible », ou « la France doit sortir de l’Union Européenne », ou « l’Internationale sera le genre humain ». Tout cela, c’est au mieux un oriflamme, qu’on peut utiliser ponctuellement pour rassembler des gens. Ni plus, ni moins. Vouloir analyser trop longuement une formule aussi simpliste, périssable, et générée principalement par l’émotion (j’y reviendrai, sur l’émotion), c’est forcément faire une erreur. Il est vrai que des psychanalystes ou des sociologues se prennent parfois au jeu de « faire parler » des paroles ou des bouts de phrases au-delà du raisonnable : « alors le fait d’appeler ça génération X, ça renvoie au féminin, c’est porteur de toute une génération », ou bien « ah, vous avez dit bonsoir alors qu’il n’est que 15h, c’est significatif d’un état d’esprit ». Les exemples sont inventés, mais tu comprends le propos : l’analyse sémantique ne doit pas s’exempter d’une certaine rigueur. A minima, il convient comme je le dit en début de paragraphe de comprendre d’où vient la formule, qui la popularisée, qui l’a utilisée, avant de vouloir en faire une analyse littérale.

Luc a dit…

Troisième point, et pour moi le plus gênant : tu écris, je cite « Pour moi, "Je suis Charlie"
signifie : "Je ne fais qu'un avec Charlie En d'autres termes :"Je partage totalement et sans réserve la ligne éditoriale de Charlie Hebdo"." ». Cette phrase est très grave, pour 2 raisons : premièrement parce qu’elle consiste à prêter une intention indistincte à tous ceux qui se sont plus ou moins approprié la phrase « je suis Charlie », et donc à faire dire quelque chose qu’il n’a pas dit à un contradicteur imaginaire pour mieux démonter ses propos. C’est une utilisation rhétorique particulièrement malsaine et que je retrouve malheureusement trop souvent dans la presse d’opinion. Deuxièmement et plus grave, cette équation que tu formules révèle un absolutisme et un excès qui m’ont un peu abasourdi. Déjà, sur le fond, il est heureux que l’on puisse introduire des nuances à tout propos. Si tu dis « je suis républicain », je ne vais pas t’accuser d’avoir dit « je partage totalement et sans réserve les actions menées au nom de la République française ». Ce n’est évidemment pas la même chose, et tu le sais. Plus fondamentalement, tu laisses même penser que l’on peut « partager totalement et sans réserve » un propos ou une ligne éditoriale. Mais tu sais bien que c’est impossible, sauf à être fondamentaliste. Quand est-ce que tu as partagé « totalement et sans réserve » la ligne éditoriale, ou même le livre, de quelqu’un ? Pour ma part jamais (ou alors des œuvres de fiction : je partage totalement et sans réserve la ligne éditoriale de Charles Baudelaire dans les Fleurs du Mal ;-). Il est impossible, lorsque l’on parle d’idées ou même d’action humaine, d’être dans cette situation. Moi-même, je ne suis généralement pas en mesure de partager totalement et sans réserve mon propre avis. Ce qui ne veut pas dire que je ne les assume pas, ou que je n’en assume pas les conséquences, mais c’est un autre débat, et ces conséquence n’iront de toutes façons probablement jamais jusqu’à faire de moi la cible d’un assassinat.
Quatrième et dernier point, très rapidement, tu ne tiens pas compte de l’émotion. Or, c’est important l’émotion. Elle ne doit pas tenir lieu de politique, elle ne doit pas justifier des lois ou des comportements d’exception, elle ne doit pas légitimer la violence. Mais on doit en tenir compte. Oui, on a le droit de pleurer même pour la mort de gens que l’on appréciait pas, oui, on peut avoir envie d’écouter plus longtemps le discours d’une personne juste parce qu’on la trouve jolie, oui, on peut être ému par un argument s’adressant à l’émotion plus qu’à la raison, oui, on a le droit d’être content parce qu’une équipe de foot à marquer un but important à la dernière minute. Donc, oui, on a le droit de dire ou d’écrire « je suis Charlie », de manière un peu bête, un peu maladroite, un peu inconséquente, juste parce que l’on est triste de voir des personnes tuées seulement pour des dessins, et sans que quelqu’un vienne nous analyser le cerveau avec le seul filtre de la raison. Je pense que ton propos sera justifié lorsque, dans quelques semaines ou mois, des personnes (politiques en particulier) nous refilerons des discours et des lois malsains en s’appuyant sur un prétendu « esprit Charlie ». Mais ton propos n’est pas justifié pour les quelques millions de personnes qui ont repris ce slogan comme une manifestation de leur émotion et de leur solidarité.

Voilà pourquoi, sur toute la première partie e ton texte, je trouve que tu mènes une démonstration spécieuse (involontairement j’en suis sûr), et trop peu nuancée.
Au plaisir d’en reparler.

Yves-Andé a dit…

Dieudonné dans le même panier que Sarkollande ou comment ruiner une conclusion !
@Luc C'est justement l'émotion qui sert de terreau aux mesures iniques (pour dire le moins). Cf 1984, La statégie du choc, et ce passionnant article : http://www.scriptoblog.com/index.php/archives/billets-d-auteurs/40-geopolitique4/1546-le-spectacle-de-la-manipulation-fetichiste-des-attentats-par-francis-cousin

Fares a dit…

@Luc : je vais répondre aux 4 points.

1) Non, mon message n'est pas arrivé trop tôt. Je ne me suis pas réveillé un matin de janvier en me disant : tiens, tout le monde autour de moi dit "je suis Charlie", je vais dire l'inverse juste par esprit de contradiction.
C'est un sujet auquel je réfléchis depuis plusieurs années.
Cela fait plus de 2 ans que je répète à qui veut bien l'entendre que j'estime que François Hollande et Laurent Fabius devraient être traduits devant la Cour Pénale Internationale pour y répondre de la politique criminelle qu'ils mènent à l'encontre de la Syrie.
Cela fait plus de 8 ans que j'ai publié mon premier article au sujet de Charlie Hebdo (http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/charlie-hebdo-les-caricatures-et-21499).
Au cours des dernières années, j'au eu l'ocasion de suivre le "débat" qui a opposé Charlie Hebdo à "une certaine gauche" comme tu dis.
Tu peux être en désaccord avec moi, mais tu peux difficilement me reprocher mon manque d'analyse ou le fait d'etre "tombé tête baissée dans le piège".

2) Si je déteste autant cette formule, c'est parce que je trouve qu'elle est tristement emblématique d'un manque criant de conscience politique, d'une insuffisance de recul et reflexion, et d'une naïveté terrifiante. C'est le symbole même du citoyen qui se laisse berner, et dont la naïveté assure la pérennité d'une politique criminelle menée en son nom. C'est pour ça que j'ai une nouvelle fois mis l'extrait vidéo de Chomsky : "... not even the needs of the american people, who would be horrified if they realize the blood that is stripping from their hands because of the way they are allowing themselves to be deluded and manipulated".

3) Le fait d'insister sur "Je suis Charlie = Je ne fais qu'un avec Charlie Hebdo" vise justement à montrer l'absurdité de cette formule. A aucun moment tu dis "je suis" en parlant de quelqu'un d'autre que toi, même s'il s'agit d'une personne pour laquelle tu as énormément de sympathie. C'est une formule complètement débile... et aussi un peu ambigüe :)
Je n'aurais rien trouvé à redire si les gens avaient adopté des slogans clairs, et je les aurais certainement relayés moi même. Par exemple : "Halte au carnage". "Non à la guerre". "Tu ne tueras point". "Marre de ces connards de bougnoules"... Ah non, ça on me signale que c'est interdit. En revanche, "Je suis Charlie", ça c'est permis, et c'est même très fortement encouragé : "c'est justement ceux qui ne sont pas Charlie qu'il faut traiter, intégrer ou réintégrer", comme le disait si bien la responsable du service politique de France2.

4) Les émotions comme la tristesse et la peur sont des leviers que des hommes politiques et des journalistes sans scrupules n'hésitent pas à actionner pour arriver à leurs fins. Peut être est-ce toi qui es tombé tête baissée dans le piège ?

Fares a dit…

@Yves-André : Dieudonné a parfaitement sa place dans cette liste. Certes pas aux cotés de Nicolas Sarkoy et de François Hollande, mais en revanche il est en très bonne compagnie avec Marine LePen.
Il incarne avec elle l'opposition contrôlée.
J'aurais pu y ajouter Alain Soral pour leur tenir compagnie, mais c'eût été accorder un peu trop d'importance à cette bande de guignols.

Fares a dit…

@Yves-André : en passant, je n'aime pas du tout l'article que tu mentionnes. Il passe du coq à l'âne sans aucune transition, aucune source n'est donnée...


"L'Assassinat des 7 moines de Notre-Dame de Tibhirine dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 par le GIA des services secrets algériens aux fins d’intoxiquer l'opinion nationale et internationale pour que Paris continue à soutenir Alger dans la lutte contre le terrorisme que la classe capitaliste algérienne déliquescente avait elle-même ordonnancée pour tenter de discréditer la contestation qui s’étendait contre elle est irrécusable…Il s’agissait là dans le nébuleux, le dérobé et le double-jeu d’obtenir ainsi et tout simplement la reconnaissance complice de toutes les capitales qui escomptaient d’abord et avant tout une sage exploitation gazo-pétrolière calmement poursuivie…"

Heuuu, pardon ?


A l'heure du big data, je trouve cet article très artisanal. A ta place, je m'orienterai plutôt vers les méthodes de synthèse automatique de texte. En partant de cette page et de tous les liens qu'elle contient ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d'attentats_meurtriers ), je te recommande vivement d'entrainer un réseau de neurones récurrent pour faire de la synthèse de texte ( http://karpathy.github.io/2015/05/21/rnn-effectiveness/ ).

A la fin tu colles ta conclusion : "Plus que jamais, il est temps d’en finir avec toutes les mystifications et tous les malheurs historiques de l’aliénation gouvernementaliste afin de commencer à pressentir la possibilité de situations humaines authentiques, c’est à dire aux antipodes cosmiques des aplatissements et déliquescences de l’argent et de l’Etat…", et le tour est joué.